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L'invention du geste amoureux

Anthropologie de la séduction dans les arts visuels de l’Antiquité à nos jours

de Valérie Boudier (Éditeur de volume) Giovanni Careri (Éditeur de volume) Elinor Myara Kelif (Éditeur de volume)
©2020 Autres 328 Pages

Résumé

Les traités de manières et les traités artistiques, de même que le discours amoureux dans le domaine littéraire, se sont donnés la tâche de définir, voire de codifier, la gestuelle amoureuse et établissent notamment des relations entre le domaine artistique, littéraire et la vie sociale. Par rapport au « geste écrit », le « geste en image » se manifeste sous une forme plus ambiguë et laisse transparaître, souvent, des rapports de réciprocité, de domination, d’assujettissement ou d’inversion des rôles d’autant plus lorsqu’il traduit le sentiment amoureux.
Cet ouvrage rassemble des communications, interventions et réflexions menées à l’occasion d’un colloque consacré à L’invention du Geste Amoureux à la Renaissance ainsi que d’une série de workshops portant sur le même thème pour différentes périodes chronologiques. Quels que soient la période traitée et le support de la représentation, la gestuelle est entendue, au sens large, à la fois en tant que gestes et attitudes corporelles. Il ne s’agit pas simplement d’un geste intentionné mais également d’une posture du corps, celle-ci intervenant soit de façon suffisamment régulière pour être identifiée à un « topos », soit au contraire de manière si exceptionnelle qu’elle mérite qu’on s’y attarde. Les analyses exemplaires réunies dans ce livre abordent, enfin, les questions de la migration de gestes entre le champ du rituel et celui de l’art, entre le registre du sacré et celui du profane ainsi que les transferts trans-chronologique ou trans-géographique. Elles proposent une étude des postures, attitudes, gestes et expressions qui « disent » l’amour dans les arts visuels.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des Matières
  • Introduction. L’invention du geste amoureux. Représentations, résurgences, codifications, transgressions (Valérie Boudier, Giovanni Careri et Elinor Myara Kelif)
  • Prototypes amoureux
  • Gesti d’amore nella ceramica greca e magnogreca (vii-iv secolo a. C.) (Monica Baggio)
  • Le geste et l’objet dans les ivoires gothiques : la ceinture comme régulateur de la sexualité (Ekaterina Reshetnikova)
  • Aux frontières du figurable et de la bienséance : quelques remarques sur la mise en image du geste amoureux dans la première édition gravée du Roman de la Rose (Carmen Decu Teodorescu)
  • «… [c];es doux messages où l’amour parle avec des fleurs » (Victor Hugo, Odes, Ode première, « Le poète dans les révolutions », 1821) (Nikolina Kéi)
  • Stéréotypes amoureux et dévoilement
  • Achille Devéria et son herbier de femmes (Thierry Laugée)
  • Turpissime picture : désir et geste d’échange homo-érotique chez Caravage (Giorgio Fichera)
  • Lo « spacco » della Giuditta di Giorgione all’Ermitage (Enrico Maria Dal Pozzolo)
  • Le corps parlant
  • Geste et désir dans les imaginaires du jeu (Antonella Fenech Kroke)
  • La cavade amoureuse : de l’hexis corporelle au motif figuratif (Mickaël Bouffard)
  • Réminiscences bachiques et poses extatiques dans les arts du xixe siècle (Sara Vitacca)
  • Ambiguïtés
  • La Fiancée juive (Jürgen Müller)
  • Gestes traduits, gestes trahis, à partir du Tasse (Giovanni Careri)
  • L’aliment, vecteur d’équivoque dans le geste quotidien. Pour une nouvelle lecture de la Cuisine de Vincenzo Campi (Valérie Boudier)
  • Miroirs d’amour
  • Le regard dans le miroir comme « geste amoureux » : le cas du Maître au Dé (Sefy Hendler)
  • Le geste, figure du lien amoureux : de la ressemblance à la symbiose des amants dans l’art de la Renaissance (Élisa de Halleux)
  • Titres parus dans la collection

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Information bibliographique publiée par « Die Deutsche Bibliothek »
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À propos de l’auteur

Valérie Boudier est maîtresse de conférences à l’Université de Lille. Après la publication de La cuisine du peintre (2010), elle co-édite Le banquet de la Renaissance (2014). Ses recherches portent sur l’image des gestes à table ou en cuisine et sur la nature morte alimentaire de la Renaissance à nos jours.

Giovanni Careri est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Université IUAV de Venise. Ses recherches portent principalement sur des objets singulièrement complexes impliquant une approche théorique, historique, anthropologique et sémiotique : dernière parution : Caravage. La peinture en ses miroirs (2015).

