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Souvenirs du passé perse à l’époque hellénistique

Arménie · Cappadoce · Commagène · Perside · Pont · Royaume arsacide

by Charlotte Lerouge-Cohen (Author)
©2022 Monographs 502 Pages

Summary

Ce livre est consacré à l’analyse des liens que certaines dynasties d’époque hellénistique entretiennent avec le passé perse, et plus précisément avec la dynastie des Achéménides. Dans certains cas, les dynasties revendiquèrent elles-mêmes de tels liens, sous la forme de flatteuses fictions généalogiques : l’ouvrage propose une analyse de ces discours, typiques des dynasties qui régnèrent sur le Pont, la Cappadoce, l’Arménie et la Commagène. Dans d’autres cas, ce sont les historiens contemporains qui interprètent tel ou tel comportement dynastique comme témoignant d’une volonté de s’identifier aux Achéménides : l’ouvrage évalue également la pertinence de ce type d’interprétation, particulièrement présente à propos de la dynastie iranienne des Arsacides de Parthie.
L’analyse, organisée de façon thématique, est précédée d’une large synthèse historique et culturelle. Rassemblant pour la première fois dans une étude commune les différentes dynasties dont traite le livre (dynasties anatoliennes, Arsacides, dynastes de Perside), cette synthèse constitue un nouvel outil pour les historiens.
D’une manière générale l’ouvrage met en question les présupposés qui peuvent exister dans le champ historique sur la notion d’une identité iranienne déjà bien constituée à l’époque hellénistique, et sur les comportements dont elle s’accompagnerait.

