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De la postmémoire à la mémoire multidirectionnelle De la postmemòria a la memòria multidireccional

Dialogues de mémoires et constructions identitaires Diàlegs de memòries i construccions identitàries

by Isabel Marcillas Piquer (Volume editor) María Isabel Corbí Sáez (Volume editor)
©2023 Edited Collection 274 Pages

Summary

Composé selon trois axes fédérateurs : Littérature ; Arts scéniques et audiovisuels ; Éducation, et s’encadrant dans les memory studies, ce volume collectif donne à lire des analyses qui se penchent sur les enjeux actuels des oeuvres mémorielles dans leur potentiel pour sortir de l’oubli et diffuser les passés traumatiques des différentes communautés et groupes sociaux, pour favoriser les sentiments d’identités collectives, et dans celui de promouvoir les dialogues de mémoires sans prééminence.
Compost segons tres eixos unificadors: Literatura, Arts escèniques i audiovisuals i Educació, aquest volum col·lectiu s’enquadra en l’àmbit dels memory studies i aborda els reptes actuals de les obres memorials en el seu potencial. Es proposa treure de l’oblit i difondre els passats traumàtics de diferents grups socials per afavorir el sentiment de pertinença a multiples identitats col·lectives, així com per promoure‘n els diàlegs al voltant de les memòries sense preeminències.

Table Of Contents

  • Cover
  • Title
  • Copyright
  • A propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire / Índex
  • Présentation / Presentació
  • Approches pluridisciplinaires d’études mémorielles. Vers la mémoire multidirectionnelle, en guise de présentation
  • Aproximacions pluridisciplinàries sobre estudis memorials. Cap a la memòria multidireccional. A mode de presentació
  • Introduction / Introducció
  • Deux concepts mémoriels. Enjeux épistémologiques de la « mémoire multidirectionnelle » et de la « postmémoire »
  • Littératures et mémoires / Literatures i memòries
  • Najat El Hachmi ou comment dire la transmission au féminin ?
  • Revenir à toi (2021) de Léonor de Récondo. Magdalena vs Antigone et la mémoire multidirectionnelle
  • Jorge Semprún : Se taire pour, ainsi, dire
  • Expérience exilique et quête identitaire dans la poésie francophone
  • Mémoires multidirectionnelles de la violence en Algérie, patrimonialisation, altérité féminine et expressions artistiques
  • Una aproximación a la memoria multidireccional en la literatura chicana
  • Arts scéniques et audiovisuels… / Arts escèniques i audiovisuals…
  • Literatura dramàtica catalana i memòria democràtica (1983–2006)
  • Literatura dramàtica i memòria: La vida inventada de Godofredo Villa de Sònia Alejo
  • Presoners: La correspondència entre l’oblit i la memòria
  • Comment raconter les massacres oubliés : stratégies d’adaptation mémorielle chez Alexandra Badea et Radu Jude
  • La voix de l’art, la voix dans l’art « Rescate por la memoria » ou la voix et la mémoire du peuple péruvien
  • Mémoire et éducation / Memòria i educació
  • La formación continua del profesorado para la memoria democrática
  • Los lugares de la memoria democrática como recurso para la educación en valores: algunos ejemplos en el Estado español
  • Présentation des auteurs et autrices / Presentació dels autors i autores
  • Présentation des auteurs•trices

María Isabel Corbí Sáez & Isabel Marcillas-Piquer

Université d’Alicante

Approches pluridisciplinaires d’études mémorielles. Vers la mémoire multidirectionnelle, en guise de présentation

Les recherches développées par les membres du groupe interdisciplinaire de travail HISPOME (Histoire et poétiques de la mémoire) de l’université d’Alicante portent depuis plusieurs années sur les questions mémorielles (récupération de la mémoire historique/démocratique ; postmémoire à partir de la littérature, des arts visuels, de l’histoire, des témoignages oraux, le rôle de l’éducation dans la transmission mémorielle, parmi d’autres aspects), sans oublier la perspective de genre qui retient l’attention de divers·es chercheurs·es de notre groupe. Nombre des résultats atteints dans nos recherches peuvent être consultés et lus, entre autres, dans divers volumes collectifs tels que Història i Poètiques de la Memòria: La violència política en la representació del franquisme (2016), Silenci, oblit i preservació de la memòria democràtica (2018), Les femmes et la guerre. Mémoire démocratique et droits humains / Dona i guerra. Mémoire démocratique et droits de l’homme (2020), ou encore Miradas del sur. La patrimonialización de la memoria colectiva (2022).

