Edgar Quinet, une conscience européenne
Résumé
Son enfance coïncide avec l’épopée napoléonienne, sur laquelle il méditera ; il est adolescent lorsque commencent les révolutions issues de la recomposition de l’Europe après 1815 ; il participe à l’expédition de Morée et voit la Grèce accéder à l’indépendance en 1829 ; il soutient les partisans du Risorgimento ; ami et collègue de Mickiewicz, il se préoccupe du sort de la Pologne ; son ouvrage Mes Vacances en Espagne comporte un important volet politique ; il se passionne pour les Roumains auxquels il consacre un ouvrage.
Dès les années 1830, ce grand connaisseur de l’Allemagne a compris que l’unité allemande se réaliserait contre la France, ce qui l’a prémuni contre les illusions de la plupart de ses contemporains. Lors du « Printemps des nations », il nourrit sa réflexion de l’actualité pour défendre le système des nationalités et le « génie national » ; convaincu que les pays d’Europe vont de façon irréversible vers la démocratie, il les met toutefois en garde contre les « soubresauts de la conscience en des sens opposé », la sacralisation du fait accompli et de la force. Et il rappelle, du fond de son exil, ce qui fait un peuple libre : « conscience du droit, fierté, dignité, caractère ».
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos des directeurs de la publication
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Présentation générale (Sophie Guermès / Brigitte Krulic)
- La Révolution française et l’Europe jusqu’à la mort de Louis XVI dans La Révolution (1865) d’Edgar Quinet (Simone Bernard-Griffiths)
- Quinet et la pensée des Lumières. Aux sources de la conscience européenne (Éric Francalanza)
- Un héros européen. Napoléon l’audacieux vu par Quinet (Loris Chavanette)
- La déchirure du Printemps des peuples. Quinet et Bilbao face à la Révolution démocratique et sociale de Juin 1848 (Vicente Romero Espinoza)
- Entre lucidité et cécité, les vacances en Espagne du professeur Quinet (Marie-France Borot)
- L’Espagne d’Edgar Quinet (Tatiana Antolini-Dumas)
- Quinet entre la Grèce et l’Orient. Approche historique et politique du passé et du présent (Irini Apostolou)
- Edgar Quinet, la Grèce et le philhellénisme (Sandrine Maufroy)
- Edgar Quinet et les Roumains. Regard sur l’Europe des périphéries (Catherine Durandin)
- Edgar Quinet et le romantisme brésilien (Arlenice Almeida da Silva)
- Edgar Quinet et l’unité allemande (Brigitte Krulic)
- La chaîne du passé. Edgar Quinet et la Philosophie de l’histoire (Herder, Hegel, Cousin) (Christophe Bouton)
- Quinet, Mickiewicz et l’idée de religion universelle (Tomasz Szymański)
- Quinet, le pape et le Risorgimento (Sophie Guermès)
- Edgar Quinet et l’héritage de Charles de Villers (Michèle Moulin (Sacquin))
- « Le souvenir des âmes heureuses ». La figure d’Edgar Quinet dans Ce que dit la musique (Fanny Gribenski / Étienne Jardin)
- Titres de la collection
Sophie Guermès et Brigitte Krulic (dir.)
Edgar Quinet,
une conscience européenne
P.I.E. PETER LANG
Bern • Berlin • Bruxelles • New York • Oxford • Wien
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Cet ouvrage a été publié avec le soutien du laboratoire d’excellence TransferS (programme Investissements d’avenir ANR-10-IDEX-0001-02 PSL* et ANR-10-LABX-0099) et du CECJI – EA 7289 (Centre d’étude des correspondances et journaux intimes, Université de Bretagne occidentale).
Nous adressons aussi tous nos remerciements à la Fondation Singer-Polignac, ainsi qu’à l’ITEM (ENS-CNRS), au Labex TransferS, au CECJI – EA 7289 (Université de Bretagne occidentale) et au CRPM –EA 4418 (Université Paris Nanterre) qui ont permis l’organisation du colloque international « Edgar Quinet, une conscience européenne », les 28 et 29 mars 2017.
ISBN 978-2-8076-0632-6 ISSN 1663-9367 ePDF 978-2-8076-0633-3 D/2018/5678/26 |
ePUB 978-2-8076-0634-0 DOI 10.3726/b13454 MOBI 978-2-8076-0635-7 |
© P.I.E. PETER LANG s.a.