Table Of Contents

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Table des figures et cartes
  • Liste des abréviations
  • Introduction
  • Présentation de l’ouvrage et positionnement historiographique
  • Présentation des sources
  • Présentation générale
  • Présentation de deux corpus documentaires spécifiques : les sources issues de l’empire arsacide et les sources commagéniennes
  • Les sources issues de l’empire arsacide (monnaies et sources écrites)
  • Les monnaies
  • Inscriptions grecques et parthes
  • Inscriptions lapidaires grecques
  • Inscriptions grecques et parthes gravées sur divers supports
  • Inscriptions sur parchemins : parchemins d’Avroman et de Doura
  • Les ostraka de Nisa
  • Les sources babyloniennes
  • La documentation commagénienne
  • Première partie Les dynasties iraniennes d’époque hellénistique : présentation générale
  • Chapitre I Les dynasties iraniennes d’époque hellénistique : aspects chronologiques et historiques
  • I. Les dynasties d’Anatolie centrale et orientale (royaumes du Pont, de Cappadoce, d’Arménie et de Commagène)
  • 1. Dates d’émergence des dynasties
  • Les Orontides d’Arménie
  • Les Ariarathides de Cappadoce et les Mithridatides du Pont
  • Quelques éléments sur la Cappadoce achéménide
  • La satrapie de Cappadoce de la conquête d’Alexandre jusqu’à la fondation des royaumes du Pont et de Cappadoce
  • La dynastie commagénienne
  • 2. L’histoire des dynasties des origines jusqu’en 189 av. J.-C. environ
  • L’Arménie orontide et la fondation du royaume de Sophène
  • La dynastie des Orontides
  • Scission de l’Arménie et création du royaume de Sophène
  • Royaumes du Pont et de Cappadoce
  • L’adoption du titre royal
  • Royaume du Pont
  • Royaume de Cappadoce
  • Les royaumes du Pont et de Cappadoce jusqu’en 189
  • L’établissement de liens matrimoniaux avec les Séleucides
  • Développement des royaumes et adoption de la frappe de monnaies d’argent
  • 3. De 189 av. J.-C. jusqu’à la fin du IIe siècle av. J.-C. : les royaumes anatoliens face aux Romains
  • Arménie et Sophène
  • Pont et Cappadoce : l’entrée dans l’amitié romaine
  • Le royaume de Cappadoce
  • Le royaume du Pont
  • 4. De la fin du IIe siècle av. J.-C. jusqu’à la fin des guerres mithridatiques : Mithridate du Pont et Tigrane d’Arménie contre les Romains
  • Les Ariarathides remplacés par les Ariobarzanides à la tête du royaume de Cappadoce (96 av. J.-C.)
  • Mithridate Eupator du Pont, Tigrane d’Arménie et les guerres mithridatiques
  • Mithridate Eupator face aux Romains
  • Tigrane d’Arménie de son accession au trône jusqu’à la soumission à Pompée (66 av. J.-C.)
  • L’ascension de Tigrane
  • Tigrane et les guerres mithridatiques
  • Les royaumes d’Anatolie centrale et orientale de la fin des guerres mithridatiques jusqu’à la fin du Ier siècle ap. J.-C.
  • Les conséquences des victoires de Pompée
  • Antoine et les royaumes d’Anatolie centrale et orientale
  • La recréation du royaume du Pont ; le Pont Polémoniaque
  • Des Ariobarzanides à Archélaos en Cappadoce
  • Antoine et l’Arménie
  • Le Ier siècle ap. J.-C. : disparition des royaumes de Cappadoce, du Pont et de Commagène, et passage de l’Arménie dans l’orbite arsacide
  • II. Arsacides et dynastes de Perside
  • 1. Les Arsacides et le royaume parthe
  • Les Arsacides de la fondation du royaume parthe jusqu’au règne de Mithridate Ier (171–138 av. J.-C)
  • Arsacès et la fondation du royaume (239 av. J.-C.)
  • Le royaume arsacide de 239 jusqu’au milieu du IIe siècle avant J.-C.
  • L’expansion du IIe siècle av. J.-C.
  • Les conquêtes de Mithridate Ier (171–138 av. J.-C.)
  • Le règne de Mithridate II (123–88 av. J.-C.)
  • Les Parthes à la tête de leur empire, du Ier siècle av. J.-C. jusqu’à
  • Caractères généraux de la domination parthe
  • La question de l’instabilité dynastique
  • L’empire arsacide
  • Les Arsacides et les autres dynasties hellénistiques (hors Arménie)
  • Arsacides et Séleucides
  • Arsacides et Mithridatides du Pont
  • Arsacides et Romains
  • De 92 à 54 : contacts diplomatiques
  • De l’expédition de Crassus (55–53) jusqu’à la fin des Arsacides : conflits, rivalités, et périodes de paix
  • 2. Frataraka et rois de Perside
  • Chapitre II Les dynasties iraniennes d’époque hellénistique : aspects culturels
  • I. Insertion dans l’univers culturel gréco-macédonien
  • 1. Pratiques de pouvoir et administration des territoires
  • Des traits communs hérités des Séleucides
  • Pratiques monétaires
  • Vocabulaire administratif et politique
  • L’usage des titres auliques : l’exemple du titre d’« Ami du roi »
  • Des traits propres aux dynasties du Pont, de Cappadoce et de Commagène : l’évergétisme et la fondation de cités
  • L’évergétisme royal dans les villes et sanctuaires grecs
  • La fondation de cités
  • 2. Vie culturelle et intellectuelle
  • Orontides d’Arménie
  • Arsacides
  • Hellénisme de cour
  • La vie intellectuelle grecque au sein de l’empire parthe jusqu’au Ier siècle ap. J-C.
  • Tigrane et Artavasdès d’Arménie
  • Dynasties de Cappadoce, du Pont et de Commagène
  • Royaume de Cappadoce
  • Royaume du Pont
  • Commagène
  • II. Insertion dans l’univers culturel iranien
  • 1. Satrapes, paradis, polygamie et usage d’eunuques : des pratiques iraniennes ?
  • L’usage du terme de « satrape »
  • Les paradis
  • Attestations chez les Arsacides, Mithridate du Pont et Tigrane d’Arménie
  • Un héritage perse ?
  • La polygamie royale
  • La présence d’eunuques à la cour de Mithridate Eupator du Pont
  • 2. Questions linguistiques
  • Royaume arsacide et Perside
  • Royaumes d’Anatolie centrale et orientale
  • Arménie
  • Commagène
  • Cappadoce
  • Pont
  • 3. Questions religieuses
  • Royaume arsacide et Perside
  • Royaumes d’Anatolie centrale et orientale
  • L’Arménie
  • La Commagène et le cas des cultes fondés par Antiochos Ier
  • Absence d’attestation de sanctuaires iraniens dans le royaume
  • Les cultes fondés par Antiochos Ier : des cultes iraniens ?
  • Les royaumes du Pont et de Cappadoce
  • Importance des sanctuaires en l’honneur des « dieux perses » dans les territoires des royaumes…
  • …mais importance au moins égale des sanctuaires anatoliens
  • Mithridate Eupator et le culte de Zeus Stratios
  • 4. Pont, Cappadoce, Commagène : la question du poids des populations iraniennes
  • La question de l’importance numérique des populations iraniennes
