Loading...

Enfants eurasiens d’Indochine aux vents de la décolonisation

by Yves Denéchère (Author)
©2024 Monographs 494 Pages

Summary

Des milliers d’enfants métis nés dans l’Indochine coloniale ont été déplacés en France des années 1940 jusqu’au début des années 1970. Il s’agissait tout d’abord de former les jeunes eurasiens pour en faire des cadres pour la colonie puis, après la décolonisation, de les assimiler à la société française. Issues de la rencontre entre dominants et dominées, investies d’enjeux politiques et sociaux très forts, mais aussi idéologiques et démographiques, les personnes concernées ont dû se construire en métropole en tant que migrantes et métisses racisées.
Grâce au croisement des archives avec de nombreuses sources orales et une enquête par questionnaire, ce livre reconstruit historiquement l’expérience d’acculturation et de construction subjective des Eurasiens et des Eurasiennes tout au long de leur vie. Le 70e anniversaire de la présence française en Indochine est l’occasion de sortir de l’ombre un pan méconnu de l’histoire coloniale et postcoloniale de la France.

Table Of Contents

  • Cover
  • Title
  • Copyright
  • A propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Dedication
  • Avant-Propos
  • Abréviations
  • Avertissements
  • SOMMAIRE
  • Introduction
  • PREMIERE PARTIE ENFANCES RACISEES
  • Chapitre 1 L’Indochine française au risque du « fait eurasien »
  • Chapitre 2 L’impérieuse assistance aux enfants métis
  • Chapitre 3 De nouveaux enjeux après 1945
  • Chapitre 4 Enfances métisses en guerre(s)
  • Chapitre 5 Récupérer les enfants eurasiens et les éduquer à la française
  • DEUXIEME PARTIE HISTOIRE PARALLELES
  • Chapitre 6 Des « rapatriements » imposés par les événements?
  • Chapitre 7 Expériences enfantines de la transplantation
  • Chapitre 8 Les filles de l’abbaye et d’ailleurs
  • Chapitre 9 Les foyers de garçons
  • Chapitre 10 Les enfants africasiens entre Indochine, Afrique et France
  • Chapitre 11 Les enfants métis de Seno
  • TROISIEME PARTIE CONSTRUCTIONS SUBJECTIVES
  • Chapitre 12 Les voies de l’acculturation
  • Chapitre 13 S’affirmer entre contrainte et agentivité
  • Chapitre 14 (Re)Faire famille en France
  • Chapitre 15 Fin de mission pour la FOEFI
  • Chapitre 16 Identité et mémoires du métissage et du déplacement
  • Conclusion
  • Sources
  • Bibliographie
  • Annexes
  • Table des tableaux, graphiques et cartes
  • Table des matières

Introduction

Dès l’implantation de la présence française en Indochine au XIXe siècle, comme au cours d’autres épisodes de domination coloniale, sont nés des enfants métis, fruits de relations sexuelles amoureuses ou forcées, passagères ou plus durables, entre des Européens (colons, fonctionnaires, militaires, etc.) et des femmes du pays. Dès le tournant des siècles mais surtout dans l’entre-deux-guerres, différents acteurs (notables, militaires, écrivains, journalistes, fonctionnaires, etc.) interrogent le « fait eurasien ». Des réformateurs sociaux, des associations philanthropiques, des congrégations religieuses et des administrations publiques s’intéressent au sort des enfants nés des unions mixtes. Pendant la guerre d’Indochine (1946-1954), la présence d’un important corps expéditionnaire français accroît considérablement le nombre d’enfants métis eurasiens mais aussi africasiens et issus d’autres métissages ; en même temps s’aggrave la question de la place de ces enfants dans des sociétés en voie de décolonisation. Après la défaite de Dien Bien Phu et les accords de Genève (1954) qui consacrent l’indépendance du Cambodge, du Laos et du Vietnam divisé en deux États, la guerre se poursuit, bientôt avec l’intervention américaine, jusqu’en 19751.

Dans ce contexte continu de « la guerre des dix mille jours » (1945-1975), où temps colonial et temps postcolonial s’imbriquent, la majorité des enfants métis demeure auprès de leurs mères dans leur pays de naissance. Environ 5 000 autres quittent seuls la péninsule indochinoise, surtout pour la France mais aussi pour d’autres pays, notamment d’Afrique, d’où leurs pères sont originaires. Ces migrations contraintes sont liées à tout un ensemble complexe de questions politiques et diplomatiques, économiques et sociales, démographiques et humaines, philosophiques et religieuses2. Présentés comme des « rapatriements » par les autorités françaises, ces transplantations ont eu des impacts considérables sur la vie et la subjectivité des enfants concernés puis des adultes qu’ils sont devenus3. Si la mémoire de ces déplacements est vive chez les personnes concernées, l’histoire de leur expérience commune restait à écrire.