Éditions scientifiques internationales
Bruxelles, 2018
1 avenue Maurice, B-1050 Bruxelles, Belgique
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est illicite. Tous droits réservés.
Sophie Guermès, ancienne élève de l’ENS, professeur à l’université de Brest, a fondé le séminaire Quinet à l’Item (Ens Ulm-Cnrs).
Brigitte Krulic, ancienne élève de l’ENS, professeur à l’université de Paris Nanterre, est spécialiste de l'histoire des idées politiques.
À propos du livre
Penseur « européen » par ses expériences personnelles et ses attaches familiales, Edgar Quinet a élaboré une approche profondément originale des variantes nationales de formation des États-nations et d’acculturation à la démocratie. Cet ouvrage se propose de dégager la dimension européenne de sa pensée, ainsi que les expériences, personnelles et intellectuelles, qui ont influencé sa perception du mouvement des nationalités à travers l’Europe.
Son enfance coïncide avec l’épopée napoléonienne, sur laquelle il méditera ; il est adolescent lorsque commencent les révolutions issues de la recomposition de l’Europe après 1815 ; il participe à l’expédition de Morée et voit la Grèce accéder à l’indépendance en 1829 ; il soutient les partisans du Risorgimento ; ami et collègue de Mickiewicz, il se préoccupe du sort de la Pologne ; son ouvrage MesVacances en Espagne comporte un important volet politique ; il se passionne pour les Roumains auxquels il consacre un livre.
Dès les années 1830, ce grand connaisseur de l’Allemagne a compris que l’unité allemande se réaliserait contre la France, ce qui l’a prémuni contre les illusions de la plupart de ses contemporains. Lors du « Printemps des nations », il nourrit sa réflexion de l’actualité pour défendre le système des nationalités et le « génie national » ; convaincu que les pays d’Europe vont de façon irréversible vers la démocratie, il les met toutefois en garde contre les « soubresauts de la conscience en des sens opposés », la sacralisation du fait accompli et de la force. Et il rappelle, du fond de son exil, ce qui fait un peuple libre : « conscience du droit, fierté, dignité, caractère ».
Pour référencer cet eBook
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Table des matières
Sophie Guermès et Brigitte Krulic
La Révolution française et l’Europe jusqu’à la mort de Louis XVI dans La Révolution (1865) d’Edgar Quinet
Quinet et la pensée des Lumières. Aux sources de la conscience européenne
Un héros européen. Napoléon l’audacieux vu par Quinet
La déchirure du Printemps des peuples. Quinet et Bilbao face à la Révolution démocratique et sociale de Juin 1848
Entre lucidité et cécité, les vacances en Espagne du professeur Quinet
Quinet entre la Grèce et l’Orient. Approche historique et politique du passé et du présent
Edgar Quinet, la Grèce et le philhellénisme
Edgar Quinet et les Roumains. Regard sur l’Europe des périphéries
Edgar Quinet et le romantisme brésilien
Edgar Quinet et l’unité allemande
Brigitte Krulic←7 | 8→
La chaîne du passé. Edgar Quinet et la Philosophie de l’histoire (Herder, Hegel, Cousin)
Quinet, Mickiewicz et l’idée de religion universelle
Quinet, le pape et le Risorgimento
Edgar Quinet et l’héritage de Charles de Villers
« Le souvenir des âmes heureuses ». La figure d’Edgar Quinet dans Ce que dit la musique
Fanny Gribenski et Étienne Jardin←8 | 9→
Sophie Guermès et Brigitte Krulic
J’ai adoré la France ; j’ai rêvé pour elle la gloire de devenir l’idéal des peuples modernes.