  • Le poids supposé des grandes familles iraniennes en Cappadoce, dans le Pont et en Commagène
  • Deuxième partie Origines dynastiques et passé perse
  • Chapitre III Conditions d’émergence des dynasties anatoliennes (Orontides d’Arménie, Ariarathides de Cappadoce, Mithridatides du Pont, rois de Commagène)
  • I. Les origines des Orontides d’Arménie
  • 1. Alexandre face à l’Arménie et le rôle joué par Orontès : présentation des différentes thèses en présence
  • La thèse de l’échec total ou partiel d’Alexandre en Arménie
  • Orontès, satrape d’Arménie, échappe à Alexandre
  • Orontès satrape d’Arménie orientale : la thèse des deux satrapies arméniennes
  • La thèse de la conquête de l’Arménie par Alexandre
  • La thèse de la soumission volontaire d’Orontès, satrape d’Arménie orientale, face à Alexandre
  • 2. Bilan
  • L’Arménie entre 331 et 317
  • Vraisemblance de la thèse de la soumission volontaire d’Orontès, satrape d’Arménie, après 331
  • L’Arménie : une satrapie unique
  • D’Orontès à Mithrénès, de Mithrénès à Orontès : les nominations d’Alexandre à la tête de l’Arménie
  • L’Arménie, les Orontides et les Perses
  • L’Arménie, une satrapie héréditaire à l’époque achéménide ?
  • Le maintien d’Orontès en Arménie : la preuve du sentiment anti-macédonien des populations arméniennes ?
  • II. Les origines des Ariarathides de Cappadoce
  • 1. La satrapie de Cappadoce jusqu’aux débuts de la domination d’Ariarathès (vers 333)
  • La Cappadoce au moment de la conquête d’Alexandre
  • Le silence des sources
  • Une satrapie unique et non scindée en deux
  • La conquête d’Alexandre
  • Une conquête superficielle
  • L’imposition du satrape Sabictas/Abistaménès
  • Un satrape non-macédonien…
  • … au pouvoir très éphémère
  • 2. L’indépendance de la Cappadoce sous l’autorité d’Ariarathès (ca. 333-322)
  • Diodore de Sicile et la « chronique royale » cappadocienne
  • Le personnage d’Ariarathès dans les autres sources antiques
  • Les monnaies
  • Sources littéraires
  • Le personnage d’Ariarathès dans l’historiographie moderne
  • La thèse « satrapique » : Ariarathès satrape de Cappadoce en 333
  • La thèse « autonomiste » : Ariarathès à la tête d’une Cappadoce détachée des Achéménides en 333
  • Ariarathès satrape et chef autonome d’une partie de la satrapie
  • La thèse de Th. Reinach : Ariarathès n’exerçait aucun pouvoir avant la conquête macédonienne
  • Bilan
  • Elimination des thèses « satrapique » et « autonomiste »
  • La thèse satrapique
  • La thèse autonomiste
  • Ariarathès, un chef perse qui émerge après la conquête d’Alexandre
  • Ariarathès désigné comme satrape par Darius III pour éliminer Sabictas/Abistaménès…
  • … ou Ariarathès, un « vieux noble perse »
  • Interprétation de l’action d’Ariarathès en Cappadoce
  • 3. La Cappadoce de 322 jusqu’à la fondation du royaume de Cappadoce
  • La Cappadoce enjeu de rivalités entre Diadoques
  • La fondation du royaume de Cappadoce
  • Conclusion
  • III. Les origines des Mithridatides du Pont
  • 1. De la cité de Kios à la fondation du royaume du Pont : Mithridate Ktistès dans l’historiographie
  • La vulgate historiographique : Mithridate Ktistès, dernier rejeton des maîtres de Kios
  • Mithridate Ktistès, Kios et la fondation du royaume
  • Les sources de la vulgate
  • Diodore de Sicile 20, 111, 4 et les Mithridatides de Kios
  • Le rêve d’Antigone et la fuite de Mithridate : la tradition (probablement) dérivée de Hiéronymos de Cardia
  • Diodore de Sicile 16, 90, 3 et la succession des Mithridatides de Kios
  • Mithridatides et Pharnacides
  • La présence introuvable des maîtres de Kios dans la documentation de la cité
  • Le pouvoir des Mithridatides à Kios : une royauté ?
  • Le pouvoir des Mithridatides à Kios : une tyrannie ?
  • Le parallèle de la tyrannie d’Hermias à Atarnée
  • Les limites de ce parallèle pour le cas de Kios
  • Les Mithridatides à la tête d’une principauté en Mysie ?
  • La théorie d’A.B. Bosworth et P.V. Wheatley
  • Limites de cette théorie
  • La théorie de P. Debord
  • Limites de cette théorie
  • 2. La nécessaire remise en cause de la vulgate historiographique
  • Critique des passages de Diodore de Sicile
  • L’usage de la source chronographique
  • Les conséquences de cette critique pour l’histoire de Mithridate Ktistès
  • Supériorité de la tradition (probablement) dérivée de Hiéronymos de Cardia205Mithridate: un noble perse passé au service d’Eumène de Cardia puis d’Antigone
  • Vraisemblance du récit de Hiéronymos
  • le récit d’un témoin contemporain des événements
  • L’influence rétrospective de la propagande pontique
  • Conclusion
  • IV. Les origines de la dynastie de Commagène
  • 1. Ptolémaios et la fondation du royaume : les sources
  • Diodore de Sicile et Ptolémaios
  • Ptolémaios dans la documentation commagénienne
  • Les incertitudes sur les circonstances de la sécession
  • 2. Les questions sur l’identité de Ptolémaios
  • Ptolémaios : un Orontide ?
  • Une volonté manifeste de s’intégrer dans l’histoire passée
  • Conclusion
  • Chapitre IV Discours généalogique et légendes de fondation des dynasties anatoliennes
  • I. Généalogies et légendes de fondation liées au passé perse : recensement et analyse
  • 1. Le discours centré autour des « Sept »
  • Rappel de l’histoire du meurtre du mage
  • Généalogies hellénistiques liées aux « Sept »
  • Les Mithridatides du Pont
  • Les Orontides d’Arménie
  • Les Ariarathides de Cappadoce
  • La « chronique cappadocienne »
  • Les différentes strates du discours généalogique dans la « chronique »
  • D’Otanès à Onophas
  • 2. Le discours centré sur les origines achéménides
  • Les Ariarathides de Cappadoce
  • Les Mithridatides du Pont
  • Les Artaxiades d’Arménie
  • Les rois de Commagène
  • Les ancêtres perses au Nemrud Daği
  • Le rôle d’Aroandès/Orontès
  • 3. Quelques remarques sur ces généalogies et légendes de fondation
  • L’évolution chronologique : des « Sept » aux Achéménides
  • Origines achéménides et origines macédoniennes : une constante dualité
  • Discours « perses » et discours ancrés dans l’histoire locale : la coexistence de plusieurs récits
  • Pont et Cappadoce
  • Commagène
  • II. Généalogies et légendes de fondation liées au passé perse : examen et interprétation
  • 1. La question de la vraisemblance historique des généalogies
  • Les généalogies liées aux Achéménides
  • Les généalogies liées aux Sept
