Chargement...

L’aspect culturel en traduction juridique

De l’analyse supra, macro, micro et nanoconceptuelle de la terminologie pénale (France et Espagne)

de Jorge Valdenebro Sánchez (Auteur)
©2023 Thèses 566 Pages

Résumé

Cet ouvrage porte sur l’importance des paramètres culturels dans le domaine de la traduction juridique. Afin de corroborer la pertinence de ces aspects extralinguistiques, le travail est organisé en deux parties : une partie théorique et une autre pratique. La partie théorique aborde les systèmes juridiques français et espagnol, le langage et le texte juridiques et la traduction juridique elle-même, notamment les problèmes que les différences culturelles posent et les stratégies à suivre pour y faire face. Concernant la partie pratique, elle concerne l’analyse conceptuelle contrastive, fondée sur la terminologie pénale française et sa traduction en espagnol péninsulaire. Cette analyse, organisée en quatre niveaux (supra, macro, micro et nanoconcepts juridiques), vise à faciliter la tâche du traducteur dans un domaine, le droit, qui est caractérisé par le manque de référents universels. Ainsi, cet ouvrage constitue une recherche dans laquelle la juritraductologie, le droit et la traduction sont combinés de manière théorique et appliquée.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • TABLE DES MATIÈRES
  • LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
  • LISTE DES TABLEAUX
  • LISTE DES FIGURES
  • CHAPITRE 0. INTRODUCTION GÉNÉRALE
  • 0.1. Objectifs
  • 0.2. Méthodologie
  • 0.3. Structure de l’étude
  • CHAPITRE I. LES SYSTÈMES JURIDIQUES FRANÇAIS ET ESPAGNOL
  • 1.1. QU’EST-CE QUE LE DROIT ?
  • 1.2. L’ORIGINE DU DROIT FRANÇAIS ET ESPAGNOL
  • 1.2.1. La codification des droits continentaux
  • 1.3. ORGANISATION DU DROIT EN FRANCE ET EN ESPAGNE
  • 1.3.1. Droit national en France
  • 1.3.1. Derecho interno en Espagne
  • 1.3.2. Droit international
  • 1.4. LES SOURCES DU DROIT EN FRANCE ET EN ESPAGNE
  • 1.4.1. Les sources du droit en France
  • 1.4.2. Les sources du droit en Espagne
  • 1.5. L’ORGANISATION DE LA JUSTICE EN FRANCE EN EN ESPAGNE
  • 1.5.1. L’organisation de la Justice en France
  • 1.5.1.1. L’ordre judiciaire
  • 1.5.1.1.1. Tribunal judiciaire et tribunal de proximité
  • 1.5.1.1.2. Tribunal de commerce
  • 1.5.1.1.3. Conseil de prud’hommes
  • 1.5.1.1.4. Tribunal paritaire des baux ruraux
  • 1.5.1.1.5. Tribunal de police
  • 1.5.1.1.6. Tribunal correctionnel
  • 1.5.1.1.7. Cour d’assises
  • 1.5.1.1.7.1. Cour criminelle
  • 1.5.1.1.8. Cour d’appel
  • 1.5.1.1.9. Cour de cassation
  • 1.5.1.1.10. Tableau illustratif de l’ordre judiciaire
  • 1.5.1.2. L’ordre administratif
  • 1.5.1.2.1. Tribunal administratif
  • 1.5.1.2.2. Cour administrative d’appel
  • 1.5.1.2.3. Conseil d’État
  • 1.5.1.2.4. Tableau illustratif de l’ordre administratif
  • 1.5.1.3. Tribunal des conflits
  • 1.5.1.4. Tableau comparatif de l’ordre judiciaire et administratif
  • 1.5.2. L’organisation de la justice en Espagne
  • 1.5.2.1. Juridictions en Espagne
  • 1.5.2.1.1.