La jeunesse, en tant que fait social global, a joué un rôle important dans la construction des empires coloniaux, et elle demeure un enjeu essentiel dans les contextes de fin d’empire4. Pour les autorités politiques françaises, comme pour les acteurs engagés en Indochine (militaires, services sociaux, humanitaires, promoteurs de sociétés nouvelles censées repousser la décolonisation), « sauver les enfants » devient un impératif moral. En ce sens, le mouvement migratoire singulier de milliers d’enfants métis d’Indochine s’inscrit dans une mobilisation humaniste mais aussi idéologique. Les enjeux démographiques sous-tendus par les migrations contraintes d’enfants – définis ici comme les mineurs de moins de 21 ans jusqu’en 1974 et de moins de 18 ans ensuite – en contexte de décolonisation s’expliquent en partie par un tropisme populationniste considérant des enfants venant d’ailleurs comme une contribution bénéfique à la puissance démographique de la France5.

Parmi les ouvrages qui ont abordé la question des enfants métis d’Indochine, spécifiquement ou en les englobant dans des études plus larges, quatre sont brièvement présentés ici, beaucoup d’autres seront cités par la suite. Il faut en premier lieu mentionner le remarquable livre d’Emmanuelle Saada intitulé Les enfants de la colonie. Les métis de l’Empire français entre sujétion et citoyenneté. Optant pour une approche juridique et sociologique de la question des métis, notamment dans ce qu’elle nomme « le laboratoire indochinois », l’historienne décrypte magistralement les dimensions et les implications de la politique de la race mise en œuvre par un décret daté du 4 novembre 1928 qui stipule que pour être considéré de « race française », l’enfant métis doit avoir du sang français dans les veines, mais aussi être socialisé dans un milieu de « culture française ». En fin d’ouvrage, elle évoque les milliers d’enfants « rapatriés » en métropole, ces « Français par la race » qui ont dû payer un prix lourd en contrepartie de ce statut6.

L’angle choisi par Christina Elizabeth Firpo dans The Uprooted. Race, Children, and Imperialism in French Indochina. 1890-1980 est différent, plus social. Dans le sillage d’Emmanuelle Saada, l’historienne américaine retrace les réflexions sur la question métisse en Indochine depuis le XIXe siècle, les évolutions des politiques menées et les différents acteurs qui s’intéressent au phénomène. Pour ce qui est de la période postérieure à 1945, elle s’attache surtout à montrer le caractère implacable de la politique menée envers les enfants métis, ce que met bien en avant le titre de l’ouvrage : The Uprooted (les déracinés). Pierre Brocheux (1931-2022), un des meilleurs historiens français de l’Indochine, métis né à Cholon, lui a reproché de ne pas avoir suffisamment tenu compte du contexte politique de la péninsule et d’avoir versé dans une littérature de victimisation7.

La grande spécialiste de l’histoire des Indiens des États-Unis Nelcya Delanoë a abordé la question des métis d’Indochine à travers l’histoire des quelques centaines de soldats marocains du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) ayant rallié le Vietminh. Sous le titre très bien choisi et fortement évocateur de Poussières d’Empires, elle a bien montré les enjeux portés par les familles mixtes constituées au Vietnam où elles ont vécu. Elle explique notamment comment en 1972, des pères marocains, des mères vietnamiennes et des enfants métis rejoignent le Maroc8. L’anthropologue Dominique Rolland, elle-même issue du métissage franco-vietnamien, a écrit sur son expérience croisée de chercheuse et de personne concernée par la subjectivité des personnes métisses. Elle a choisi des mots très forts pour se raconter, placer son histoire personnelle dans un cadre plus large, cerner la construction de l’identité entre, ou plutôt avec, deux cultures, et la notion de « l’inconfort de l’entre-deux »9.

Malgré ces travaux, l’arrivée et l’intégration en France de milliers d’enfants métis ne sont pas suffisamment connues comme le montre leur absence dans les ouvrages consacrés à l’histoire de l’Indochine ou aux relations franco-vietnamiennes, ou encore dans un récent ouvrage franco-vietnamien de sciences humaines et sociales. Les différents éléments vietnamiens présents en France, au cours d’un « siècle d’histoire commune, partagée, imbriquée, traversée par des guerres mais aussi par des aspirations communes », y sont étudiés, sans évoquer les enfants métis d’Indochine10.

À la suite d’Emmanuelle Saada, les politiques de race et de citoyenneté ont été bien cernées11. Il est possible d’aller désormais dans une autre direction et de se concentrer sur les enfants et les jeunes métis d’Indochine eux-mêmes pour mieux comprendre comment ils ont pu vivre ces déplacements. Pour cela sont mobilisés les apports récents de différents champs historiographiques, notamment les études postcoloniales qui interrogent les articulations complexes entre temps postcolonial et temps colonial, les prolongements de celui-ci dans celui-là et le legs colonial12. Il est aussi essentiel de prendre en compte les approches développées en études sur le genre afin de saisir les expériences individuelles et collectives13. Les connexions entre histoire transnationale et Child Studies sont précieuses pour déterminer la place et le rôle des déplacements des enfants métis dans les relations internationales14. Les concepts et les méthodes des Intersectional Studies15 et des Subaltern Studies, plus que dans leurs schémas globaux d’explication, sont également opérants pour aider à complexifier les réalités vécues ; tout comme les questionnements les plus récents en géographie des migrations16.