  • 2. Les discours généalogiques : des témoins de pratiques remontant à l’époque achéménide ?
  • Les généalogies liées aux Achéménides
  • Les généalogies liées aux Sept
  • Le cas d’Orsinès/Orxinès
  • Le cas de Rhosakès
  • Mithridate fils d’Ariobarzane
  • 3. Généalogies et légendes de fondation liées au passé perse dans l’Anatolie hellénistique : origines et mode de transmission
  • Des traditions historiques transmises oralement ?
  • Un univers familier…
  • … trop familier
  • Des signes de la dépendance envers les sources grecques
  • La précision des informations
  • Les Sept, Cyrus et Darius Ier: des personnages très populaires dans la tradition grecque
  • Otanès, Hérodote et les légendes de fondation des royaumes du Pont et de Cappadoce
  • Sources grecques et origines perses : l’exemple de la figure de Persée chez les Mithridatides du Pont
  • 4. Généalogies et légendes de fondation liées au passé perse : fonctions et destinataires
  • Les fonctions de ces généalogies
  • Les « Sept » et l’importance de la fonction légitimante
  • Les Sept chez les Orontides d’Arménie
  • Les Sept dans le Pont et en Cappadoce
  • Les Achéménides et le prestige des origines
  • Les destinataires des généalogies
  • Les sujets iraniens ou « asiatiques » ?
  • Une thèse ancrée dans l’historiographie
  • Les limites de cette thèse
  • Des discours adressés à tous ceux qui possèdent le « savoir partagé » grec
  • Troisième partie Pratiques dynastiques et passé perse
  • Chapitre V. Titulature royale : « Grand Roi », « Grand Roi des Rois », « Roi des Rois »
  • I. Quelques éléments sur la titulature achéménide
  • 1. Les titres dans les inscriptions royales achéménides
  • 2. Les titres dans la documentation babylonienne
  • II. Le titre de « Grand Roi » à l’époque hellénistique
  • 1. Les occurrences du titre de « Grand Roi »
  • Le titre dans les sources babyloniennes d’époque séleucide
  • Antiochos Ier
  • Antiochos III ?
  • « βασιλεὺς μέγας » dans les sources grecques
  • Apparition du titre dans la documentation épigraphique des Lagides et des Séleucides, de Ptolémée III Évergète jusqu’à la mort d’Antiochos III
  • Ptolémée III Évergète (246–222 av. J.-C.)
  • Ptolémée IV Philopator (222–204 av. J.-C.)
  • Antiochos III (222–187 av. J.-C.)
  • De l’usurpation de Timarque (162–161 av. J.-C.) jusqu’à la prise de Suse par Kamniskirès d’Élymaïde (147 av. J.-C.) : le titre « βασιλεὺς μέγας » dans la documentation numismatique
  • Timarque
  • Eucratide de Bactriane (170–145 av. J.-C.)
  • Kamniskirès d’Élymaïde (147 av. J.-C.)
  • De Mithridate Ier de Parthie (171-138 av. J.-C.) jusqu’à la fin du règne de Phraate III (70–57 av. J.-C.) : adoption et spécialisation du titre au sein de la dynastie arsacide
  • Présence systématique du titre dans la documentation numismatique des Arsacides à partir de 145 av. J.-C.
  • Quelques attestations épigraphiques (Mithridate II de Parthie)
  • Attestations ponctuelles du titre en dehors du royaume arsacide : Antiochos VII, Tigrane d’Arménie, Ptolémée XII
  • Le titre de βασιλεὺς μέγας à partir des années 60 av. J.-C.
  • Abandon par les Arsacides sous le règne d’Orode II (57–38 av. J.-C.)
  • Adoption en Commagène sous le règne d’Antiochos Ier (v. 70–36 av. J.-C.) et maintien jusqu’à la disparition du royaume de Commagène (72 ap. J.-C.)
  • Le titre dans la documentation épigraphique du royaume du Bosphore à partir du règne de Pharnace Ier (63–45 av. J.-C.)
  • 2. Questions et réflexions à propos des occurrences du titre de « Grand Roi »
  • La résurgence du titre achéménide ?
  • Chez les Lagides
  • Chez les Séleucides : le débat relatif à Antiochos III
  • Bilan : une (très probable) résurgence achéménide
  • Validité de la thèse de John Ma
  • Contamination des usages de l’épithète « Grand » et du titre de « Grand Roi » à l’époque hellénistique
  • Quelques observations sur l’usage du titre de « Grand Roi » au sein des dynasties
  • Titre « officiel », titre « honorifique »
  • Différences d’usage selon les dynasties
  • La difficulté à définir la notion d’usage « officiel »
  • Un titre dynastique : la spécificité du cas arsacide.
  • Aspect systématique de l’usage du titre de « Grand Roi » chez les Arsacides
  • Usages monétaires, usages réels dans le royaume parthe
  • Adaptations hellénistiques : le titre de « Grand Roi » comme exemple de transfert culturel
  • Association du titre avec une épithète
  • Souplesse de l’usage arsacide
  • 3. Interprétation : la signification du titre de « Grand Roi » à l’époque hellénistique
  • Signification du titre perse dans les sources grecques classiques
  • Signification de la résurgence du titre sous les règnes de Ptolémée III et d’Antiochos III
  • Les différentes hypothèses : aperçu historiographique
  • Les prétentions territoriales
  • L’expression de la suzeraineté sur les royaumes vassaux
  • Séduire les sujets « orientaux » du royaume
  • Les limites de ces hypothèses
  • Nouvelle proposition d’interprétation : la rivalité autour de l’héritage d’Alexandre
  • Signification du titre, de l’usurpation de Timarque (162/161 av. J.-C.) jusqu’à l’abandon du titre par les Arsacides (fin des années 60 av. J.-C.)
  • Phénomènes de rivalité et d’imitation
  • Aspect militaire
  • Régression de la dimension achéménide
  • Signification du titre à partir du Ier siècle av. J.-C., dans les royaumes amis des Romains (Commagène, Bosphore et Arménie)
  • Le lien avec les revendications généalogiques achéménides
  • Le titre des ancêtres perses de la dynastie au Nemrud Daği : « Grand Roi des Rois »
  • III. Les titres de « Grand Roi des Rois » et de « Roi des Rois » à l’époque hellénistique
  • 1. Les occurrences
  • Les Arsacides
  • L’hypothèse Mithridate Ier (171–138 av. J.-C.)
  • Mithridate II (123–88 av. J.-C.) : « Grand Roi des Rois » et « Roi des Rois »
  • La documentation babylonienne : « Roi des Rois »
  • « Grand Roi des Rois » sur la plupart des monnaies postérieures à 110 et dans les inscriptions de Délos (102–101 av. J.-C.)
  • « Roi des Rois » sur certaines monnaies et dans le parchemin d’Avroman (88 av. J.-C.)
  • Disparition des deux titres après la mort de Mithridate II
  • Sous le règne de Phraate III (70–57 av. J.-C.) : réapparition du titre de « Roi des Rois »
  • Attestation de l’usage du titre dans la pratique protocolaire : le témoignage des sources littéraires grecques
