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Les genres en anglais de spécialité : définitions, méthodologies d'analyse et retombées pédagogiques

de Gwen Le Cor (Éditeur de volume) Margaux Coutherut (Éditeur de volume)
©2023 Collections 208 Pages

Résumé

Prononcer le mot genre, c’est déjà classer et proposer un cadre. Pourtant, le genre doit aussi être envisagé comme une forme dynamique. En anglais de spécialité, il est souvent multimodal, voire multimédia. Outre l’interaction entre texte et image dans les articles scienti ques et économiques, le passage du journalisme papier au journalisme en ligne nécessite un changement de mode d’analyse pour s’attacher au média d’écriture.
Les différents chapitres de cet ouvrage s’intéressent au contexte dans lequel un discours est produit et à son environnement, ainsi qu’à ses évolutions et ses adaptations à une culture ou une époque. Ils proposent un cadre théorique et donnent un aperçu varié des genres liés à différents domaines professionnels. Ils s’intéressent aussi aux retombées pédagogiques possibles qui leur sont liées.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Introduction
  • Première Partie : Réflexions théoriques
  • Réflexions sur les genres de discours produits par les milieux spécialisés : quelle grille d’analyse envisager ?
  • Deuxième partie : Les genres professionnels
  • L’analyse de genre comme point d’entrée dans un discours hétérogène : topographie des productions discursives des think tanks aux États-Unis
  • La spécialisation des genres journalistiques : le cas du New York Times
  • Le genre de l’article d’expert professionnel : Une étude sur corpus dans le domaine de la documentation en entreprise
  • Les tutoriels vidéo de claquettes américaines : un genre procédural spécialisé ?
  • Troisième partie : Applications didactiques de l’étude de genre
  • Présentation, description et enseignement d’un genre spécialisé de l’anglais de la police : les suspect interviews (auditions de mis en cause)
  • Enseigner une langue spécialisée par les genres de discours : l’anglais de la santé à l’Université Grenoble Alpes
  • Présentation des auteurs (par ordre de parution des articles)
  • Index des notions
  • Index des noms propres

Gwen Le Cor et Margaux Coutherut

Introduction

Commençons par une question volontairement provocatrice : Qu’est-ce qu’un genre ? La réponse est aussi vaste qu’elle est protéiforme. Pourtant, prononcer le mot genre, c’est déjà classer et proposer une forme relativement stable et immédiatement reconnaissable. Le genre littéraire renvoie au poème, au roman, à la nouvelle, au théâtre… mais une fois cela dit, nous n’avons pas dit grand-chose, à part peut-être proposé un cadre. La définition est loin d’être simple, Jean-Marie Shaeffer y consacre un ouvrage entier : Qu’est-ce qu’un genre littéraire ? (Éditions du Seuil 1989). De même, le genre musical permet de distinguer entre le classique, le blues, le jazz, la pop, le rock, le grunge, la musique électronique…, et se subdivise ensuite en une multitude de sous-catégories. Jean-Michel Adam qui a beaucoup travaillé sur la définition des types de textes, insiste sur l’importance d’analyser les genres spécifiques et les sous-genres (2001 : 19).