  • 1.5.2.1.1.1. Juzgado de Primera instancia
  • 1.5.2.1.1.2. Juzgado de Instrucción
  • 1.5.2.1.1.3. Juzgado de Primera Instancia e Instrucción
  • 1.5.2.1.1.4. Juzgado de lo Penal
  • 1.5.2.1.1.5. Juzgado de Menores
  • 1.5.2.1.1.6. Juzgado de Vigilancia Penitenciaria
  • 1.5.2.1.1.7. Juzgado de lo Social
  • 1.5.2.1.1.8. Juzgado de lo Contencioso-Administrativo
  • 1.5.2.1.1.9. Juzgado de lo Mercantil
  • 1.5.2.1.1.10. Juzgado de Violencia sobre la Mujer
  • 1.5.2.1.1.11. Juzgado de Paz
  • 1.5.2.1.2. Audiencia Provincial
  • 1.5.2.1.3. Tribunal Superior de Justicia
  • 1.5.2.1.4. Audiencia Nacional
  • 1.5.2.1.5. Tribunal Supremo
  • 1.5.2.1.6. Figure illustrative des juridictions ordinaires en Espagne
  • 1.6. LES ACTEURS DE LA JUSTICE
  • 1.6.1. Les acteurs de la Justice en France
  • 1.6.1.1. Magistrats et juges
  • 1.6.1.2. Avocats
  • 1.6.1.3. Officiers ministériels et officiers publics
  • 1.6.1.3.1. Notaires
  • 1.6.1.3.2. Huissiers de justice
  • 1.6.1.3.3. Greffiers du Tribunal de commerce
  • 1.6.1.3.4. Avocats à la Cour de cassation ou au Conseil d’état
  • 1.6.1.4. Greffiers et directeur de greffe
  • 1.6.1.5. Experts judiciaires
  • 1.6.1.6. Assistants de justice
  • 1.6.1.7. Conciliateurs de justice
  • 1.6.1.8. Médiateurs
  • 1.6.2. Les acteurs de la Justice en Espagne
  • 1.6.2.1. Jueces et magistrados
  • 1.6.2.2. Le Ministerio Fiscal et les fiscales
  • 1.6.2.3. Letrados de la Administración de la Justicia
  • 1.6.2.4. Peritos judiciales
  • 1.6.2.5. Fonctionnaires au service de l’Administración de la Justicia
  • CHAPITRE II. LE LANGAGE ET LE TEXTE JURIDIQUES
  • 2.1. VERS UNE DIFFÉRENCIATION ENTRE LANGUES DE SPÉCIALITÉ ET LANGUE GÉNÉRALE
  • 2.1.1. Quand une langue est-elle de spécialité ?
  • 2.1.2. Caractéristiques linguistiques générales des langues de spécialité
  • 2.1.2.1. Particularités lexicales et sémantiques des langues de spécialité
  • 2.1.2.2. Particularités morphosyntaxiques des langues de spécialité
  • 2.2. LE LANGAGE ET LES DISCOURS JURIDIQUES
  • 2.2.1. Traits caractéristiques généraux
  • 2.2.2. Éléments linguistiques particuliers
  • 2.2.2.1. Orthographe et orthotypographie
  • 2.2.2.1.1. L’usage des majuscules
  • 2.2.2.1.2. L’écriture des mots étrangers
  • 2.2.2.1.3. Signes de ponctuation
  • 2.2.2.2. Les aspects lexico-sémantiques
  • 2.2.2.2.1. Les termes juridiques
  • 2.2.2.2.2. Les termes juridiques
  • 2.2.2.2.3. La polysémie du langage juridique
  • 2.2.2.2.4. L’héritage du latin dans le langage juridique
  • 2.2.2.2.5. L’archaïsme lexical du langage juridique
  • 2.2.2.2.6. L’influence d’autres langues vivantes dans le langage juridique
  • 2.2.2.2.7. Les euphémismes comme stratégie énonciative
  • 2.2.2.2.8. La néologie comme recours linguistique
  • 2.2.2.2.9. La définition : un recours habituel
  • 2.2.2.2.10. Les mots-actes
  • 2.2.2.3. Aspects morpho-syntaxiques
  • 2.2.2.3.1. Les archaïsmes morpho-syntaxiques
  • 2.2.2.3.1.1. L’archaïsme par dérivation, suffixation et les préfixation
  • 2.2.2.3.2. L’ordre de la phrase juridique