  • Adoption et usage systématique dans la documentation babylonienne à partir de 63 av. J.-C.
  • Fidélité des légendes monétaires au titre de « Grand Roi »
  • Adoption et usage systématique du titre de « Roi des Rois » dans tout type de documentation à partir du règne d’Orode (57–38 av. J.-C.)
  • « Roi des Rois » sur les monnaies
  • Documentation épigraphique en langue grecque
  • Documentation épigraphique en langue parthe
  • Mithridate Eupator du Pont : « Roi des Rois » et « Grand Roi des Rois » ?
  • L’inscription de Phanagorie : « Roi des Rois »
  • L’inscription de Nymphaion : « Grand Roi des Rois » ou « Roi des Rois » ?
  • Tigrane le Grand (95–55 av. J.-C.) et Artavasdès (55–34 av. J.-C.) d’Arménie : « Roi des Rois »
  • L’adoption du titre de « Roi des Rois » par Tigrane : questions sur la datation
  • Attestations du titre de « Roi des Rois » à partir de la fin des années 70
  • Sources numismatiques
  • Les sources littéraires : preuves de l’usage du titre de « Roi des Rois » dans la pratique protocolaire
  • Maintien du titre sur les monnaies d’Artavasdès (55–34 av. J.-C.), puis abandon définitif.
  • « Grand Roi des Rois » et « Rois des Rois » dans le royaume du Bosphore
  • « Grand Roi des Rois » dans la documentation numismatique et épigraphique émanant de Pharnace (63–45 av. J.-C.)
  • Disparition des titres dans la numismatique des rois du Bosphore, maintien dans les inscriptions
  • Bilan
  • Bilan des occurrences
  • Remarques sur les différences d’usage du titre selon les dynasties
  • Arsacides et Artaxiades : un titre dynastique
  • Royaumes du Pont et du Bosphore : le titre utilisé dans un contexte honorifique
  • 2. Les interprétations de l’usage du titre de « Roi des Rois »
  • Le sens du titre à l’époque achéménide
  • Un sens intensif (le plus grand des rois) ?
  • Un sens fonctionnel (le roi qui règne sur d’autres rois) ?
  • Autres interprétations présentes dans l’historiographie
  • Valeur religieuse
  • Valeur historique : le roi achéménide comme l’héritier des rois du passé
  • Le sens du titre de « Roi des Rois » chez les Arsacides
  • L’interprétation fonctionnelle
  • Aperçu historiographique
  • Attestations du sens fonctionnel du titre selon les Romains
  • L’affirmation d’une interprétation « identitaire » : les Arsacides comme imitateurs des Achéménides
  • Jacob Neusner, « Parthian political ideology », 1963
  • Jozef Wolski, « Les Achéménides et les Arsacides : contribution à l’histoire de la formation des traditions iraniennes », 1966
  • L’historiographie récente entre « Achaemenid revival » et « Iranian revival »
  • Critique de l’interprétation « identitaire »
  • Questions sur la valeur du titre de « Roi des Rois » comme titre emblématique des Achéménides aux yeux des Grecs
  • Un titre qui s’adresse aux populations iraniennes ?
  • Proposition d’interprétation
  • Un titre correspondant à la réalité de l’empire arsacide
  • La volonté de se déprendre des usages dynastiques hérités des Séleucides
  • Une affirmation plus ostensible du pouvoir royal
  • Le sens du titre de « Roi des Rois » chez Tigrane d’Arménie, Mithridate du Pont et les rois du Bosphore
  • Tigrane
  • Mithridate Eupator
  • Pharnace et ses successeurs
  • IV. « Grand Roi », « Grand Roi des Rois » et « Roi des Rois » dans le monde hellénistique : essai de bilan
  • 1. Le titre de Grand Roi
  • 2. Les titres de « Grand Roi des Rois » et de « Roi des Rois »
  • « Grand Roi des Rois »
  • Une invention arsacide…
  • … qu’on prête aux Achéménides à partir du Ier siècle av. J.-C.
  • Importance des Arsacides dans la cristallisation et la transmission du titre de « Roi des Rois » à partir de l’époque hellénistique
  • Chapitre VI La kyrbasia à l’époque hellénistique : une référence au passé perse ?
  • I. Quelques éléments sur les coiffes hellénistiques
  • 1) Aspect général de la coiffe portée par les rois au droit de leurs monnaies
  • 2) Questions de terminologie : le choix du terme de kyrbasia
  • II. La kyrbasia dans la documentation d’époque hellénistique : attestations et interprétations
  • 1) Les attestations de la kyrbasia
  • Les Ariarathides de Cappadoce
  • D’Ariaramnès à Ariarathès IV (220–163 av. J.-C.) : la kyrbasia « classique »
  • Ariarathès IV et l’apparition de la « tiare cappadocienne »
  • L’adoption du diadème seul sur les monnaies d’argent d’Ariarathès IV (220–163 av. J.-C.)
  • Rois de Sophène
  • Arsamès
  • Xerxès
  • Frataraka de Perside
  • Bagadatès
  • Les autres Frataraka et la kyrbasia à « visière »
  • Arsacides de Parthie
  • Rois de Commagène
  • Samos, Mithridate Kallinikos et les ancêtres commagéniens d’Antiochos Ier
  • Antiochos Ier et ses successeurs
  • 2. Quelques remarques sur ces attestations
  • La question du support : monnaies de bronze, monnaies d’argent
  • La kyrbasia comme emblème dynastique ? La question de l’interprétation des sources numismatiques
  • Usages monétaires, usages réels
  • 3. Le port de la kyrbasia dans la documentation iconographique : les interprétations
  • La kyrbasia comme attribut « nomadique » ou scythe : l’historiographie arsacide
  • Attestations de la kyrbasia en dehors du contexte proprement perse
  • La kyrbasia et les origines nomadiques des Arsacides
  • La kyrbasia comme référence au passé perse
  • Des interprétations différentes selon les dynasties
  • La Perside des Frataraka : la kyrbasia comme survivance perse
  • La kyrbasia comme exprimant le statut des rois et dynastes par rapport aux Séleucides
  • La kyrbasia comme moyen d’affirmer un modèle politique iranien en établissant des liens avec l’époque achéménide
  • La place de la kyrbasia dans le monde perse
  • La kyrbasia dans la société perse à travers les sources littéraires et l’iconographie de Persépolis : ambigüités et contradictions
  • Le port de la kyrbasia en contexte religieux
  • La kyrbasia, un emblème de pouvoir ? Retour sur les monnaies dites satrapales
  • La kyrbasia comme moyen d’identifier les Perses dans l’iconographie provenant du monde grec ou hellénisé
  • Examen de l’interprétation de la référence au passé perse à l’époque hellénistique
  • L’impossibilité de l’interprétation en termes de statut politique
  • Le modèle probable des monnaies satrapales
  • La référence au passé perse comme grille d’interprétation plausible
  • Conclusion
  • Bibliographie
  • Cartes
  • Index des noms de personnes