Tant que la parole m’est restée, j’ai défendu la cause des peuples, des faibles, des nationalités qui demandaient à renaître. J’ai péri avec elles, il est vrai. Mais je suis enseveli avec l’Italie, avec Venise, avec la Pologne, avec la Hongrie, avec les Roumains. C’est là un tombeau qui me plaît. Je ne le changerais pas contre les joies des vivants. (Edgar Quinet, Histoire de mes idées, 18581)
Au début des leçons qui composent Le Christianisme et la Révolution française, Edgar Quinet explique que la chaire qu’il occupe alors au Collège de France (Littératures de l’Europe méridionale) est encore récente, et qu’il doit par conséquent en poser les fondements. Il poursuit en soulignant la nécessité d’une synthèse : « Il ne me suffit pas d’avoir parlé isolément de l’esprit de certains peuples de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce, d’avoir remué les noms et les œuvres de Dante, de Machiavel, de Camoëns, du Tasse, de Bruno, de Campanella ; il faut encore montrer le lien, établir le rapport du Midi avec la France, et marquer la condition et la mission de l’Europe méridionale dans le monde moderne2 ». Pour autant, il n’a pas réservé sa réflexion à l’Europe du Sud. En effet, il avait vécu en Allemagne, traduit Herder, réfuté David Strauss, épousé une Allemande ; puis son amitié avec Mickiewicz3, son remariage avec une Roumaine, après la mort←9 | 10→ de sa première femme, l’amenèrent à s’intéresser à l’Europe de l’Est4 ; et c’est au Nord qu’il a passé ses premières années d’exil, en Belgique. Quinet, par sa largeur de vue et ses gigantesques travaux, rassemble l’Europe du Sud et du Nord, de l’Est et de l’Ouest.
Européen par ses lectures, ses expériences personnelles et ses attaches familiales, Quinet a élaboré une approche originale des variantes nationales de formation des États-nations et d’acculturation à la démocratie politique. L’Europe est restée l’une de ses préoccupations majeures. Sa naissance (1803) et son enfance coïncident avec l’épopée napoléonienne, sur laquelle il médita souvent ; il est adolescent au moment où commencent les révolutions issues de la recomposition de l’Europe lors du Congrès de Vienne ; adulte, il participe à l’expédition de Morée et voit la Grèce accéder à l’indépendance en 1829 ; il soutient les partisans du Risorgimento au cours de leur long combat, et se préoccupe du sort de la Pologne ; ses Vacances en Espagne comportent un volet politique très important, que le titre du livre ne laisse pas supposer. Il a quarante-cinq ans lors du « Printemps des peuples », et il nourrit sa réflexion de l’actualité observée et vécue. L’avenir de l’Europe est pour lui un souci constant. Dans le chapitre « De la direction morale de l’Europe » qui clôt L’Enseignement du peuple (1850), il montre que les dictateurs déclinent, le culte héroïque ayant récemment fait place à l’Histoire. La légende napoléonienne a cédé devant la réalité, et les pays d’Europe vont de façon irréversible vers la démocratie. Toutefois, Quinet ne fait preuve d’aucun angélisme : la Lettre sur la situation religieuse et morale de l’Europe (1856) le prouve, tout comme la troisième partie de France et Allemagne (1867), qu’il intitule « Point de vue de l’Europe ». Il y dénonce, après Sadowa, les « soubresauts de la conscience en des sens opposés », « l’Europe entière prise en flagrant délit de reniement », et en appelle à la vigilance, au sursaut de la « conscience publique », dans « l’éclipse de la conscience humaine » qu’il constate alors. Il voit les peuples soumis à la Prusse « entrer en Europe, par la porte basse. » Et il rappelle, du fond de son exil, ce qui fait un peuple libre : « conscience du droit, fierté, dignité, caractère ».
Le lien qu’il veut mettre en lumière, par-delà les zones géographiques, c’est celui des « révolutions religieuses, dont les institutions politiques, les littératures et les arts sont une conséquence », et qu’il voit comme « l’esprit de la vie ». Tel est le fil conducteur de toute sa pensée, et de toute son←10 | 11→ œuvre. Mais Quinet ne se contente pas de reconstituer, d’expliquer ; il veut amener à changer en profondeur les peuples d’Europe qu’il juge encore prisonniers5. Sa parole est efficace, elle vise à inciter ceux qui l’écoutent à briser les chaînes d’une servitude toujours recommencée. Il parle et écrit à une époque où la démocratie n’a pas encore « la force pour elle », mais seulement « l’idée du droit6 ». C’est pourquoi il lance régulièrement des avertissements aux nationalités.
Il aura témoigné d’une conscience aiguë de l’état de l’Europe au xixe siècle, et retracé aussi son histoire mouvementée, dans une perspective d’analyse des rapports de force politiques et des échanges intellectuels. Et toute sa réflexion est animée d’une préoccupation morale. Car « l’Europe politique fait le vide sous ses pas. La personne morale des peuples n’a plus de garanties7 ». D’où le double sens du mot conscience qui figure dans le titre du colloque dont nous publions les actes – conscience, un mot qu’il a souvent employé.