  • 2.2.2.3.3. Les couples de mots : les synonymes et les quasi-synonymes
  • 2.2.2.3.4. Phraséologie juridique particulière
  • 2.2.2.3.5. L’autorité juridique : l’expression de l’obligation, l’interdiction et la permission
  • 2.2.2.3.6. Les marques impersonnelles du langage juridique
  • 2.2.2.3.7. La longueur des phrases via la subordination
  • 2.2.2.3.8. La négation et les marques démonstratives
  • 2.2.2.4. Formes discursives et stylistiques
  • 2.3. LE TEXTE JURIDIQUE EN TANT QUE TEXTE SPÉCIALISÉ
  • 2.3.1
  • 2.3.2
  • 2.3.2.1. Typologie des textes spécialisés
  • 2.3.3. Qu’est-ce qu’un texte juridique ?
  • 2.3.3.1. Classifications des textes juridiques
  • 2.3.3.1.1. Le genre : un critère de classification des textes en traduction juridique
  • 2.3.4. Le texte normatif et ses caractéristiques
  • CHAPITRE III. LA TRADUCTION JURIDIQUE EN TANT QUE TRADUCTION DE SPÉCIALITÉ
  • 3.1. VERS UNE DÉFINITION DE TRADUCTION JURIDIQUE
  • 3.1.1. Traduction juridique, traduction judiciaire et traduction assermentée : approximation conceptuelle
  • 3.2. LA TRADUCTION JURIDIQUE : UNE TRADUCTION DE RÉALITÉS CULTURELLES DIFFÉRENTES
  • 3.2.1. Le concept d’anisomorphisme en traduction
  • 3.2.1.1. De l’anisomorphisme culturel en traduction juridique
  • 3.3. LES SUPRA, MACRO, MICRO ET NANOCONCEPTS JURIDIQUES
  • 3.4. LA COMPÉTENCE EN TRADUCTION POUR LA PRISE EN COMPTE DES RÉALITÉS CULTURELLES
  • 3.4.1. La compétence en traduction d’après le groupe PACTE
  • 3.5. L’ÉQUIVALENCE EN TRADUCTION JURIDIQUE
  • 3.5.1. La notion d’équivalence en traduction
  • 3.5.2. L’équivalence en traduction juridique : un enjeu pour le traducteur
  • 3.5.2.1. Les degrés d’équivalence
  • 3.6. LES TECHNIQUES DE TRADUCTION
  • 3.6.1. Les techniques de traduction dans le domaine juridique
  • 3.6.1.1. Proposition de techniques de traduction pour le domaine juridique (France et Espagne)
  • 3.7. LE DROIT COMPARÉ ET LA TRADUCTION JURIDIQUE
  • 3.7.1. La juritraductologie : un champ d’étude interdisciplinaire
  • 3.7.2. Variation linguistique et traduction
  • 3.7.2.1
  • 3.7.2.2. Variation linguistique et traduction
  • 3.7.2.2.1. De la variation jurilinguistique : la variation linguistique appliquée à la traduction juridique
  • CHAPITRE IV. ANALYSE DU CORPUS : VERS UNE ÉTUDE CONCEPTUELLE CONTRASTIVE (FRANCE ET ESPAGNE) DE LA TERMINOLOGIE PÉNALE
  • 4.1. EXTRACTION TERMINOLOGIQUE DU CORPUS
  • 4.1.1. Première phase : extraction des termes substantifs
  • 4.1.2. Deuxième phase : organisation des termes selon les niveaux supra, macro, micro et nanoconceptuels
  • 4.2. PROPOSITION DE NOTRE FICHE TRADUCTOLOGIQUE
  • 4.2.1. Modèle de fiche traductologique
  • 4.3. ANALYSE MICRO ET NANOCONCEPTUELLE DE LA TERMINOLOGIE PÉNALE DU CORPUS
  • 4.3.1. Accusé
  • 4.3.2. Amende
  • 4.3.2.1. Amende civile
  • 4.3.2.2. Amende d’intérêt public
  • 4.3.2.3. Amende de composition
  • 4.3.2.4. Amende forfaitaire
  • 4.3.3. Arrêt
  • 4.3.3.1. Arrêt contradictoire
  • 4.3.3.2. Arrêt correctionnel
  • 4.3.3.3. Arrêt d’acquittement
  • 4.3.3.4. Arrêt de condamnation