TABLE DES FIGURES ET CARTES

Figure 1.Drachme d’Arsacès (Sellwood type 2). Monnaie reproduite avec l’autorisation de www.parthia.com (PDC 23626), issue de la collection de M. Gholamreza Farhad Assar (Assar Collection 543)

Figure 2.Tétradrachme de Pharnabaze. Wikimedia Commons, article Wikipedia « Pharnabazus II » (monnaie issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC, http://www.cngcoins.com)

Figure 3.Drachme de Mithridate II de Parthie (Sellwood type 28, variante). Monnaie reproduite avec l’autorisation de www.parthia.com (PDC 31325), issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC, CNG E-Auction 124 (12 Oct 2005), lot 120 (http://www.cngcoins.com)

Figure 4.Drachme de Tigrane le Grand. Monnaie reproduite avec l’autorisation de wildwinds.com (Tigranes_2/Nercessian_P3b), issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC, Triton V Sale, lot 1552, Janv. 2002 (http://www.cngcoins.com)

Figure 5.Monnaie de bronze d’Ariarathès III. Monnaie reproduite avec l’autorisation de wildwinds.com (ariarathes_III/Simonetta_4), issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC, ex. Numismatik Lanz Munich, auction 154, Juin 2012 (http://www.cngcoins.com)

Figure 6.Monnaie de bronze de Xerxès de Sophène. Wikimedia Commons, article Wikipedia « Xerxès d’Arménie » (monnaie issue de W. Sayles, Ancient Coin Collecting VI : Non-Classical Cultures, 1999, p. 29)

Figure 7.Tétradrachme de Bagadatès. Wikimedia Commons, article Wikipedia « Frataraka ». Monnaie issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC (http://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=222778)

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Figure 8.Tétradrachme de Vahbarz. Wikimedia Commons, article Wikipedia « Frataraka ». Monnaie issue du catalogue du Classical Numismatic Group, LLC (https://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=284840)

Carte 1.L’Anatolie à l’époque achéménide

Carte 2.L’Anatolie et le Proche-Orient vers 100 av. J.-C.

