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Défis linguistiques et culturels pour la gestion des risques dans l’espace rhénan et ailleurs

by Jacqueline Breugnot (Volume editor)
©2022 Edited Collection 292 Pages
Series: Transversales, Volume 50

Summary

Inondations, pandémies, pollution, les catastrophes naturelles et sanitaires récentes ont fait croître un sentiment d’insécurité et des attentes importantes de la population à l’égard des experts et des professionnels du risque. Dans les régions transfrontalières la coopération internationale semble une évidence. Celle-ci représente cependant un véritable défi . Elle se heurte aux obstacles de la langue, bien sûr, mais aussi aux modes d’organisation différents, aux approches et aux représentations culturelles qui déterminent des pratiques qu’il convient d’harmoniser.
L’ouvrage rassemble les contributions de chercheurs et de praticiens des domaines concernés – justice, médecine, incendie, police, etc. – et de spécialistes de la communication sur le risque. Elles nous livrent des informations précieuses pour comprendre la réalité du défi et les perspectives pour y répondre.
Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux professionnels de la gestion des risques, chercheurs, responsables politiques qu’aux citoyens curieux de découvrir l’actualité et le futur du traitement des risques en contexte international.

Table Of Contents

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos du directeur de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface (Frédéric BIERRY, Président de la Collectivité européenne d’Alsace)
  • Introduction (Jacqueline BREUGNOT)
  • Première partie Expression et réception du risque
  • Quand on ne maitrise pas la langue de l’autre. Un tabou ? De l’identité dans les rencontres transfrontalières (Andrea KYI-DRAGO)
  • La réception du changement climatique à l’échelle du Rhin supérieur (Florence RUDOLF)
  • Deuxième partie Les risques à fréquence faible
  • Inondations dans le Fossé rhénan : risque oublié ou risque maîtrisé ? Les enjeux de l’information et de la communication dans un contexte de risques de fréquence faible. (Brice MARTIN, Gaël BOHNERT, Laurent ZIMMERMANN)
  • Vers une communication sismologique transfrontalière dans l’espace rhénan. (Christophe SIRA, Frédéric MASSON)
  • De nouvelles formes de communication et de coopération dans les services de santé transfrontaliers lors de la crise suraiguë du COVID-19 dans le Haut-Rhin (Frédérique GANSTER)
  • La communication et la coopération transfrontalière face à la crise sanitaire actuelle – le cas du Service départemental d’incendie et de secours du Bas-Rhin (Melina KLOTH)
  • Les services d’incendie et de secours du bassin rhénan : entre réussites emblématiques et contraintes ordinaires (Patrice PETIT, Martine LOQUET-BEHR)
  • Troisième partie Les risques à fréquence élevée
  • Les différences dans l’organisation étatique comme obstacle à la coopération frontalière en matière de communication sur le risque (Laura JAILLET)
  • La brigade fluviale franco-allemande : fonctions, opportunités, limites (Markus RIDDER)
  • Une communication standardisée pour la navigation intérieure et rhénane – une démarche européenne de résolution de problèmes régionaux (Jörg RUSCHE)
  • Utiliser une seule langue, l’anglais, dans un contexte transfrontalier ? Le cas de l’EuroAirport (Christine LAEMMEL)
  • Quatrième partie Les études prospectives
  • La coopération transfrontalière dans le domaine de la protection civile : la construction d’outils méthodologiques (Miriam KLEIN, Yannic SCHULTE, Marcus WIEN, Frank FIEDRICH, Frank SCHULTMANN)
  • Les conditions pour une communication sur le risque efficace en cas de catastrophe naturelle complexe – résultats d’un processus de participation virtuelle avec des parties prenantes au Pérou (Christian D. LEÓN, Gisela WACHINGER)
  • Synthèse et perspectives (Jacqueline BREUGNOT)
  • Postface (Gérald SCHLEMMINGER)
  • Titres de la collection