Le croisement des approches est un parti pris revendiqué dans cet ouvrage, au nom de la nuance et conformément à l’ambition de brosser une histoire globale d’un phénomène complexe à l’intersection des champs politique, juridique, social, médiatique et scientifique17. Il est par exemple essentiel de s’interroger sur les termes à utiliser. Le déplacement s’applique aussi bien à des objets que l’on change de place ; la transplantation renvoie à la métaphore végétale si souvent utilisée pour évoquer les êtres humains dans leur développement. Il est aussi heuristique de nuancer la notion de migrations contraintes pour les enfants métis d’Indochine qui se déplacent sans leurs parents de naissance. Les childcentered research – qui partent du point de vue des enfants – ont mis en lumière des dynamiques sociales, individuelles et collectives. Les enfants migrants, filles et garçons, cessent ainsi d’apparaître uniquement comme des victimes passives de leur situation18. Des bébés, des enfants, des adolescent·es ont été transplanté·es et sont devenu·es des sujets de politiques décidées par les autorités françaises et mises en œuvre par divers acteurs. Des mères ont été séparées de leurs enfants, des pères ont été ignorants du sort de leurs enfants et de celui de leurs mères, des adelphies (frères et sœurs) ont été séparées. En même temps, il est important de pouvoir saisir l’agentivité des enfants dans les migrations vécues, c’est-à-dire leur capacité à être des agents actifs de leur propre vie, à exercer un contrôle et une régulation de leurs actes19. Il faut interroger les migrations des enfants métis d’Indochine à la fois comme source de vulnérabilité et comme support de construction de leur autonomie ou de leur affranchissement, et saisir comment les enfants et adolescents ont navigué entre contraintes et opportunités. Cet ouvrage a donc pour ambition de proposer une histoire globale à partir des traces du passé, avec méthode, en vue de produire un récit. Il ne s’agit ni de dénoncer ni d’encenser, ni de noircir ni d’enjoliver mais d’établir les faits et de comprendre les tenants et les aboutissants des transplantations des enfants métis d’Indochine et les effets induits sur les personnes concernées.

Les sources mobilisées pour écrire cette histoire sont variées et riches. Les Archives nationales d’outre-mer (ANOM, Aix-en-Provence)20 conservent les fonds les plus fournis, dont celui de la Fédération des œuvres de l’enfance française d’Indochine (FOEFI). Pendant 30 ans la FOEFI s’est occupée d’enfants métis dans leurs pays de naissance et en a accueillis en France plus de 4 300 dont les dossiers individuels se trouvent aux ANOM, élagués de nombreuses pièces avant d’y être déposés. Les archives de l’administration de l’Indochine sont essentielles pour replacer les faits dans leur contexte et suivre « le filigrane de l’histoire coloniale » cher à Ann Laura Stoler21. De même, les archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, dans les centres de La Courneuve et de Nantes – où se trouvent aussi des dossiers individuels d’enfants arrvés dans les années 196022 – et les archives du Service Historique de la Défense23 (Vincennes) permettent de déterminer les rôles respectifs des deux principaux ministères impliqués. Les Archives nationales (AN, Pierrefitte) conservent les fonds d’autres ministères (Santé publique et population, Rapatriés, Relations avec les États associés, Affaires sociales, etc.) qui interagissent dans la prise en charge des enfants24. Les archives nationales du Sénégal sont très précieuses pour suivre la question des enfants africasiens rentrés au pays avec leurs pères25. L’examen attentif des inventaires des archives nationales du Vietnam, et d’études effectuées à partir de ces sources, a montré que les archives de l’époque coloniale qu’elles conservent ne constituent pas un corpus primordial pour notre étude. En revanche les archives postérieures à l’indépendance doivent permettre de saisir la position du Vietnam sur ces déplacements d’enfants après 1954. Les archives éparses d’autres acteurs qui, à un degré moindre que la FOEFI, ont participé à la prise charge d’enfants métis, en Indochine comme en France, révèlent les motivations des uns et des autres, les luttes d’influence, les enjeux de pouvoir internes. L’Association pour la protection des enfants du Laos (APPEL) a organisé l’adoption en France de centaines d’enfants, métis ou non. L’Association pour le développement des œuvres sociales coloniales (ADOSC) a participé à l’accueil en France des enfants pendant la guerre d’Indochine. L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), dépendant du ministère de la Défense/des Armées, a pris en charge directement des enfants métis pupilles de la nation nés en Indochine. Les congrégations religieuses, notamment celle de Notre-Dame des Missions, qui a accueilli dans un foyer dépendant de la FOEFI à Saint-Rambert-en-Bugey pendant trente ans près de 500 filles venues de la péninsule indochinoise conservent des traces de cette prise en charge. Des témoignages de personnes impliquées (plusieurs religieuses, éducateurs et responsables d’association) sont venus compléter ces corpus archivistiques.