Carte 3.L’empire arsacide à la fin du Ier s. ap. J.-C.

Introduction

Présentation de l’ouvrage et positionnement historiographique

Alexandre, après la mort de Darius III, chercha, semble-t-il, à apparaître comme l’héritier des rois perses, reprenant, en particulier, certains de leurs comportements tels que l’obligation de la proskynèse. On peut contester la profondeur de cette conversion aux usages royaux achéménides, qui était destinée avant tout à séduire les anciens sujets des Perses1 ; elle n’en eut pas moins pour effet de maintenir présent, jusqu’à la mort d’Alexandre, le souvenir de la dynastie disparue en 330.

Les successeurs d’Alexandre ne reprirent pas cet aspect de sa politique. Les Séleucides, qui au début de leur règne régnaient sur la majeure partie de l’ancien empire achéménide, conservèrent bien entendu des pratiques de gouvernement qu’ils avaient pu observer chez les rois perses, tels que le respect des cultes régionaux ou l’appui sur les élites locales. Le système monarchique qu’ils mirent en place n’en est pas moins fondamentalement différent de celui des Achéménides2 ; surtout, les Séleucides ne cherchèrent jamais, en aucune façon, à fonder leur légitimité sur l’idée selon laquelle ils seraient les continuateurs des rois perses3. Il n’est nulle part question des Achéménides dans le discours dynastique des Séleucides, ni dans celui des grandes monarchies gréco-macédoniennes dans leur ensemble.←29 | 30→

L’époque hellénistique est pourtant également celle où prit place un phénomène que l’on a désigné par l’expression d’« Achaemenid revival »4 : certaines dynasties apparues à cette époque semblent en effet désireuses, contrairement aux Séleucides, d’apparaître comme les héritières des Achéménides et de restaurer le souvenir de ces derniers.

Ce phénomène est très net au sein des dynasties qui furent fondées au IIIe s. en Anatolie centrale et orientale – Orontides d’Arménie, Mithridatides du Pont5, Ariarathides de Cappadoce6 – ainsi que, plus tard, en Commagène : dans chacune d’entre elles furent élaborés des discours généalogiques qui présentaient les fondateurs de la dynastie comme descendant de hauts personnages de l’époque achéménide (les « Sept »), voire des rois perses eux-mêmes. Antiochos Ier de Commagène fonda en outre dans son royaume une série de sanctuaires consacrés à des dieux qui portaient, pour chacun d’entre eux, un nom grec et iranien, et étaient honorés par des prêtres que le roi voulait voir vêtus à la manière perse7. La réapparition, au sein de la dynastie des Arsacides cette fois, du ←30 | 31→vieux titre de « Roi des Rois », bien connu dans le monde achéménide mais qui était tombé dans l’oubli après la mort de Darius III, est souvent interprété, également, comme une manifestation d’Achaemenid revival8, de même que le choix, pour un certain nombre de souverains, de se faire représenter au droit de leurs monnaies coiffés d’un couvre-chef, la « tiare » ou « kyrbasia », dont les précédents iconographiques se trouvent dans l’empire perse : à l’époque hellénistique, on l’observe chez les dynastes de Perside (les Frataraka), chez les Arsacides, chez les rois de Cappadoce et les rois de Sophène, et enfin en Commagène.

Ces différents phénomènes ont été remarqués et analysés depuis longtemps : des études ont été consacrées aux constructions généalogiques des dynasties pontique et cappadocienne, à l’attitude de la dynastie arsacide face au passé perse, à celle des dynastes de Perside, ou à l’examen des raisons pour lesquelles Antiochos de Commagène, qui était à la tête d’un petit royaume soumis aux Romains, chercha aussi ostensiblement à exalter ses racines (prétendument) achéménides9.

Depuis quelques années, les royaumes sont volontiers rapprochés entre eux, et l’étude de ces phénomènes insérée dans une réflexion plus globale sur la question de l’héritage perse à l’époque hellénistique. En 2010, Cristian Ghita a ainsi soutenu à Exeter une thèse analysant la part des héritages iranien (essentiellement perse d’époque achéménide) et gréco-macédonien dans la culture des dynasties pontique, cappadocienne et commagénienne10 ; en 2015, parut un article de Benedikt Eckhardt analysant l’attitude des Frataraka de Perside, de Mithridate Eupator du Pont et d’Antiochos de Commagène par rapport à la tradition religieuse achéménide dans laquelle ces dynasties s’inscrivaient ou prétendaient s’inscrire11 ; en 2017, Christoph Michels consacra un article à la question de l’impact que la culture perse avait eu sur les territoires des royaumes de Bithynie, du Pont, de Cappadoce et de Commagène et sur les dynasties qui les dirigeaient ; l’auteur analyse également la façon dont ces dynasties ←31 | 32→(hormis les rois de Bithynie, qui n’occupent en réalité qu’une place très restreinte dans son étude) utilisèrent la référence aux Achéménides pour légitimer le pouvoir qu’ils exerçaient12. Parmi les parutions récentes les plus importantes figurent néanmoins l’ouvrage collectif intitulé Persianism in Antiquity qui fut publié en 2017 par les deux chercheurs néerlandais Rolf Strootman et Miguel Versluys13, puis, en 2018, celle du livre de Matthew Canepa intitulé The Iranian Expanse14. Dans le premier ouvrage sont réunies une série de contributions analysant, sur un large spectre géographique et chronologique (depuis l’époque classique à Athènes jusqu’à l’époque contemporaine), les phénomènes de réception et d’appropriation de la culture perse, rassemblés sous le terme unique de Persianism, qui donne son titre au livre15. Le monde hellénistique y fait l’objet d’une partie, dans laquelle la question du lien avec passé perse occupe une place importante : l’attestent, outre l’article que j’ai consacré aux prétentions généalogiques de Mithridate Eupator16, ceux de Rolf Strootman17, de Rahim Shayegan18 et surtout de Mathew Canepa, qui explique comment, selon lui, les dynasties qu’il désigne comme « post-satrapales » (Mithridatides du Pont, Ariarathides de Cappadoce, Orontides d’Arménie, rois de Commagène) ainsi que la dynastie arsacide se réapproprièrent le passé perse afin de créer un nouveau modèle de royauté « néo-perse » capable de rivaliser avec celui des Séleucides puis des Romains19.←32 | 33→

