Les facettes de l’interprétation multiple
Summary
Excerpt
Table Of Contents
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- Über das Buch
- Zitierfähigkeit des eBooks
- Table des matières
- Liste des contributions
- Introduction
- Christophe Cusimano: « La Rencontre » de Jorge Luis Borges
- Vincent Robert-Nicoud: L’interprétation multiple des énigmes au XVIe siècle : entre vice et marchandisation
- Myriam Béji: Interprétations multiples et manipulations textuelles
- Diego Gachadouat Ranz: Regard divergent et interprétation(s) déviante(s)
- Monia Ben Jalloul: Pour une approche pluridisciplinaire des textes :
- Catherine Bourgoin: L’interprétation multiple,
- Witold Wołowski: La pyramide interprétative :
- Mouad Adham: L’interprétation de l’obsession :
- Liste des illustrations
Liste des contributions
Christophe Cusimano
Université Masaryk de Brno
Pour toute question : ccusim@phil.muni.cz
Vincent Robert-Nicoud
Université de Oxford
Myriam Béji
Université de Montréal
Diego Gachadouat Ranz
CERILAC, Université Paris-Diderot
Monia Ben Jalloul
Université Clermont Auvergne
Catherine Bourgoin
CRSEA – Centre Universitaire Catholique de Bourgogne
Witold Wołowski
Université Catholique Jean Paul II de Lublin
Mouad Adham
Université Cadi Ayyad de Marrakech
Introduction
La problématique de l’interprétation, entendue comme un processus dynamique de la lecture ou, si l’on préfère, comme une réception créative de la production verbale de l’homme, intéresse depuis des décennies toute science concentrée sur la langue et la culture, surtout la linguistique et la recherche en littérature. Outre les approches herméneutiques traditionnelles, comme l’exégèse biblique ou la logique d’interprétation aristotélicienne, il existe aussi des modèles théoriques et des outils méthodologiques contemporains (cf. p. ex. la sémantique interprétative de François Rastier, la réflexion sur la lecture ouverte d’Umberto Eco, celle du Groupe μ sur la lecture tabulaire, la sémanalyse de Julia Kristeva, ainsi que les approches sociolinguistiques, psycholinguistiques ou culturologiques de l’interprétation) qui s’appliquent à l’analyse de différents types de textes (littéraires, journalistiques, spécialisés, etc.), y compris la communication verbale de tous les jours.
L’un des problèmes particulièrement intéressants dans ce contexte concerne l’interprétation double ou multiple, c’est-à-dire les cas où plusieurs pistes interprétatives sont possibles et satisfaisantes pour un seul texte. Si les divergences des résultats de l’interprétation dépendent sans doute de l’accès au contexte pertinent ou du profil individuel du lecteur/interprète, il est clair qu’elles peuvent aussi avoir leur source dans la construction même du texte qui, pour sa part, ouvre, voire impose, plus d’une possibilité d’interprétation valable.
Le présent ouvrage recueille des textes qui abordent la problématique de l’interprétation multiple sous des angles très différents, employant des outils méthodologiques variés, propres aussi bien à la linguistique qu’à la recherche en littérature, à la didactique ou à l’analyse sémiotique au sens large. Cette panoplie d’approches témoigne de ce que le terme d’interprétation lui-même se laisse soumettre à une interprétation multiple – multiple au sens positif, impliquant une diversité d’acceptions créative.
L’article de Christophe Cusimano, situé dans la perspective de la sémiotique du texte, se concentre sur la structure implicite de La Rencontre, ←9 | 10→nouvelle de Jorge Luis Borges. Celle-là se compose en fait de trois « couches » de sens, i.e. de trois parcours interprétatifs, simultanés et complémentaires, que l’auteur appelle respectivement récit magique, fantastique et cryptique. Le contenu littéral de la nouvelle, c’est-à-dire l’histoire d’un duel à mort (où les armes, sorte d’objet magique, dominent les hommes), n’est que le point de départ vers la découverte d’un sens symbolique plus profond, relatif d’un côté à l’idée de l’éternité et, de l’autre, à l’analogie perceptible entre les armes de Borges, qui nécessitent des combattants humains pour « se réveiller », et le texte qui « requiert un interprète pour exister » (ici-même, p. 19).