L’histoire du temps présent ne peut pas être menée sans les témoignages des personnes concernées en premier lieu, c’est-à-dire pour notre sujet les enfants eux-mêmes devenus aujourd’hui octogénaires pour les plus anciens (et même nonagénaires pour quelques-un·es), et encore quinquagénaires pour les plus jeunes. La production enfantine, c’est-à-dire des dessins et des écrits intimes ou sollicités, est très rare – un cahier de chants illustré comme rare exemple –, il est donc impossible de suivre une démarche méthodologique à partir de ces sources26. En revanche, une histoire de l’expérience enfantine est possible en s’appuyant sur la parole différée de ces personnes, avec tout ce que ce cela comporte de limites et de précautions méthodologiques27. En effet, il s’agit d’une entreprise d’« anachronisme contrôlé »28 qui permet d’observer le passé à partir du présent, tout en tenant compte des « régimes de mémorialité », c’est-à-dire de l’ensemble des éléments contextuels qui composent le dispositif social et collectif de remémoration stable et durable pour les personnes concernées sous l’influence duquel un individu se souvient29. À cette condition seulement peut être reconstruite historiquement l’expérience du déplacement telle qu’elle a été vécue ou plutôt telle que remémorée par les adultes qui l’ont vécue enfants. Cette parole différée, c’est-à-dire une parole au long cours, explicite, avec les récits que les personnes concernées produisent elles-mêmes en avançant en âge sur leurs trajectoires de vie, reconstruite individuellement – et parfois collectivement aussi –, est très variée.

Quelques ouvrages de mémoires ou de souvenirs ont été publiés par les personnes concernées30, de courts portraits ont été rassemblés31. La parole a pu être partagée avec les pairs, notamment dans le bulletin associatif Grain de riz32, ou filmée pour des documentaires33. Entre 2017 et 2023, j’ai sollicité la parole des personnes concernées dans une démarche de construction de sources orales qui a permis de recueillir 42 témoignages individuels longs (entre 40 minutes et plus de deux heures), dont la plupart sont complètement inédits. Les femmes ont été plus particulièrement ciblées dans un premier temps car elles se sont moins exprimées que les hommes, notamment dans Grain de riz, et ont publié peu de mémoires. Ces entretiens ont eu lieu au domicile des personnes concernées, ou dans des lieux neutres, ou par rendez-vous téléphonique. D’abord considérée comme un pis-aller, notamment en contexte de pandémie de Covid 19, cette modalité d’entretien s’est révélée propice à recueillir une parole intime, les personnes concernées se trouvant chez elles, confortablement installées, sans regard intrusif ou impudique posé sur elles. Dans le cadre d’un projet de recherche consacré aux migrations contraintes d’enfants en contexte de décolonisation34, un atelier d’archives et d’écriture croisée a été organisé entre chercheurs et personnes concernées. Il a permis de recueillir des témoignages supplémentaires, exprimés en groupe. Les une·s et les autres ont pu se retrouver autour de papiers et de photographies, confronter leurs points de vue, chacun·e apportant sa lecture, découvrant les expériences personnelles des autres. Depuis les années 2000, le silence familial qui a pesé sur ces expériences individuelles s’est estompé, notamment avec les questions des petits-enfants. Mes sollicitations ont croisé l’urgence à témoigner avant la vieillesse ressentie par certaines personnes, soucieuses que l’on ne déforme pas leurs histoires35. Les réseaux sociaux, sites Internet associatifs et forums ont permis d’étudier les expressions les plus actuelles des personnes concernées, par exemple sur la question du recours aux tests ADN pour rechercher leurs origines36. Bien sûr, une approche par les représentations a été suivie grâce aux médias (presse écrite, actualités télévisées) qui ont donné de l’écho à ces déplacements d’enfants propices à susciter l’émotion du public.

Une enquête par questionnaire a également été menée en 2021-2022, inspirée notamment par celle de Raphaëlle Branche auprès des familles d’anciens appelés pendant la guerre d’Algérie37. Soixante-neuf personnes ont ainsi répondu à 99 questions abordant toutes les étapes de leur parcours de vie, avant, pendant et après leur déplacement, mais aussi sur leurs ascendants, leurs frères et sœurs et leurs descendants. Grâce à des annonces dans la presse régionale, il a été possible de toucher des gens qui ne font pas partie d’associations ou de groupes mémoriels, ce qui a été précieux pour embrasser la diversité des expériences et des mémoires. Cette enquête a nécessité un investissement important de la part des répondants. Certains n’ont pas souhaité aller au bout, d’autres ont beaucoup développé leurs réponses. Quelques entretiens ont été réalisés à la suite du questionnaire mais certaines personnes ont préféré l’écrit à toute autre forme d’expression. Les informations recueillies ont fait l’objet d’une double analyse qualitative et quantitative, tout comme les archives.