En anglais de spécialité, l’analyse de genre est devenue un sujet clé pour les chercheurs anglophones. Le terme est apparu en 1981 sous la plume d’Elaine Tarone et ses collègues dans un article traitant de la voix passive en astrophysique (Paltridge & Starfield 201 : 347). La même année, John Swales a également employé le terme à propos de la structure des introductions d’articles de recherche. La conceptualisation actuelle trouve son origine dans la linguistique systémique fonctionnelle de Michael Halliday (1985) ainsi que dans les travaux de John Swales qui l’a adaptée à la langue de spécialité, dans un ouvrage fondateur de 1990, Genre Analysis. English in Academic and Research Settings. Elle a depuis été reprise et développée et a fait l’objet de plusieurs ouvrages parmi lesquels on peut citer Analysing Genre: Language Use in Professional Settings (Bhatia1993), Genre and the Language Learning Classroom (Paltridge 2001), Genre in the Classroom: Multiple Perspectives (Johns 2002), Genre and Second Language Writing (Hyland 2004), Explorations in Specialized Genres (Bhatia & Gotti 2006), Building Genre Knowledge (Tardy 2009), Genre: An Introduction to History, Theory, Research, and Pedagogy (Bawarshi & Reiff 2010). Pourquoi dès lors s’intéresser – à nouveau – au genre ? Précisément du fait des différences théoriques entre l’approche anglophone de l’English for Specific Purposes (ESP) et l’école française de l’anglais de spécialité. Le but est aussi de s’intéresser à des genres peu étudiés, comme l’audition de mis en cause. Il s’agira d’une part de se reposer la question de la définition du genre en s’attachant à leur degré de spécialisation ainsi qu’aux méthodologies d’analyse, et d’autre part d’étudier les retombées didactiques.

Qu’est-ce alors qu’un genre en anglais de spécialité ? Notre définition s’appuie nécessairement sur les réflexions de l’école anglophone de l’ESP, qu’il nous faut en partie reprendre. Selon Dell Hymes (1962), un genre est un « événement de communication » (« communicative event ») qui peut être reconnu grâce à des traits caractéristiques. Une fonction particulière (scientifique, technique, idéologique, officielle…) et des conditions spécifiques caractéristiques d’un échange donnent naissance à un type de production verbale relativement stable d’un point de vue thématique, compositionnel et stylistique, qui est facilement reconnu par les hommes qui le lisent : article de journal, interview ou biographie (Bakhtine 1984 : 285) par exemple. Paltridge le souligne, l’analyse de genre en ESP doit beaucoup aux travaux de John Swales et a donné lieu à de multiples études de la structure des articles de recherche, des lettres (lettres de motivation, lettre promotionnelle…) ou encore des documents législatifs (Paltridge & Starfield 2013 : 349). Pour John Swales (1990 : 46), tous les textes appartenant à un même genre ont les mêmes buts communicatifs et des stratégies semblables en ce qui concerne la structure et les choix lexicaux et grammaticaux. Vijay Bhatia souligne également l’aspect communicationnel :

Genre essentially refers to language use in a conventionalized communicative setting in order to give expression to a specific set of communicative goals of a disciplinary or social institution, which give rise to stable structural forms by imposing constraints on the use of lexico-grammatical as well as discoursal resources. (Bhatia 2004: 23, nous soulignons).

Les chercheurs essaient maintenant de décrire ce que J. Swales (2009 : 6) désigne par « genres cachés » (« occluded genres ») : « those that are hidden and out of sight to all but a privileged and expert few ». La plupart de ces analyses, comme celles de Jean-Michel Adam, s’attachent au texte, mais le genre est aujourd’hui souvent multimodal, voire multi-médiatique. Outre l’interaction entre texte et image dans les articles scientifiques et économiques, le passage du journalisme papier au journalisme en ligne nécessite un changement de mode d’analyse pour s’attacher au média d’écriture. Dans Writing Machines, Katherine Hayles (2002) nous incite à prendre en compte la matérialité du média dans nos analyses littéraires et parle de « media specific analysis ».

In calling for MSA [Media Specific Analysis], I do not mean to advocate that media should be considered in isolation from one another. On the contrary, media constantly engage in a RECURSIVE dynamic of imitating each other, incorporating aspects of competing media into themselves while simultaneously flaunting the advantages their own forms of mediation offer. (Hayles, 30)

L’analyse de genre doit elle aussi s’intéresser au media au sens large, c’est-à-dire, au contexte dans lequel un discours est produit, et à son environnement. Des genres oraux comme la conférence ou le tutoriel vidéo ne doivent pas être négligés.