  • 4.3.3.5. Arrêt de déclaration d’irresponsabilité pénale
  • 4.3.3.6. Arrêt de rejet
  • 4.3.3.7. Arrêt de renvoi
  • 4.3.3.8. Arrêt motivé
  • 4.3.3.9. Arrêt préparatoire
  • 4.3.3.10. Arrêt sur le fond
  • 4.3.4. Contravention
  • 4.3.5. Cour
  • 4.3.5.1. Cour d’appel
  • 4.3.5.2. Cour d’assises
  • 4.3.5.3. Cour de cassation
  • 4.3.5.4. Cour de justice de la République
  • 4.3.5.5. Cour de justice de l’Union européenne
  • 4.3.5.6. Cour de révision et de réexamen
  • 4.3.6. Crime
  • 4.3.7. Délit
  • 4.3.8. Dénonciation
  • 4.3.9. Gendarmerie
  • 4.3.10. Greffier
  • 4.3.11. Juge
  • 4.3.11.1. Juge administratif
  • 4.3.11.2. Juge assesseur
  • 4.3.11.3. Juge d’instance
  • 4.3.11.4. Juge d’instruction
  • 4.3.11.5. Juge de l’application des peines
  • 4.3.11.6. Juge de police
  • 4.3.11.7. Juge délégué
  • 4.3.11.8. Juge des enfants
  • 4.3.11.9. Juge des libertés et de la détention
  • 4.3.11.10. Juge des référés
  • 4.3.11.11. Juge des tutelles
  • 4.3.11.12. Juge pénal
  • 4.3.11.13. Juge unique
  • 4.3.12. Jugement
  • 4.3.12.1. Jugement contradictoire
  • 4.3.12.2. Jugement d’incompétence
  • 4.3.12.3. Jugement de clôture pour extinction du passif
  • 4.3.12.4. Jugement de condamnation
  • 4.3.12.5. Jugement de déclaration d’irresponsabilité pénale
  • 4.3.12.6. Jugement de révision
  • 4.3.12.7. Jugement définitif
  • 4.3.12.8. Jugement en dernier ressort
  • 4.3.12.9. Jugement exécutoire
  • 4.3.12.10. Jugement motivé
  • 4.3.12.11. Jugement sur le fond
  • 4.3.13. Magistrat
  • 4.3.13.1. Magistrat assesseur
  • 4.3.13.2. Magistrat de l’ordre judiciaire
  • 4.3.13.3
  • 4.3.13.4. Magistrat du parquet
  • 4.3.13.5. Magistrat du siège
  • 4.3.13.6. Magistrat instructeur
  • 4.3.14. Ministère public
  • 4.3.15. Ordonnance
  • 4.3.15.1. Ordonnance d’irresponsabilité pénale
  • 4.3.15.2. Ordonnance de non-lieu
  • 4.3.15.3. Ordonnance de prise de corps
  • 4.3.15.4. Ordonnance de rejet
  • 4.3.15.5. Ordonnance de renvoi
  • 4.3.15.6. Ordonnance motivée
  • 4.3.16. Personne mise en accusation
  • 4.3.17. Personne mise en cause
  • 4.3.18. Personne mise en examen
  • 4.3.19. Plainte
  • 4.3.20. Prévenu
  • 4.3.21. Témoin
  • 4.3.21.1. Témoin assisté
  • 4.3.22. Tribunal
  • 4.3.22.1. Tribunal communautaire de première instance
  • 4.3.22.2. Tribunal correctionnel
  • 4.3.22.3. Tribunal criminel
  • 4.3.22.4. Tribunal d’instance
  • 4.3.22.5. Tribunal de commerce
  • 4.3.22.6. Tribunal de grande instance
  • 4.3.22.7. Tribunal de l’application des peines
  • 4.3.22.8. Tribunal de police
  • 4.3.22.9. Tribunal pour enfants
  • 4.3.22.10. Tribunal judiciaire
  • 4.3.22.11
  • 4.3.23. Victime
  • 4.4. TABLEAU RÉCAPITULATIF DES TRADUCTIONS DE L’ANALYSE MICRO ET NANOCONCEPTUELLE
  • RÉFLÉXIONS FINALES
  • BIBLIOGRAPHIE
  • Références bibliographiques
  • Ressources lexicographiques
  • Législation et normative française et espagnole consultées
  • Sites et pages internet
  • ANNEXES
  • Annexe 1. Termes du corpus au singulier
  • Annexe 2. Organisation des termes du corpus en supra, macro, micro et nanoconcepts juridiques