Des échanges collectifs, des moments forts d’observation participante38 lors de rassemblements associatifs et des discussions sur le travail de l’historien et sa progression ont été propices à la construction de relations personnelles avec les personnes concernées, toujours en respectant leur intégrité. En effet, l’historien n’est pas psychologue39 mais doit être conscient que sa démarche, ses sollicitations peuvent provoquer chez elles des chocs. Plusieurs m’ont indiqué que nos échanges les remuaient, faisaient resurgir des choses enfouies, les amenaient à s’interroger sur leurs passés. Certain·es m’ont écrit : « le réveil fut assez brusque », « je me suis posée beaucoup de questions », « ça m’est très difficile de parler », « j’ai eu du mal à dormir », « pour moi c’est une thérapie, une reconstruction », « j’ai pu reconstituer ma vie comme un puzzle », etc. À plusieurs reprises, j’ai partagé des résultats partiels de mes recherches avec les personnes concernées lors de présentations formelles à l’Université d’Angers ou ailleurs40. Ces interventions ont permis de nourrir le dialogue en recueillant leurs réactions lors de discussions consécutives très enrichissantes et lors de moments conviviaux comme des soirées ou repas organisés par les associations41.

Sans viser une démarche de recherche participative, des interactions ont eu lieu entre l’historien et les personnes concernées, celles-ci envoyant spontanément quelques documents ou informations personnelles et contribuant ainsi au travail de recherche. Au-delà du lien entre don et contre-don bien connu dans la pratique des sciences humaines et sociales, une collaboration étroite s’est instaurée, chacun·e avec ses motivations, ses envies, ses besoins. Les photographies personnelles ont été au centre de ces échanges en tant qu’archives essentielles pour restituer l’expérience individuelle. Elles viennent confirmer ou infirmer ce qui ressort des collections de photos des établissements d’accueil des enfants en Indochine et en France. Pour les différents responsables de ces structures, il s’agissait de faire la preuve par l’image que les foyers étaient bien tenus, que les enfants étaient bien encadrés, que tout était en ordre. Plus tard, des photographies de mariage, preuves d’une bonne intégration, ont été compilées dans des albums42. Pour les personnes concernées, les photographies de famille, de leur mère, bien plus rarement de leur père, sont les seules traces matérielles qui peuvent leur rappeler leurs origines familiales. Ces photographies constituent un excellent point de départ pour déclencher l’anamnèse, le récit de soi ou des autres. Une exposition virtuelle, une notice d’encyclopédie en ligne et une capsule vidéo ont été réalisées à partir des photographies et sont très facilement accessibles43. C’est pourquoi le choix a été fait de ne pas reproduire de photos dans cet ouvrage, mais elles sont des sources de premier ordre qui ont contribué au récit proposé ici.

Dans un constant souci d’administration de la preuve, le choix a été fait de beaucoup citer les archives et les témoignages, une fois passés au crible de l’analyse critique. Les personnes concernées ou impliquées apparaissent sous leur identité complète lorsqu’elles se sont déjà exprimées publiquement (émissions de radio par exemple) ou ont signé de leur nom des textes publiés (ouvrages, opuscules, articles ou contributions dans des bulletins). Pour les autres, concernant la question de l’anonymisation, j’ai respecté le souhait de chacun·e. Dans l’immense majorité des cas, c’est le prénom réel qui a été choisi, rarement un autre prénom. Dans seulement quelques cas une anonymisation complète a été demandée incluant l’absence de mention de l’année de naissance par exemple. Très majoritairement, la volonté des personnes concernées de faire connaître ce qu’elles ont vécu, collectivement, mais aussi individuellement était très forte. Dans les réponses à l’item « pourquoi avez-vous accepté de répondre à ce questionnaire ? », la volonté de laisser une trace pour la famille, les enfants, les petits-enfants est très prégnante, tout comme l’espoir d’obtenir des réponses à certaines questions, l’envie de participer à un travail de recherche et d’enrichir ainsi l’histoire de la France et de l’Indochine.

À partir de ces vastes corpus, et en replaçant les faits dans le contexte géopolitique, diplomatique et social dans lequel s’inscrit le sort des enfants métis, il est possible de montrer en quoi leur déplacement relève d’une réflexion et de pratiques biopolitiques. Concept avancé par Michel Foucault, « attentif aux mécanismes spécifiques qui encadrent la vie des individus et des populations », la biopolitique – ou pouvoir sur la vie et les êtres humains44 – est exercée essentiellement par l’État mais aussi par d’autres acteurs en lien avec lui. C’est la même logique qui a été mise en œuvre dans l’Allemagne occupée après 1945 par les autorités françaises pour récupérer des centaines d’enfants nés de pères soldats d’occupation et de mères allemandes et les faire adopter en France. De même en pleine guerre d’Algérie, à partir de 1957, une association créée par Suzanne Massu prend en charge des centaines d’enfants des rues d’Alger (Yaouleds), et en envoie des dizaines en métropole45. Et comment ne pas penser aux 2 000 mineurs de La Réunion déplacés en France de 1962 à 1984 ? Transplantation qui offre des points de comparaison intéressants avec celle des enfants eurasiens d’Indochine et qui seront mobilisés à plusieurs reprises dans ce livre46. Ces flux qui convergent vers l’Hexagone ont été générés au sein d’une matrice constituée par le processus des fins de guerres, des fins d’empires et un contexte postcolonial47. À chaque fois, la dimension biopolitique est bien présente dans les idéologies à l’œuvre et à travers les processus d’intégration/assimilation poussés qui sont mis en œuvre. Et enfin il faut constamment comparer le sort des Eurasien·nes à celui des enfants de l’Assistance publique puis de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) afin de caractériser la prise en charge dont ils ont été l’objet. Plus globalement il est nécessaire de replacer cette histoire dans celle des enfants et des jeunes dans la France des « Trente Glorieuses »48.