Après une thèse publiée chez Brepols sur L’imaginaire de l’âge d’or à la Renaissance, Elinor Myara Kelif s’intéresse dans ses travaux à la question du geste ainsi qu’à la matérialité des objets peints, notamment à travers l’étude de la peinture sur cuivre en Europe aux XVIe et XVIIe siècles.

À propos du livre

Les traités de manières et les traités artistiques, de même que le discours amoureux dans le domaine littéraire, se sont donnés la tâche de définir, voire de codifier la gestuelle amoureuse et établissent notamment des relations entre le domaine artistique, littéraire et la vie sociale. Par rapport au « geste écrit », le « geste en image » se manifeste sous une forme plus ambiguë et laisse transparaître, souvent, des rapports de réciprocité, de domination, d’assujettissement ou d’inversion des rôles d’autant plus lorsqu’il traduit le sentiment amoureux.

Cet ouvrage rassemble des communications, interventions et réflexions menées à l’occasion d’un colloque consacré à L’invention du Geste Amoureux à la Renaissance ainsi que d’une série de workshops portant sur le même thème pour différentes périodes chronologiques. Quels que soient la période traitée et le support de la représentation, la gestuelle est entendue, au sens large, à la fois en tant que gestes et attitudes corporelles. Il ne s’agit pas simplement d’un geste intentionné mais également d’une posture du corps, celle-ci intervenant soit de façon suffisamment régulière pour être identifiée à un « topos », soit au contraire de manière si exceptionnelle qu’elle mérite qu’on s’y attarde. Les analyses exemplaires réunies dans ce livre abordent, enfin, les questions de la migration de gestes entre le champ du rituel et celui de l’art, entre le registre du sacré et celui du profane ainsi que les transferts trans-chronologique ou trans-géographique. Elles proposent une étude des postures, attitudes, gestes et expressions qui « disent » l’amour dans les arts visuels.

Pour référencer cet eBook

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Table des matières

Valérie Boudier, Giovanni Careri et Elinor Myara Kelif

Introduction. L’invention du geste amoureux. Représentations, résurgences, codifications, transgressions

Prototypes amoureux

Monica Baggio

Gesti d’amore nella ceramica greca e magnogreca (vii-iv secolo a. C.)

Ekaterina Reshetnikova

Le geste et l’objet dans les ivoires gothiques : la ceinture comme régulateur de la sexualité

Carmen Decu Teodorescu

Aux frontières du figurable et de la bienséance : quelques remarques sur la mise en image du geste amoureux dans la première édition gravée du Roman de la Rose

Nikolina Kéi

«… [c];es doux messages où l’amour parle avec des fleurs » (Victor Hugo, Odes, Ode première, « Le poète dans les révolutions », 1821)

Stéréotypes amoureux et dévoilement

Thierry Laugée

Achille Devéria et son herbier de femmes

Giorgio Fichera

Turpissime picture : désir et geste d’échange homo-érotique chez Caravage

Enrico Maria Dal Pozzolo

Lo « spacco » della Giuditta di Giorgione all’Ermitage

Le corps parlant

Antonella Fenech Kroke

Geste et désir dans les imaginaires du jeu

Mickaël Bouffard

La cavade amoureuse : de l’hexis corporelle au motif figuratif

Sara Vitacca

Réminiscences bachiques et poses extatiques dans les arts du xixe siècle

Ambiguïtés

Jürgen Müller

La Fiancée juive

Giovanni Careri

Gestes traduits, gestes trahis, à partir du Tasse

Valérie Boudier

L’aliment, vecteur d’équivoque dans le geste quotidien. Pour une nouvelle lecture de la Cuisine de Vincenzo Campi

Miroirs d’amour

Sefy Hendler

Le regard dans le miroir comme « geste amoureux » : le cas du Maître au Dé

Élisa de Halleux

Le geste, figure du lien amoureux : de la ressemblance à la symbiose des amants dans l’art de la Renaissance

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Valérie Boudier, Giovanni Careri et Elinor Myara Kelif

Introduction. L’invention du geste amoureux.

Représentations, résurgences, codifications,
transgressions

L’invention du geste amoureux. Pourquoi ce titre ? Pourquoi utiliser le terme « invention » dans sa connexion problématique au terme « geste » ? De fait, l’invention d’un geste est chose exceptionnelle. D’ordinaire, le geste n’a pas d’inventeur, de même que rarement les mots ont un inventeur ; la gestuelle, comme la langue, nous parle autant que nous la parlons. Elle s’incorpore à nous depuis la petite enfance sans que nous ayons à en être conscients. Cependant, il faut distinguer le domaine très vaste du geste et le domaine plus restreint du geste représenté. Dans ce dernier, il peut arriver que le choix d’un poète ou d’un peintre permette l’accès à la représentation d’un geste jusqu’alors ignoré, voire censuré. Il peut aussi arriver que le geste ne suive pas le chemin qui va de la vie sociale au monde « artificiel » de la poésie et de la peinture mais au contraire, qu’il reste littéraire ou pictural. Quand à ces deux termes nous ajoutons l’adjectif « amoureux », il y a complexification : avec d’une part, l’idée que l’amour s’invente et qu’il ne serait donc ni naturel ni universel mais au contraire culturel et historiquement déterminé ; s’affirme, d’autre part, l’idée que cet amour « culturel » se manifeste à travers la codification plus ou moins rigide d’un ensemble de gestes.