←20 | 21→

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

Art.

Article

BGB

Bürgerliches Gesetzbuch

C. Cass.

Cour de cassation

CA

Cour d’appel

CCE

Código Penal (Espagne)

CCF

Code civil (France)

CE

Constitución Española

CF

Constitution française

Cf.

Confer

CNRTL

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales

CPC

Code de procédure civile

CPE

Código Penal (Espagne)

CPF

Code pénal (France)

CPP

Code de procédure pénale

DLE

Diccionario de la Lengua Española

DPEJ

Diccionario Panhispánico del Español Jurídico

ESIT

École Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs

LEC

Ley de Enjuiciamiento Civil

LECrim

Ley de Enjuiciamiento Criminal

LOMCP

Ley Orgánica 1/2015, de 30 de marzo, por la que se modifica la Ley Orgánica 10/1995, de 23 de noviembre, del Código Penal

LOPJ

Ley Orgánica del Poder Judicial

S., suiv.

Suivant(s), suivante(s)

UE

Union européenne

←26 | 27→

CHAPITRE 0. INTRODUCTION GÉNÉRALE

La traduction est une activité qui remonte au besoin d’échange entre deux cultures ne partageant pas la même langue. À cet égard, « […] c’est parce que les hommes parlent des langues différentes que la traduction existe » (Ricœur, 1999, p. 8). La langue devient alors le vecteur d’une culture, ce qui entraîne le fait que la traduction possède un caractère culturel qui doit être pris en considération par le traducteur. Cette activité n’implique pas seulement un échange linguistique, mais aussi extralinguistique, car il s’agit d’une communication entre deux cultures ayant chacune des particularités spécifiques, parfois très éloignées les unes des autres. Si la culture est, grosso modo, l’ensemble des règles, traditions et modes de vie idiosyncratiques d’une société, elle ne peut jamais être la même dans son intégrité dans toutes les nations. Ainsi, « [p]‌arler de traduction signifie parler du besoin de communication interlinguistique et interculturelle » (González Matthews, 2003, p. 1).

Il est hors de question qu’en traduction les aspects linguistiques soient très importants, mais il ne faut pas les prioriser au détriment des phénomènes culturels. À quoi sert la connaissance de la grammaire et du vocabulaire si on méconnaît la dimension culturelle de la langue ?1 Se borner exclusivement aux paramètres linguistiques en traduction peut entraîner la production d’un texte incompréhensible pour les lecteurs de la culture cible, avec des erreurs comme le faux-sens ou le non-sens, entre autres.

←27 | 28→Malgré l’importance, aujourd’hui reconnue, de l’aspect culturel en traduction l’histoire nous montre que ce phénomène n’a pas toujours été pris en considération. En effet, dans le passé, la traduction privilégiait la forme, qui était un signe de respect, de clarté et d’élégance (Ballard, 1992, p. 86), au détriment du contenu et des paramètres culturels. Preuve en est les textes bibliques : toute traduction s’éloignant du mot à mot suffisait pour incriminer les traducteurs et les brûler sur le bûcher, comme ce fut le cas pour Dolet.