L’historien Gérard Noiriel distingue ainsi les processus de l’intégration et de l’assimilation : « l’intégration signifie qu’un individu devient membre d’un groupe, c’est-à-dire un élément fonctionnel dans une structure sociale donnée […] En revanche, l’assimilation désigne le processus social qui conduit à l’homogénéisation (linguistique, culturelle, politique) plus ou moins poussée des membres du groupe »49. Nous utiliserons ces deux termes selon cette définition, même si le débat sur l’utilisation des mots et les réalités qu’ils recouvrent ne s’ouvre en France que dans les années 1980, donc postérieurement à la période étudiée dans cet ouvrage. Selon le sociologue Michel Wieviorka, l’intégration interroge « le social (la place des individus et des classes ou couches sociales dans la société), le politique et l’institutionnel (et en particulier le rapport de chacun à l’État), et le culturel (à commencer par l’appartenance à la Nation) ». Mais la politique d’intégration, est « surtout dans les périodes de rapide changement, et plus encore dans les contextes de crise, appel à la mise au pas »50. Le sociologue François Héran estime que le débat intégration/assimilation est « surfait », que l’on « ne peut pas philosopher indéfiniment sur l’intégration des immigrés ou même sur l’intégration de la société en général sans s’appuyer à un moment donné sur des faits d’observation ». Il préconise donc d’appréhender « l’intégration telle qu’elle se fait, telle qu’elle se constate empiriquement51». C’est ce que nous ferons ici en interrogeant la manière dont les enfants et les jeunes ont réagi à une forme d’injonction à l’intégration/assimilation qui pesait sur eux.

La période couverte par cet ouvrage courant sur environ un siècle, la notion de générations, au pluriel, doit constamment restée à l’esprit. Les enfants qui arrivent en 1947, nés dans les années 1930 pour certains d’entre eux, n’ont pas grand-chose à voir avec les garçons et les filles nés à la fin des années 1960 (qui ont l’âge d’être leurs enfants) qui arrivent en 1974. Ils ne vivent pas les mêmes expériences, ne sont pas éduqués de la même manière, leurs mémoires sont différentes, etc. Les moments coloniaux et postcoloniaux sont à conjuguer avec les passages multimodaux et différenciés de l’enfance à la jeunesse, en fonction des différentes générations. Les personnes nées en Indochine et qui ont grandi sous domination coloniale n’ont pas le même cadre de référence, ni la même perception/appréhension que celles nées après les indépendances. De même, la dimension de genre est très prégnante car aux filles et aux garçons sont assignés des rôles et des fonctions qui dépendent des acteurs de la transplantation et des évolutions de la société. Les logiques biopolitiques qui pèsent sur les constructions collectives et individuelles sont envisagées ici comme étant à la fois une condition structurelle et une forme d’action morale et d’interaction sociale. Si cet ouvrage se place sans ambiguïté dans une démarche historique, les apports d’autres sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, psychologie, droit) ont été mobilisés. Il a en effet vocation à mettre en regard les politiques et les dimensions individuelles subjectives qui peuvent être activées en réponse aux discours de l’intégration comme injonction politique et/ou sociale. Il s’agit, en mobilisant les catégories d’analyse du genre, de la race et de l’âge, d’interroger les expériences migratoires des enfants saisies dans leur dimension diachronique, dynamique et non linéaire.

L’ensemble des sources mobilisées permet d’interroger l’intimité des expériences individuelles vécues et pas seulement dans l’enfance. Il s’agit d’évaluer les impacts du déplacement et d’une biopolitique postcoloniale sur la construction subjective des personnes métisses, au-delà de l’expérience collective. Étaient-elles conscientes d’être considérées par les organisateurs de cette migration contrainte comme un enjeu postcolonial ? Comment ont-elles ressenti et vécu l’injonction d’intégration/assimilation pesant sur elles ? Comment ont-elles pu se construire individuellement en tant que femme ou homme, métis·se et migrant·e entre le sentiment d’avoir été sauvé·e et celui du déracinement ? Tenter de répondre à ces questions implique de croiser les conflits de mémoire liés à la présence coloniale française en Indochine, ses prolongements postcoloniaux et aussi des plaies promptes à se rouvrir. L’ambition est de reconstruire historiquement les expériences intimes uniques des enfants et des jeunes métis déplacés en privilégiant les processus de subjectivation, c’est-à-dire de prise de conscience par le sujet de sa propre individualité.