Les recherches de notre groupe et les publications qui s’en sont dérivées constituent un indicateur de l’intérêt porté aux questions de la mémoire dans ses dimensions individuelle, familiale et collective, et, par conséquent, à sa transmission de génération en génération, de même qu’aux diverses actions individuelles, institutionnelles et politiques qui permettent d’assurer cette dernière. Notre époque, considérée depuis plusieurs décennies comme celle du mémoriel, présidée par la conscience du devoir de mémoire à l’égard des événements tragiques de l’histoire et le droit de reconnaissance et de réparation des victimes, a établi de nouveaux liens avec le passé, en promouvant de fertils et novateurs débats dans la sphère publique. Des débats auxquels contribue également en parallèle une prolixe production culturelle dans tous ses modes et formes d’expression qui s’inspire et verse sur les questions de mémoire.

Se situant dans une perspective culturelle, et considérant les œuvres mémorielles comme moyen de promouvoir les sentiments d’identités collectives, comme instruments pour stocker, consolider et diffuser les expériences des différentes communautés et groupes sociaux, particulièrement, celles qui sont liées aux passés traumatiques, aux violences historiques, aux guerres, aux génocides, aux crimes de masse, etc., le présent volume collectif s’organise principalement autour des concepts de postmémoire et de mémoire multidirectionnelle. Marianne Hirsch, dans les années 90, se référant aux descendants·es directs·es des survivants·es de l’Holocauste, a défini la notion de postmémoire comme celle qui caractérise l’expérience des deuxième et troisième générations qui n’ayant pas vécu l’expérience traumatique des ascendants·es sont cependant déterminés·ées par une histoire et une mémoire antérieures à leur naissance. Cette notion qui sera reprise et nuancée postérieurement par d’autres théoriciens·nes de l’Holocauste et par Hirsch elle-même, sera appliquée à d’autres mémoires héritées de passés traumatiques. Finalement, dans ce qu’elle décrit une mémoire mediatisée, subjective, affective et fragmentaire, cette notion s’inscrit dans la culture postmoderne et dans sa vocation d’interroger les récits et vérités absolus, une culture qui accorde une légitimité à la pluralité de perspectives, de voix et de discours, et qui définit le présent en fonction d’un passé, representé jusque très récemment à la lueur de l’autorité des idéologies modernes, des pouvoirs et récits officiels.

Le deuxième axe sur lequel s’articule ce volume collectif est, tel qu’annoncé précédemment, la mémoire multidirectionnelle, définie récemment par Michael Rothberg dans le cadre des études mémorielles. À l’ère de la globalisation, du transnational et du transculturel, cette dernière notion s’avère comme moteur pour revenir et repenser l’histoire, pour relire à la fois la mémoire de la Shoah et celle d’autres événements traumatisants de l’histoire occidentale. La mémoire multidirectionnelle qui prône la cohabitation et dialogue sans prééminence des mémoires de divers groupes sociaux, devient ainsi un outil d’analyse qui permet d’interroger et de comprendre les expériences et les représentations du passé de communautés qui, a priori, semblaient éloignées les unes des autres. Les mémoires multidirectionnelles sont soumises à des processus dynamiques de relations qui permettent, à partir du présent, des relectures et questionnements des représentations et des récits officiels du passé et élargissent également les possibilités de coexistence dans des sociétés marquées par l’hybridité culturelle.

Les lecteurs·ices trouveront ainsi dans ce volume collectif quatorze chapitres aux soins de membres du groupe HISPOME ainsi qu’à ceux de chercheurs·ses d’autres universités étrangères qui y ont aimablement contribué. De la postmémoire à la mémoire multidirectionnelle. Dialogues de mémoires et constructions identitaires est composé d’une introduction et de trois sections : la première dédiée à la littérature mémorielle, la deuxième aux arts scéniques, audiovisuels et autres expressions artistiques liés à la mémoire, et finalement, la dernière qui se détient sur le binôme Mémoire et Éducation.