Cette manière de concevoir la traduction est présente aussi dans le domaine de la traduction juridique, traditionnellement « […] considérée par les juristes comme une activité purement linguistique […] » (Monjean-Decaudin, 2012, p. 1). En effet, c’est très récemment que le droit fut considéré comme une discipline culturelle en traduction. Le pouvoir que la religion avait et son lien avec le droit a donné lieu pendant plusieurs siècles à une traduction juridique marquée par le mot à mot.

Il faudra attendre la seconde moitié du xxe siècle, avec la naissance de la traductologie et l’essor de l’intérêt théorique pour la traduction des textes appartenant à des domaines de spécialité, tel que le droit, pour s’apercevoir que l’aspect culturel constitue une perspective digne d’étude dans le domaine de la traduction juridique. Mais pourquoi la culture est-elle si importante en traduction juridique ? La réponse nous paraît assez claire, et c’est parce que « […] le droit est une matière culturellement marquée car il s’est élaboré en corrélation avec les particularités de la société auquel il est attaché, cette dernière organisant le monde selon une vision conceptuelle qui lui est propre » (Parvaz Ahmad, 2019, p. 7). Le fait que le droit soit fortement lié à une société signifie qu’il possède un caractère national et que les concepts relevant de cette discipline puissent rarement franchir des frontières. À cet égard, Alaoui Moretti (2002, p. 51) affirme que :

[l]‌e monde juridique est différent. Chaque système de droit se caractérise par sa singularité fondamentale étant donné qu’il est élaboré dans un contexte national bien précis et destiné à répondre aux aspirations spécifiques d’une communauté. C’est ainsi que le droit exprime au plus haut degré la culture.

En conséquence, par rapport à d’autres domaines où l’existence de référents universels est plus élevée, comme c’est le cas de la médecine (une grippe, à titre d’exemple, renvoie à une réalité partagée de toutes les cultures, bien que la façon de la nommer diffère), le droit est caractérisé par le manque de concepts communs dans les différents systèmes. Cela entraîne une problématique ajoutée à la tâche du traducteur, tel que Pelage (2001, p. 25) le soutient :

←28 | 29→La mise en relation de deux systèmes de droit est effectivement un problème pour le traducteur. Il l’est aussi pour le juriste. Cette constatation nous amène à comparer les systèmes de droit non plus à d’autres systèmes sociaux mais aux systèmes scientifiques.

Un mathématicien, un physicien, un chimiste, qui a étudié sa discipline aux Etats-Unis et a appris à résoudre des problèmes d’une certaine nature, pourra résoudre les mêmes problèmes au Japon ou en Suède. En bref, ses connaissances techniques sont directement transposables dans un autre milieu. Par contre, un juriste spécialisé dans les successions en droit français ne peut pas donner une consultation sur une question de succession en droit espagnol, même s’il connaît le castillan, à moins qu’il n’ait étudié les deux systèmes de droit : ses connaissances techniques ne sont pas directement transposables dans un autre milieu. C’est là une conséquence directe du lien fondamental entre droit et société.

Ainsi, le langage juridique va véhiculer des notions attachées à une culture précise. Une traduction ne prenant pas en considération les dimensions culturelles de chaque système risquera toujours d’impropriété, contresens et même de non-sens du point de vue juridique, tels que plusieurs auteurs considèrent (Crépeau, 1993 ; Sacco, 1999 ; Viau, 2000 ; Gémar, 2011 ; entre autres). La tâche du traducteur juridique doit être donc celle « […] de pont non seulement entre deux langues, mais aussi entre deux cultures et deux systèmes juridiques » (Baudoin, 2020, p. 252).