Pour sa part, Vincent Robert-Nicoud, dans son article consacré à l’interprétation des énigmes au XVIème siècle, aborde la problématique de la structure sémiotique « obscure » en appuyant sa réflexion sur l’analyse de L’Enigme en prophétie de Mellin de Saint-Gelais, reprise par François Rabelais dans Gargantua. Sans oublier le rôle crucial du contexte extratextuel, l’auteur concentre son attention sur les moyens sémantiques (figures du discours, notamment la métaphore ; polysémie) qui, employés pour construire l’énigme sur le plan verbal, favorisent son interprétation double ou multiple.
Myriam Béji, elle, choisit d’envisager la problématique de l’interprétation du point de vue de la traduction littéraire où le message crucial prévu par l’auteur du texte original risque d’échapper au lecteur du texte traduit ou, du moins, de se déformer suite à un « malentendu littéraire ». Celui-ci « dépasse la simple maladresse interprétative puisqu’il porte sur un message intrinsèque au texte qui a été mal compris » (ici-même, p. 41), ce qui pose des problèmes majeurs sur le plan de la réception de l’œuvre par le lecteur étranger. Pour illustrer ce mécanisme, Béji analyse l’exemple de La Plaisanterie de Milan Kundera, dont la traduction française de 1968, publiée dans un contexte fort politisé, s’éloigne considérablement de l’original et prête à un malentendu concernant l’intention originale de l’auteur.
Dans une toute autre perspective et travaillant sur un corpus tout à fait différent, Diego Gachadouat Ranz propose une analyse de Ring, vidéo de Hideo Nakata, où il s’applique à définir une piste interprétative qu’il appelle interprétation déviante. Celle-ci exploite des moyens spécifiques allant à l’encontre des schémas interprétatifs traditionnels propres à la réception d’une vidéo et basant sur une « lecture » plutôt tabulaire. En ←10 | 11→fait, le recours au regard divergent, ainsi que l’importance attachée aux détails et à la bande-son permettent de procéder à une interprétation approfondie, susceptible d’apprécier le rôle d’éléments secondaires, imperceptibles dans une réception typique.
Pour sa part, Monia Ben Jalloul fonde son analyse sur un roman de Gustave Flaubert (Madame Bovary) et trois textes de Georges Perec (Les Choses, La Vie mode d’emploi, W ou le souvenir d’enfance) où elle essaie de percevoir et de décrire le jeu de points de vue narratifs en y appliquant la méthodologie linguistique élaborée par Alain Rabatel. En effet, grâce à la multiplication et la diversification de points de vue mis en place dans le texte et jouant sur l’opposition cruciale objectif/subjectif, plusieurs pistes interprétatives s’ouvrent devant le lecteur qui, ainsi, a accès aussi bien à l’optique du narrateur qu’à celle des personnages.
L’article de Catherine Bourgoin, situé dans une perspective didactique, se concentre sur la problématique de l’interprétation de textes littéraires par les élèves du cycle 3, plus particulièrement sur les stratégies adoptées dans l’enseignement pour guider cette activité. Il s’agit en effet d’un dispositif didactique précis, « le racontage comme conversation avec le texte associé à un outil “stratégique” pour accompagner le lecteur » (ici-même, p. 91), susceptible d’initier les élèves à la lecture d’un texte littéraire « résistant » et de les inviter à chercher différentes interprétations de celui-ci.
Details
- Pages
- 162
- Publication Year
- 2019
- ISBN (PDF)
- 9783631799833
- ISBN (ePUB)
- 9783631799840
- ISBN (MOBI)
- 9783631799857
- ISBN (Hardcover)
- 9783631780602
- DOI
- 10.3726/b16048
- Language
- French
- Publication date
- 2019 (September)
- Keywords
- sémantique texte réception ambiguïté contexte sémiotique
- Published
- Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2019., 162 p., 8 ill. n/b