Ancré dans le monde moderne, voyant beaucoup plus loin que son propre pays, Quinet fut un idéaliste, non un illuminé. Il n’a pas rêvé dans l’abstrait une humanité parfaite ; il s’est obstiné à expliquer les conditions de possibilité dans lesquelles les peuples pouvaient se développer sans se nuire mutuellement, et sans subir le joug d’une autre nation. Dans son éducation à la liberté il n’a fait « aucune concession », comme il le rappelle au début de Critique de La Révolution8. Il n’avait pas peur. Il a fermement résisté à ses ennemis, et supporté l’adversité de la même façon qu’il avait accueilli le succès : en travaillant.
Il n’a cessé de défendre le système des nationalités et le « génie national » ; il a lutté sans relâche contre l’esclavagisme moral ; il a réfléchi aux fondements des sociétés modernes, en premier lieu aux origines de la laïcité, réclamant très tôt une séparation de l’Église et de l’État qui ne se concrétisa en France que trente ans après sa mort, tout en considérant la religion comme « l’idéal vers lequel tend une nation et qu’elle réalise de plus en plus dans ses institutions civiles9 ».←11 | 12→
Penseur précurseur du théologico-politique, historiographe majeur de la Révolution française, Quinet a élaboré une œuvre monumentale par son volume, sa puissance, mais aussi son retentissement jusqu’au début du xxe siècle. Mais après la mort de Ferdinand Buisson10 et d’Henri Brisson11, exécuteurs testamentaires d’Hermione Quinet, la mémoire de l’écrivain est tombée peu à peu dans l’oubli. Il a fallu attendre la célébration du centenaire de la mort de Quinet (1875) pour que celui-ci ressorte de l’ombre, grâce à Paul Viallaneix et Simone Bernard-Griffiths, qui ont organisé à l’université de Clermont-Ferrand un colloque dont les actes ont été publiés sous le titre Edgar Quinet, ce juif errant. Depuis, on constate un relatif regain d’intérêt de la part des littéraires, mais surtout des historiens (François Furet), et de quelques philosophes (Claude Lefort), qui ont souligné la contribution importante de Quinet à la compréhension des mécanismes de formation des institutions et des régimes politiques, ainsi que des liens entre le substrat religieux des sociétés et les pratiques de gouvernement. Ses analyses de l’engrenage de la Terreur, arrimé à la sacralisation de la souveraineté absolue de l’État en France, fournissent en effet un outil de compréhension fécond non seulement pour le « siècle des Révolutions » qu’il a traversé, mais aussi pour les crises et tragédies qui ont accompagné l’apprentissage de la démocratie dans l’Europe du xxe siècle.
Le volume collectif que nous présentons sous le titre Edgar Quinet, une conscience européenne s’inscrit dans ce mouvement discret, mais continu de reconnaissance, en abordant un sujet essentiel, mais non encore traité : les dimensions transnationales de la circulation des idées et des représentations, politiques, littéraires et artistiques. Il rassemble les communications prononcées lors d’un colloque organisé en mars 2017 à la Fondation Singer-Polignac, où des chercheurs venus de plusieurs pays, et représentant différentes disciplines – littératures française et étrangères, histoire, philosophie –, ont mis en évidence la dimension et la portée européennes de l’œuvre de Quinet, qui a aussi servi de référence en Amérique latine (Brésil, Chili en particulier). Quinet a pensé l’Europe en termes de solidarité entre les peuples : l’expérience des uns devait éclairer les autres.←12 | 13→
Résumés des articles
Résumé des informations
- Pages
- 280
- Année de publication
- 2018
- ISBN (PDF)
- 9782807606333
- ISBN (ePUB)
- 9782807606340
- ISBN (MOBI)
- 9782807606357
- ISBN (Broché)
- 9782807606326
- DOI
- 10.3726/b13454
- Langue
- français
- Date de parution
- 2018 (Mai)
- Publié
- Bruxelles, Bern, Berlin, New York, Oxford, Wien, 2018. 276 p.
- Sécurité des produits
- Peter Lang Group AG