Historiographie du geste

L’étude du geste a ponctué de manière épisodique la recherche en histoire de l’art, mais a principalement été questionnée dans le champ d’autres disciplines, telles l’anthropologie historique, la sociologie, la sémiologie, l’histoire des mentalités et des cultures. De même, les historiens de l’art comme André Chastel se sont intéressés à ces questions sans toutefois leur consacrer d’étude d’envergure.

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Parmi les travaux qui ont été consacrés au geste, on peut citer quelques étapes d’importance avec un intérêt notoire pour ces sujets dans les années 1990. Jean-Claude Schmitt dans son ouvrage La Raison des gestes dans l’Occident médiéval 1, replace le geste dans son contexte historique et liturgique en l’envisageant comme un langage ritualisé qui vient en quelque sorte « doubler » le langage verbal ou le compléter. Dans le même temps, Adam Kendon explore le geste comme une action visible et volontaire destinée à énoncer quelque chose2. Cependant, cette définition du geste exclut tout geste involontaire qui serait associé à un mouvement de l’âme et implique nécessairement une intention dans le geste qui semble limitative, notamment dans le cadre de l’étude des images. Puis, vient l’ouvrage essentiel de Jan Bremmer et Herman Roodenburg, publié en 1991, A Cultural History of Gesture dont le titre même permet de comprendre la démarche culturelle et anthropologique des auteurs et contributeurs3.

Pour arriver à une étude du geste par le prisme de l’image, qui constitue un support privilégié de mise en scène et de contextualisation de ce dernier, il faut attendre les travaux d’André Chastel et son article de 1987 qu’il consacre à la prise en compte des gestes en peinture et à l’occasion duquel il rappelle le caractère central de cette étude laissée en jachère par les historiens de l’art4. Ce texte ainsi que deux autres essais ont été ensuite repris et publiés à titre posthume en 2001 sous le titre Le Geste dans l’art 5, dans lequel il décrypte quelques gestes précis comme la signification de l’index pointé, sans pour autant questionner le geste en peinture dans un cadre plus large. Dans le champ de l’histoire de l’art moderne et dans le cadre d’une acception large du terme geste, entendu comme une gestualité volontaire ou involontaire de l’ensemble du corps, il faut également citer le livre de Giovanni Careri sur les transpositions des gestes entre poésie et peinture à partir de la Jérusalem Délivrée du Tasse6 et les travaux de Gary Schwartz sur la figuration des émotions ←10 | 11→dans la peinture hollandaise7. Le lien que nous avons nous-mêmes souhaité questionner entre les émotions et la gestualité est étudié par Schwartz en premier lieu par le biais des expressions du visage et de la physiognomonie ; une problématisation que l’on retrouve également dans les travaux plus récents de Martial Guédron8, où la codification et la rationalisation de l’expression des mouvements de l’âme entraînent une forme de conformation normative de la représentation.

Résumé des informations

Pages
328
Année de publication
2020
ISBN (PDF)
9782807612587
ISBN (ePUB)
9782807612594
ISBN (MOBI)
9782807612600
ISBN (Broché)
9782807602762
DOI
10.3726/b16264
Langue
français
Date de parution
2020 (Mai)
Publié
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 328 p., 86 ill. en couleurs, 26 ill. n/b.
Sécurité des produits
Peter Lang Group AG

Notes biographiques

Valérie Boudier (Éditeur de volume) Giovanni Careri (Éditeur de volume) Elinor Myara Kelif (Éditeur de volume)

Valérie Boudier est maîtresse de conférences à l’Université de Lille. Après la publication de La cuisine du peintre (2010), elle co-édite Le banquet de la Renaissance (2014). Ses recherches portent sur l’image des gestes à table ou en cuisine et sur la nature morte alimentaire de la Renaissance à nos jours. Giovanni Careri est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Université IUAV de Venise. Ses recherches portent principalement sur des objets singulièrement complexes impliquant une approche théorique, historique, anthropologique et sémiotique : dernière parution : Caravage. La peinture en ses miroirs (2015). Après une these publié chez Brepols sur L’imaginaire de l’âge d’or à la Renaissance, Elinor Myara Kelif s’intéresse dans ses travaux la question du geste ainsi qu’à la matérialité des objets peints, notamment à travers l’étude de la peinture sur cuivre en Europe au XVIe et XVIIe siècles.

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