La construction de leur identité par les enfants métis d’Indochine déplacés résulte d’une articulation entre la relation au cadre et à l’environnement (politiques de racisation, organisation de la prise en charge, lieu et type d’hébergement, école, camps, foyers), la relation aux autres (famille, parents, adelphies, autres enfants, personnels d’éducation religieux ou laïcs, Français·es de métropole) et les processus d’identification (race, genre, pays d’origine, affiliation religieuse, climat et nourriture, langue et culture, changement de prénom et/ou de nom, famille restée au pays). Par exemple, la revendication de l’utilisation par les personnes concernées des substantifs englobants « Eurasien(s) » et « Eurasienne(s) »52 pour se désigner elles-mêmes ressort de ces trois relations, même si certain·es ne sont pas Eurasien·nes au sens littéral du terme.

À côté des relations parents/enfants, le poids des autres relations internes aux familles a été pris en compte : les grands-parents mais aussi les tantes et les oncles voire les cousins. Au sein des liens familiaux, la relation entre frères et sœurs a été privilégiée car elle est l’une des données essentielles de l’expérience de ces transplantations d’enfants. La question des séparations, puis des relations familiales qui évoluent ensuite dans l’exil est au cœur de la reconstruction historique. Les enfants déplacés ont souvent eu un sentiment de grande incompréhension. La place des émotions dans le processus migratoire vécu enfant est aussi questionnée53. S’appliquant à des individus vulnérables ou définis comme tels, l’expérience du déracinement a pu être ressentie par les enfants de manière passive et parfois douloureuse, sans qu’il leur soit possible de résister aux injonctions des acteurs, et ce pour différentes raisons : incapacité juridique, précarité économique, soumission symbolique attendue des plus jeunes, renvoi à une identité racisée aliénante et construction de hiérarchies raciales, assignations genrées redoublées par leurs origines, etc. Mais le regard des enfants sur l’expérience vécue a pu aussi permettre des déplacements de sens : transformer la séparation en « aventure », se réinventer une famille parmi ses camarades d’infortune, faire de l’ailleurs sa maison, etc.

Ce livre est divisé en trois grandes parties. La première intitulée « Enfances racisées » rappelle les données de la « question eurasienne » socialement et politiquement construite à partir de la fin du XIXe siècle, et comment celle-ci implique une prise en charge des enfants métis. Le rôle des acteurs et leurs diverses intentions interrogent la notion d’intérêt de l’enfant au prisme des dimensions politiques, humanistes et idéologiques de l’entreprise (chapitres 1 et 2). Les dispositions de 1928, bien connues depuis Emmanuelle Saada, et de 1943, trop minorées jusqu’ici, cadrent la position des autorités françaises sur la place des métis dans le système colonial. De nouveaux enjeux liés au « fait eurasien » émergent à la fin de la Seconde Guerre mondiale et au début de la guerre d’Indochine (chapitres 3 et 4). La prise en charge des enfants métis et leur éducation « à la française » constitue la pierre d’angle de la politique de la FOEFI qui s’impose comme le principal acteur de la prise en charge de l’enfance eurasienne. Elle met en évidence la dimension (post)coloniale des rôles assignés aux enfants métis, pour en faire des traits d’union avec les (ex)colonies (chapitre 5).

Les déplacements d’enfants vers la France ouvrent la deuxième partie qui présente les « Histoires parallèles » de différents groupes d’enfants arrivés en France. Tous ont d’abord en commun de vivre l’expérience de la transplantation, celle-ci étant présentée comme inéluctable face à l’évolution politico-militaire de la guerre d’Indochine. Les structures familiales, non suffisamment prises en compte par les protagonistes, éclatent, notamment les adelphies (chapitres 6 et 7). Une fois arrivés en métropole, les filles et les garçons accueilli·es dans des foyers de la FOEFI vivent séparément des modalités de prise en charge très genrées (chapitres 8 et 9). Les enfants africasiens et issus d’autres métissages, ainsi que les enfants qui se retrouvent à Seno (Laos), avec les derniers militaires français présents dans la péninsule, connaissent d’autres expériences spécifiques (chapitres 10 et 11).

Sous le titre « Constructions subjectives », la troisième partie explore les diverses voies d’acculturation, d’intégration, d’assimilation et de (re)construction familiale suivies par les enfants et les jeunes. Entre contrainte et agentivité, en faisant preuve, peu ou prou, de résilience ils/elles deviennent des hommes et des femmes accomodé·es à la société française, malgré des liens familiaux brisés ou abîmés, recomposés ou nouveaux (chapitres 12 à 14). Alors que la FOEFI, considérée comme anachronique dans la décennie 1965-1975, ferme ses portes (chapitre 15), en avançant en âge, les personnes concernées évoluent sur les chemins de la mémoire de leur expérience. Les questions de l’identité, de la transmission entre générations, de la postmémoire deviennent pour eux des enjeux décisifs (chapitre 16). Puisse ce livre contribuer à éclairer toutes ces questions.


1 Christopher Goscha, The Road to Diên Biên Phu: A History of the First War for Vietnam, Princeton University Press, 2022 ; Ivan Cadeau, François Cochet et Rémy Porte (dir.) La guerre d’Indochine. Dictionnaire, Paris, Perrin-ministère des Armées, 2021 ; Ivan Cadeau, La guerre d’Indochine. De l’Indochine française aux adieux à Saigon 1940-1956, Paris, Tallandier, 2015 ; John Prados, La guerre du Viêt Nam, Paris, Perrin, 2015.