Ce problème concernant les divergences culturelles (généralement dénommées dans ce travail comme anisomorphismes culturels ou asymétries culturelles) est plus fréquemment analysé avec des systèmes ne partageant pas la même famille juridique, comme c’est le cas de ceux qui font partie de la common law et du droit romano-germanique. A priori, les différences que l’on peut y trouver sont plus évidentes par rapport aux systèmes qui font partie d’une même famille, comme c’est le cas des cultures juridiques objet de ce travail — française et espagnole — qui proviennent du droit romano-germanique. Même s’il est vrai que ce tronc commun peut donner lieu à une proximité plus elevée, cela ne signifie pas que les anisomorphismes culturels soient inexistants. Le traducteur travaillant avec les systèmes français et espagnol, par exemple, peut, dans ce sens, trouver les mêmes difficultés que le traducteur travaillant avec deux systèmes provenant de familles différentes. À cet égard, Soriano Barabino (2013, p. 65) affirme que « […] dicha cercanía entre ordenamientos jurídicos no es óbice para llegar a tal conclusión y, de hecho, el traductor encuentra las mismas dificultades en cuanto a comprensión de conceptos jurídicos básicos que aquel que posee cualquier otra combinación lingüística ». Expósito Castro (2020, p. 15), pour sa part, souligne que :

←29 | 30→[l]‌os ordenamientos y culturas jurídicas de Francia y España forman parte del denominado Derecho Continental o Romano-Germánico, cuyas raíces ahondan en la tradición latina, la codificación napoleónica y los valores positivistas ilustrados. A pesar de dicha univocidad en el sistema, los ordenamientos nacionales presentan notables diferencias en tanto que la evolución jurídica en cada Estado es reflejo de las características y complejidades de cada sociedad y cultura.

De surcroît, cette particularité du droit liée au concept de nation est fortement lié à un autre problème : les textes juridiques sont porteurs d’effets légaux. En effet, « [l]‌es textes du droit ne sont pas seulement performatifs, ce sont des textes prescriptifs porteurs d’effets juridiques obligatoires » (Petrů, 2016, p. 182). Ces effets sont conçus, pourtant, dans une culture donnée et vont différer normalement, à un degré plus ou moins élevé, de ceux du système cible qui fait l’objet d’une traduction. Ainsi, le traducteur ne doit pas se borner à traduire la lettre et l’esprit du texte juridique, mais doit respecter aussi l’effet légal qu’il porte. Cela réduit considérablement l’emploi des adaptations culturelles, recours très utilisé en traduction littéraire, où la recherche de l’effet équivalent du lecteur cible est priorisée. D’autres domaines de la traduction peuvent se permettre des transformations dans le texte cible afin de produire le but souhaité et de se faire comprendre. Nous constatons ce phénomène, par exemple, dans la traduction des titres des films, qui peuvent varier considérablement par rapport au titre original à des fins de marketing et/ou d’une meilleure réception par la culture d’arrivée. En revanche, dans le domaine du droit, c’est l’effet juridique qui doit être priorisé et même si l’effet équivalent du lecteur cible est aussi un élément à prendre en compte, il l’est à un degré « mineur », car « […] en droit on traduit pour se faire comprendre non seulement sur le plan linguistique, mais notamment pour créer les textes cibles dotés des mêmes effets juridiques que les textes sources » (Petrů, 2016, p. 183). Dans ce sens, Barceló Martínez, Delgado Pugés et Valdenebro Sánchez (2020, p. 111) affirment comme suit :

No se trata, simplemente, de buscar el «efecto equivalente» (Nida, 1964), sino de respetar el contenido legal de la cultura origen en una lengua meta diferente con un sistema propio. En aquellos casos en los que el objetivo de la traducción no sea mantener ese efecto legal, el traductor podría gozar de una mayor «libertad» para producir un efecto equivalente en la lengua de destino, pudiendo incluso, en determinadas ocasiones, cambiar referentes culturales en aras de una lectura lo más natural posible por parte del destinatario.

Toutes ces considérations nous conduisent à réfléchir à l’importance des phénomènes culturels en traduction juridique, car celle-ci confronte le traducteur à des situations où il doit trouver un équivalent linguistique dans la langue ←30 | 31→cible pour un concept (juridique en l’occurrence) propre de la culture source. Nous posons alors la question des mécanismes à suivre afin de produire un texte adapté à la culture cible tout en respectant l’effet juridique de la culture source. Ainsi, notre travail entend répondre à cette question.