Le genre peut aussi s’envisager dans une perspective sociale et historico-culturelle : V. Bhatia (1993 : 13) et Jean-Paul Bronckart (1996 : 111) soutiennent que chaque genre est lié à une communauté précise qui l’a créé et qui a défini la façon dont il devait être organisé. Joaquim Dolz et Roxane Gagnon (2008) insistent quant à eux sur le contexte social en prenant l’exemple du genre de l’entretien d’embauche :

la prise en compte des dimensions de la situation d’interaction sont fondamentales dans la compréhension du genre, à savoir l’adaptation au lieu de travail, au destinataire et au profil du poste convoité ainsi que la prise en compte de la visée, mettre en valeur sa candidature pour qu’elle soit sélectionnée parmi les autres candidatures. (§ 6)

Ils poursuivent en expliquant que l’entretien s’insère aussi dans un cadre précis et réglé « rituels d’ouverture et de clôture, postures énonciatives en fonction du poste convoité, attitudes corporelles, formules et gestes marquant la politesse, etc. » (Dolz & Gagnon 2008 : § 7).

Les évolutions et les adaptations d’un genre à une culture ou une époque sont cruciales en anglais de spécialité. Elles influent aussi bien sur la forme de l’entretien d’embauche, que sur celle des éditoriaux dont les codes varient en fonction de la ligne directrice du journal, ou encore sur le compte rendu d’expérience en physique-chimie (lab report). À titre d’exemple, la crise sanitaire de la Covid-19 et le confinement qu’ont mis en place de nombreux pays, aura fait évoluer de nombreuses pratiques professionnelles et notamment le genre de la réunion en imposant le recours à la visioconférence. Le genre, tel que nous le concevons, est donc dynamique et multimodal.

Les différents chapitres de cet ouvrage mettent en avant cette multimodalité et nous donnent un aperçu varié des genres liés à différents domaines ainsi qu’aux retombées pédagogiques possibles qui leur sont liées.

La première partie de l’ouvrage propose un cadre théorique. Catherine Resche partage ses réflexions sur les genres de discours produits par les milieux spécialisés et s’interroge sur la grille d’analyse à envisager pour leur étude. Son travail permet de cadrer le sujet et de poser les définitions de genre et de milieu spécialisé utiles dans tout l’ouvrage.

La deuxième partie est consacrée à l’étude de différents genres professionnels. Mathilde Gaillard (chapitre 2) utilise le prisme de l’analyse de genres comme point d’entrée pour étudier les productions discursives des think tanks aux États-Unis qu’elle décrit comme un discours hétérogène et propose d’en faire une topographie pour nous donner une vision plus claire des différents genres produits par ces groupes de réflexion privés.

Caroline Peynaud (chapitre 3) s’intéresse aux genres journalistiques qui paraissent dans le New York Times et à leur degré de spécialisation et de variation en les comparant aux mêmes genres produits par des communautés de discours différentes.

Résumé des informations

Pages
208
Année
2023
ISBN (PDF)
9783034346184
ISBN (ePUB)
9783034346191
ISBN (Broché)
9783034342513
DOI
10.3726/b20196
Langue
français
Date de parution
2023 (Juin)
Mots clés
Genre Nouveaux médias Pédagogie et analyse
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2023. 208 p.

Notes biographiques

Gwen Le Cor (Éditeur de volume) Margaux Coutherut (Éditeur de volume)

Margaux Coutherut est maître de conférences en grammaire anglaise et anglais de spécialité à l’Université Paris 8. Elle est membre du Laboratoire TransCrit et s’inscrit dans l’axe Textualités contemporaines. Ses recherches portent sur l’analyse des genres discursifs en anglais de spécialité et en particulier sur le volet linguistique, lexical et structurel des discours procéduraux destinés aux amateurs et aux professionnels, qu’ils soient sous forme de textes écrits ou de tutoriels oral ou vidéo. Gwen Le Cor est professeur de littérature américaine et d’anglais de spécialité à l’Université Paris 8, et est membre de l’Unité de recherche TransCrit. Ses recherches récentes portent sur les gures de l’hybridité, sur l’écriture multimodale, ainsi que sur la littérature américaine contemporaine. Elle travaille également sur le discours scienti que, les croisements littérature- informatique et plus largement le domaine des humanités numériques.

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