2 Revue d’Histoire de l’Enfance “irrégulière”, numéros thématiques ‘Enfances déplacées’, 1 – en situation coloniale, n°14 (2012), 2 – en temps de guerre, n°15, 2013, ‘Enfances (dé)colonisées’, n°22, 2020, sous la direction d’Yves Denéchère et Violaine Tisseau.

3 Yves Denéchère, « Les ″rapatriements″ d’enfants eurasiens en France à la fin de la guerre d’Indochine », Revue d’Histoire de l’Enfance “irrégulière”, n°14, 2012, p.123-139.

4 David M. Pomfret, Youth and Empire. Trans-colonial Childhoods in British and French Asia, Stanford University Press, 2016 ; Ellen Boucher, Empire’s Children: Child Emigration, Welfare, and the Decline of the British World, 1867-1967, Cambridge University Press, 2014 ; Manfred Liebel, Decolonizing Childhoods. Fron Exclusion to Dignity, Policy Press, University of Bristol, 2020.

5 Paul-André Rosental, L’intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (1930-1960), Paris, Odile Jacob, 2003.

6 Emmanuelle Saada, Les enfants de la colonie. Les métis de l’Empire français entre sujétion et citoyenneté, Paris, La Découverte, 2007, p.236-238 et p.253-259.

7 Christina Elizabeth Firpo, The Uprooted. Race. Children and Imperialism in French Indochina. 1890-1980, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2016 ; Pierre Brocheux, compte rendu de l’ouvrage dans Outre-Mers, 2017/1, 394-395, p.351-353.

8 Nelcya Delanoë, Poussières d’Empires, Paris, PUF, 2002.

9 Dominique Rolland, De sang mêlé. Chronique du métissage en Indochine, Toulouse, Elytis, 2006 ; Dominique Rolland, « Métis d’Indochine, l’inconfort d’un entre-deux », L’Autre, 8, 2007, p.199-212.

10 Michel Espagne, Ba Cuong Nguyen, Thi Hanh Nguyen (dir.) Hanoi-Paris. Un nouvel espace des sciences humaines, Paris, Éditions Kimé, 2020, notamment Michel Espagne, « Écrire une histoire vietnamienne de la France ? », p.71-89. Les enfants eurasiens déplacés en France ne sont pas plus présents dans la thèse de Maura Kathrin Edwards, « Le Mal Jaune: The Memory of the Indochina War in France 1954-2006 », University of Toronto, 2010.

11 Frederick Cooper, Français et Africains ? Être citoyen au temps de la décolonisation, Paris, Payot, 2014.

12 « Qu’est-ce que la pensée postcoloniale ? », entretien avec Achille Mbembe, Esprit, décembre 2006, p.117-133 ; Jean-Frédéric Schaub, « La catégorie ʺétudes colonialesʺ est-elle indispensable ? », Annales. Histoire, Sciences Sociale, n°3, 2008, p.625-646 ; Ann Laura Stoler et Frederick Cooper, Repenser le colonialisme, Payot, 2013 ; Guillaume Blanc, Décolonisations. Histoires situées d’Afrique et d’Asie (XIXe-XXIe siècle), Paris, Le Seuil, 2022, p.50-58.

13 Tim Allender, Learning femininity in colonial India, 1820-1932, Manchester University Press, 2016. Sur les problématiques liant enfance et décolonisation, voir Yves Denéchère (dir.), Enjeux postcoloniaux de l’enfance et de la jeunesse. Espace francophone (1945-1980), Berne, PIE Peter Lang, 2019.

14 Richard Jobs & David Pomfret (eds.), Transnational Histories of Youth in the Twentieth Century, London, Palgrave Macmillan, 2015 ; Yves Denéchère et Joëlle Droux (dir.), Enfants et relations internationales au XXe siècle, numéro thématique de Relations Internationales, n°161, 2015.

Details

Pages
494
Year
2024
ISBN (PDF)
9783034349109
ISBN (ePUB)
9783034349116
ISBN (Softcover)
9783034349093
DOI
10.3726/b21819
Language
French
Publication date
2024 (May)
Keywords
Enfants métis Eurasien·nes Indochine France migrations déracinement décolonisation postcolonialité intégration assimilation genre mémoire transmission démographie agentivité adoption internationale humanitaire
Published
Bruxelles, Berlin, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2024. 494 p., 17 ill. n/b, 12 tabl.

Biographical notes

Yves Denéchère (Author)

Yves Denéchère est professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers. Il dirige l’UMR TEMOS et le Pôle universitaire ligérien d’études sur l’enfance et la jeunesse. Ses recherches portent sur les enfants dans les relations transnationales : droits des enfants, adoption internationale, migrations d’enfants, enfants et décolonisation.

Previous

Title: Enfants eurasiens d’Indochine aux vents de la décolonisation