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Préface

Une communauté de destin

Chacun garde en mémoire cet épisode absurde de l’annonce météorologique télévisée de « l’arrêt » à la frontière allemande du nuage radioactif venu de Tchernobyl en 1986. À l’époque, une meilleure coordination des services à l’échelle transfrontalière aurait sans doute évité une telle bévue médiatique. On se souvient également de cet instant d’effroi au moment de la fermeture de la frontière entre l’Allemagne et la France au plus fort de la crise sanitaire en mars 2020 : ce pourquoi nous nous étions battus, à savoir une Europe ouverte et solidaire, s’effondrait alors, laissant rejaillir les plus vivaces des blessures du passé. On le sait, fort heureusement, la raison a fini par rapidement l’emporter : avec nos homologues allemands, nous avons œuvré en Alsace pour que l’évacuation des malades, ainsi que leur accueil dans les hôpitaux, s’organisent dans les meilleures conditions et dans les deux sens en fonction de l’évolution de la crise. Ce qui a permis de sauver des vies.

Notre communauté de destin dans l’espace rhénan n’est pas une chimère, elle se doit d’être une réalité afin de nous protéger mutuellement. Et c’est sans doute en cela que cet ouvrage est si précieux. Il aborde ce point essentiel, la gestion des risques, qu’ils soient sanitaires ou climatiques, tout en plaçant celle-ci au cœur des défis linguistiques et culturels de demain. Autrement dit, d’aujourd’hui.

En s’appuyant sur de nombreux exemples concrets, son approche pluridisciplinaire propose un état des lieux complet et ouvre bien des voies de réflexion autour d’un ensemble de solutions à mettre en œuvre. Bon nombre de collaborations existent, mais que ce soit un tremblement ←9 | 10→de terre, des inondations plus récurrentes ou une crise sanitaire comme celle que nous vivons, nous devons parfaire nos modes de communication pour agir vite et de manière plus efficiente.

Il est évident que nos profondes différences culturelles, institutionnelles et linguistiques constituent des freins, mais ces dernières résistances peuvent être assez aisément évacuées : la volonté est là, il suffit d’opter pour une méthodologie adaptée et adoptée par tous.

Derrière tout cela, ce qui transparaît de manière plus réjouissante c’est cet irrésistible désir de vivre ensemble dans l’espace rhénan, y compris quand se présente une situation préoccupante. Cet ouvrage nous montre que des pistes véritables existent pour renouer avec la dimension pionnière d’un territoire dont on ne retient parfois que les conflits du passé alors qu’il a tant œuvré dans l’Histoire dans le domaine de la sécurité civile et servi d’exemple pour l’humanité toute entière.

Frédéric BIERRY

Président de la Collectivité européenne d’Alsace

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Jacqueline BREUGNOT

Introduction

Des inondations de grande ampleur dans la région de Trèves : « Qu’une chose pareille puisse se passer ici, en Allemagne ! ». Des hôpitaux complètement débordés en Alsace. La prise de conscience que des phénomènes que l’on pensait réservés à d’autres parties du globe pourraient bien se multiplier ici est rude. Confrontées aux événements qui se multiplient et font apparaître la fragilité des territoires et singulièrement du territoire rhénan face à des risques de plus en plus nombreux, inattendus ou surprenants, les populations attendent des responsables politiques une démarche active dans la prévention ou le traitement de ces catastrophes.

Un silo à grain explose dans la zone portuaire de Strasbourg. Les sapeurs-pompiers français contrôlent la situation, le bateau-pompe franco-allemand est réquisitionné selon la procédure prévue, la communication avec la préfecture se passe normalement, mais le bref délai avec lequel la municipalité allemande située de l’autre côté du Rhin sera prévenue aura permis à la rumeur de se répandre à Kehl : « Il y a de l’amiante. Les écoles de Strasbourg sont fermées. Et, nos enfants !!! Ils s’en fichent ! ». Un grand incendie à Offenburg : « Il faudrait prévenir les Français ! Mais qui appeler ? Dans quelle langue ? ». Incendie aux Haras de Wissembourg. Les sapeurs-pompiers volontaires allemands proposent leur aide : « Désolé, ce serait trop compliqué à gérer ».