Finalement, dans la dernière section du présent volume collectif les lecteurs·trices pourront y trouver de brèves présentations des contributeurs·trices.

Aux soins de Philippe Mesnard (Université Clermont-Auvergne, CELIS, IUF, France), le chapitre d’introduction « Deux concepts mémoriels. Enjeux épistémologiques de la ‛mémoire multidirectionnelle’ et de la ‘postmémoire’ » offre aux lecteurs·rices de ce volume un cadrage épistémologique très nécessaire à notre époque vu la présence incontournable des questions mémorielles dans la sphère publique, dans les débats académiques et médiatiques. Partant du constat que la notion de « mémoire collective » est trop souvent utilisée de façon générique, et donc réductrice, l’auteur de cette étude signale l’intérêt de la prise en compte nuancée de la constellation de concepts qui lui sont liés et qui s’encadrent dans très diverses disciplines. Tenant compte de l’amplitude épistémologique qui caractérise les études mémorielles et les interrelations qui s’établissent entre les concepts, afin de contribuer à ce que les notions de « postmémoire » (M. Hirsch) et de « mémoire multidirectionnelle » (M. Rothberg) ne finissent pas par devenir des lieux communs, Philippe Mesnard, dans son étude, apporte des clarifications sur leur généalogie et élucide leur portée.

Articulé en deux sections (outre l’introduction et la conclusion), son chapitre, en premier lieu, expose dans la section intitulée « D’où vient la postmémoire ? » et les sous parties, les aspects les plus significatifs de la notion postulée par Marianne Hirsch à partir de Family Frames: Photography, Narrative, and Postmemory (1997) et l’évolution que suppose son œuvre synthèse The Generation of Postmemory. Writing and Visual Culture after the Holocauste (2012). La conception de la postmémoire comme structure lui permettant de prendre en compte, outre la transmission de l’héritage traumatique intergénérationnel dans l’espace intime familial et qui dépasse largement le langage verbal, les différentes variantes qui s’effectuent au-delà de ce cadre, comme dans les cas de la postmémoire par affiliation (intragénérationnelle), ou par adoption, celle de personnes non concernées directement par les violences extrêmes. Dans la rubrique « lectures critiques » les lecteurs·trices pourront y lire les limites que Philippe Mesnard relève dans la théorisation de la postmémoire chez M. Hirsch.

La présence dans la doxa intellectuelle du concept de « mémoire multidirectionnelle » ainsi que l’abondante littérature qu’il a suscitée de nos jours dans les aires anglophones (particulièrement aux États-Unis), francophones et hispanophones, justifient la deuxième partie de ce chapitre intitulée « Où va la mémoire multidirectionnelle ? » Signalant d’emblée le caractère non contradictoire ni excluant des approches de Hirsch et de Rothberg, l’auteur de cette étude expose la démarche synchronique, transnationale, et transcommunautaire des questions mémorielles postulée dans l’ouvrage Multidirectional memory: Remembering the Holocaust in the Age of Decolonization de Michael Rothberg (2009), une démarche qui vise à articuler les Postcolonial studies avec les Holocauste studies, Genocide studies, voire également les Jewish studies. Un concept de mémoire multidirectionnelle qui se base sur le principe de relations non concurrentes entre les différentes mémoires des consciences de crimes et de catastrophes historiques et politiques, sur celui de la reconnaissance sans prééminence ni rivalités des mémoires des différentes communautés, et sur la conception de la sphère publique comme espace discursif où les identités des différents groupes sociaux et, avec elles, les mémoires collectives, se redéfinissent constamment dans leur interaction dialogique. Ainsi, dans son parcours des quatre parties qui forment l’essai objet d’étude, à l’aide d’une analyse soutenue et de nombreuses réflexions et de citations extraites de ce dernier, Philippe Mesnard illustre la thèse du comparatiste nord-américain, qui repose sur la confrontation de la pensée de différents essayistes et écrivains, H. Arendt, A. Césaire, W.E.B. Du Bois, A. Schwarz, C. Phillips, Ch. Delbo, D. Daeninckx ; des cinéastes, J. Rouch, E. Morin, et M. Haneke ; ainsi que les peintres et plasticiens A. Fougeron, B. Talistzky et N. Rapoport. Cette multidirectionnalité des mémoires visant à rompre avec l’homogénéisation des mémoires étatiques, une multidirectionnalité qui s’avère le fondement essentiel d’une nouvelle éthique et politique de la mémoire. Cette deuxième section s’achève à l’instar de la première sur une rubrique « Lectures critiques » dans laquelle l’auteur du chapitre pointe les limites de la thèse de Rothberg. Finalement, Philippe Mesnard dans sa conclusion avertit des risques encourus par ces notions. L’ampleur des questions mémorielles et la fréquence des discours à leur égard dans les sociétés démocratiques actuelles amèneraient à des usages qui les videraient de sens ou les convertiraient en lieux communs. De là l’exigence de rigueur épistémologique.