0.1. Objectifs

Ce travail vise un objectif principal, qui est celui d’analyser de manière conceptuelle et contrastive la terminologie du Code de procédure pénale français et sa traduction à l’espagnol péninsulaire. Pour ce faire, nous nous sommes fixé les objectifs secondaires suivants :

  • Mettre l’accent sur l’importance des connaissances culturelles (juridiques) dans la traduction de ce domaine de spécialité. Pour ce faire, un parcours théorique abordant le lien entre les cultures juridiques et la traduction sera démontré.
  • Mener à bien une classification conceptuelle à partir de la terminologie pénale de notre corpus de référence. Cette hiérarchie par niveaux sera fondée sur l’étude de Barceló Martínez, Delgado Pugés et Valdenebro Sánchez (2020) et vise à faciliter le travail du traducteur dans l’identification des anisomorphismes culturels dans le domaine juridique.
  • Élaborer une classification des degrés d’équivalence conceptuelle, fondée sur la proposition de Barceló Martínez et Valdenebro Sánchez (2019), qui nous permettra de constater le niveau de correspondance entre le concept du système français et celui du système espagnol.
  • Concevoir une proposition de techniques de traduction appliquées à notre corpus de référence et fondées sur les différentes techniques de traduction déjà proposées dans le domaine juridique.
  • Proposer des traductions pour les termes objet de l’analyse conceptuelle contrastive de ce travail. Ces traductions seront fondées sur différents contextes tirés de notre corpus de référence, d’une part, et de la jurisprudence française, d’autre part, prendront en considération le degré d’équivalence existant entre le concept source et le concept cible et appliqueront les techniques de traductions pertinentes selon le cas.

Dans le but d’atteindre nos objectifs, nous avons regroupé toutes ces informations de notre analyse conceptuelle contrastive dans un modèle de fiche traductologique et nous avons suivi une méthodologie structurée en différentes étapes, que nous passons à détailler dans le paragraphe suivant.

←31 | 32→

0.2. Méthodologie

Ce travail a été élaboré à partir de la méthodologie décrite ci-dessous, structurée de plusieurs étapes et en appliquant différentes approches.

En premier lieu, à partir d’une approche empirique-analytique, nous avons mené à bien une extraction terminologique de notre corpus de référence, le Code de procédure pénale français (ci-après, CPP). Cette première partie comprend les étapes suivantes :

En deuxième lieu, une phase documentaire théorique est venue afin de soutenir notre partie pratique. Ainsi, la partie théorique de cette étude est fondée sur la méthode descriptive et critique. Nous avons consulté la bibliographie abordant les aspects qui nous permettent de nourrir l’objet de notre étude, à noter :

Résumé des informations

Pages
566
Année de publication
2023
ISBN (PDF)
9783631896907
ISBN (ePUB)
9783631896914
ISBN (Relié)
9783631896891
DOI
10.3726/b20672
Langue
français
Date de parution
2023 (Mai)
Mots clés
Approche extralinguistique de la traduction juridique Systèmes juridiques français et espagnol Le droit comparé dans la traduction juridique
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2023. 566 p., 17 ill. n/b, 32 tabl.

Notes biographiques

Jorge Valdenebro Sánchez (Auteur)

Jorge Valdenebro Sánchez est docteur en traductologie de l’Université de Lorraine et maître de conférences dans cette même Université. Il enseigne la traduction générale et spécialisée, ainsi que les théories traductologiques, dans le cadre de la licence en Langues Étrangères Appliquées et du master Bilingue-biculture, traductologie/traduction. Il est membre du centre de recherches Littératures, Imaginaire, Sociétés (LIS) et ses travaux portent principalement sur la traduction juridique, judiciaire et assermentée. Il est également traducteur-interprète assermenté (français-espagnol) près la cour d’appel de Nancy.

Précédent

Titre: L’aspect culturel en traduction juridique