Le second ouvrage, The Iranian Expanse, dû au même Mathew Canepa, se présente comme une vaste exploration de l’histoire des monarchies dirigées par des dynasties iraniennes depuis le début de l’époque achéménide jusqu’à la chute des Sassanides en 642, l’historien centrant son propos sur la question de l’expression du pouvoir royal dans ces royaumes. Si M. Canepa analyse essentiellement la façon dont, pendant plus de dix siècles, les rois iraniens se sont appuyés sur leur environnement naturel et bâti (palais, paradis, villes royales, sanctuaires, paysages) pour construire et diffuser une image de leur pouvoir20, il aborde également la question de la manipulation de la mémoire et des traditions culturelles perses dans les royaumes hellénistiques d’Anatolie, Arménie incluse, ainsi que chez les Arsacides et les Sassanides.

Ces articles et livres témoignent non seulement de l’intérêt que suscitent actuellement les dynasties hellénistiques dites « mineures »21, longtemps dédaignées pour avoir vécu à l’ombre des grandes monarchies macédoniennes puis des Romains22, mais également d’une tendance historiographique récente qui consiste à rapprocher et étudier ensemble ces dynasties « mineures » comme faisant bien partie d’un monde commun hellénistique, quelles que soient les différences qu’elles peuvent présenter entre elles23. Ils s’inscrivent en outre dans la réflexion qui est menée depuis ←33 | 34→les années 1990 sur les usages du passé dans l’Antiquité24. Pour ceux qui concernent spécifiquement les dynasties d’origine iranienne, ils ont pour point commun de relier étroitement les phénomènes de référence au passé perse dont elles peuvent témoigner au contexte hellénistique, « post-séleucide », dans lequel elles se sont développées, et donc d’insister davantage sur la notion de construction et de ré-invention du passé que sur celle de continuité réelle avec ce passé25 : le « persianisme » y est compris, en général, comme un phénomène largement artificiel.

L’ouvrage qui suit, profondément nourri de ceux qui viennent d’être évoqués, propose à son tour une analyse des différents moyens de se référer au passé perse que les historiens ont observés, ou cru observer dans certains cas, au sein des dynasties hellénistiques d’origine iranienne. Rapprochant entre elles différentes dynasties, il s’inscrit dans la perspective globalisante qui s’est affirmée ces dernières années.

Nous y avons fait le choix, toutefois, d’associer dans une même étude les dynasties anatoliennes et les dynasties proprement iraniennes, en tout premier lieu les Arsacides. En cela, notre étude se distingue de la plupart de celles qui ont été citées plus haut. Les rois parthes, pour des raisons évidentes liées à leur destin historique ainsi qu’à la nature des sources qui permettent de les connaître, sont en effet l’objet d’une bibliographie bien spécifique, qui leur donne une place à part au sein des études hellénistiques (quand elle ne les en exclut pas). Ainsi, si la problématique du rapport au passé perse est aussi présente dans l’historiographie arsacide qu’elle l’est dans l’historiographie des dynasties anatoliennes26, elle est rarement traitée en lien avec cette dernière (le livre de Mathew Canepa constituant ici une exception). J’ai choisi pour ma part de réunir ces deux grands ←34 | 35→pans de l’historiographie, ne serait-ce que pour mettre en relief ce qui distingue la dynastie arsacide des dynasties anatoliennes.

Details

Pages
502
Year
2022
ISBN (PDF)
9782807613935
ISBN (ePUB)
9782807613942
ISBN (Softcover)
9782807613928
DOI
10.3726/b19106
Language
French
Publication date
2022 (April)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 502 p., 3 ill. en couleurs, 8 ill. n/b.

Biographical notes

Charlotte Lerouge-Cohen (Author)

Ancienne élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégée de lettres classiques, Charlotte Lerouge-Cohen est maître de conférences HDR en histoire grecque à l’université Paris-Nanterre et membre de l’UMR Arscan (7041). Ses travaux portent principalement sur les Arsacides et sur les liens entre monde classique et monde iranien dans l’Antiquité.

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Title: Souvenirs du passé perse à l’époque hellénistique