Les exemples sont nombreux. Ils ne se limitent pas aux incendies ni aux catastrophes naturelles. Les responsables politiques comme les spécialistes des différents domaines ont pris conscience depuis des ←11 | 12→années de la nécessité d’établir des coopérations performantes et de renforcer les solidarités. De nombreuses avancées ont d’ores et déjà été réalisées. La plupart du temps, les responsables trouvent des solutions et font fonctionner des équipements et des équipes réellement transfrontaliers. Leurs exemples montrent qu’il existe plusieurs voies, plusieurs choix possibles et qu’au-delà des obstacles organisationnels, linguistiques, culturels, juridiques, des coopérations autour de la sécurité des citoyens sont à l’œuvre. Cependant, la nécessité de se préparer davantage et de prendre en compte l’intérêt d’une réelle coopération dans la protection d’espaces finalement géographiquement partagés se fait mieux ressentir au fil des catastrophes, qu’elles aient été prévisibles ou non. La gestion concertée de ces risques implique une réflexion nourrie par la connaissance des différents domaines concernés, en espérant qu’elle facilite des modes de communication appropriés.

L’ouvrage n’a bien sûr pas prétention à l’exhaustivité. Pourtant, il a été conçu pour proposer un large éventail de réflexions, d’expériences, d’analyses et de perspectives. Ainsi l’ensemble des contributions croisent-elles, à la fois les domaines concernés par les risques potentiellement transfrontaliers : inondations, tremblements de terre, incendies, maladies ou criminalité mais également les perspectives depuis lesquelles les difficultés seront abordées. Les auteurs sont donc issus de trois univers. Certains viennent du terrain et sont directement impliqués dans la gestion des risques. D’autres viennent de la recherche universitaire et sont experts d’un type de risque. D’autres encore travaillent sur la communication/réception de ces risques. Tous les cas s’inscrivent dans l’espace rhénan, sauf un. Nous avons intégré un cas lointain (le Pérou) afin de montrer les permanences susceptibles d’exister dans la problématique de la communication sur le risque et percevoir dans quelle mesure ces études lointaines pouvaient enrichir une réflexion ancrée dans des caractéristiques transfrontalières anciennes.

L’objectif est donc de créer une synergie entre des domaines partageant a priori des soucis communs et, au-delà de la question frontalière, d’initier des rapprochements institutions/universités comme interdisciplinaires. L’ouvrage rassemble un choix de treize contributions issues des différents domaines concernés. Ces textes s’adressent tant aux chercheurs qui travaillent sur la gestion des risques qu’aux ←12 | 13→responsables et acteurs de terrain soucieux de faire évoluer les pratiques, aussi bien au niveau des accords officiels internationaux qu’au niveau d’une recherche de solutions pragmatiques. Environ la moitié des contributions ont été traduites de l’allemand, qu’elles aient été rédigées par des professionnels de terrain ou des universitaires.

L’ouvrage a été structuré en quatre parties afin de faciliter l’orientation de la lecture.

Ces quatre parties permettent de croiser des ancrages disciplinaires, culturels et professionnels dans l’intention délibérée de motiver et d’alimenter des coopérations à même d’améliorer la protection des personnes.

Details

Pages
292
Year
2022
ISBN (PDF)
9782875745224
ISBN (ePUB)
9782875745231
ISBN (Softcover)
9782875745217
DOI
10.3726/b19632
Language
French
Publication date
2022 (August)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 292 p., 15 ill. en couleurs, 7 ill. n/b.

Biographical notes

Jacqueline Breugnot (Volume editor)

Jacqueline Breugnot est anthropologue de la communication interculturelle à l’université de Koblenz-Landau. Ses travaux portent sur les dysfonctionnements d’origine linguistique et culturelle dans les institutions transfrontalières et internationales. Elle a travaillé, notamment, sur la communication du risque dans le cadre du projet Interreg SERIOR.

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