Comme nous l’avons avancé préalablement, la première section du présent volume collectif est constitué d’un choix d’études qui abordent diverses questions liées à la mémoire dans le domaine littéraire. Dans ce sens, les lecteurs·rices trouveront les chapitres des chercheurs·ses Isabelle Billoo, María Isabel Corbí Sáez, Aurora Cuadrado, Isabel Díaz, Abdelhakim Moucherif et Michèle Sellés.

Dans son étude « Najat el Hachmi ou comment dire la transmission au féminin ? » Isabelle Billoo (Université d’Artois, France) se penche sur une question qui caractérise l’actualité du champ littéraire de l’état espagnol. Dans cette Espagne plurielle, d’autant plus plurielle suite aux mouvements migratoires, des auteurs·rices migrants ou descendants de deuxième génération de l’immigration offrent de nouvelles écritures habitées par cet ailleurs qui les hantent toujours. Des textes qui par le biais de la fiction donnent à connaitre les expériences de déterritorialisations de ces communautés, les enjeux identitaires incontournables dérivant des hybridations linguistiques et culturelles, et plus, la récupération des origines (langue, valeurs, coutumes, passés, etc.). Des caractéristiques qui supposent un défi pour le lectorat. L’autrice du chapitre aborde les romans de Najat El Hachmi (née au Maroc et résidant en Catalogne depuis l’âge de 8 ans) pour y interroger la question de la transmission intergénérationnelle qui détermine la construction identitaire. Une construction identitaire qui ne peut ignorer dans ses substrats signifiants l’histoire maternelle.

Details

Pages
274
Year
2023
ISBN (PDF)
9783631894965
ISBN (ePUB)
9783631894972
ISBN (Hardcover)
9783631894620
DOI
10.3726/b20479
Language
French
Publication date
2024 (May)
Keywords
Éthique de la mémoire Poétiques de la mémoire Littératures de la mémoire Passés traumatiques Dialogues des mémoires Lieux de mémoire Éducation pour la mémoire Arts scéniques et mémoire Identités et mémoires Femme et mémoire Femme et identitée : Littérature chicane Littérature au féminin
Published
Berlin, Bruxelles, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2024. 274 p., 10 ill. n/b, 8 tabl.

Biographical notes

Isabel Marcillas Piquer (Volume editor) María Isabel Corbí Sáez (Volume editor)

María Isabel Corbí Sáez est professeure titulaire assimilée à MC HDR à l’Université d’Alicante. Dans le cadre de ses axes de recherches, elle s’intéresse notamment aux littératures d’expression française sous une perspective genrée et à la littérature comparée (relations entre la littérature française et les littératures francophones ; études de réception ; littérature/histoire et mémoire), ayant apporté de nombreuses publications à ces domaines d’études. Isabel Marcillas-Piquer est maître de conférences à l’Universitat d’Alacant. Ses recherches se sont principalement axées sur la récupération des voix des femmes à l’aide de la littérature. D’abord, sa thèse doctorale portant sur l’oeuvre d’Aurora Bertrana, et notamment, sur les oeuvres littéraires inspirées de ses voyages, puis postérieurement, elle s’est orientée vers la dramaturgie catalane contemporaine au féminin ainsi que vers la mémoire et sa récupération à l’aide de la production littéraire d’autrices.

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