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DéterminationS

de Antoine Gautier (Éditeur de volume) Eva Havu (Éditeur de volume) Dan Van Raemdonck (Éditeur de volume)
©2016 Collections 256 Pages
Série: GRAMM-R, Volume 30

Résumé

Attestée, de manière métalinguistique ou non, dès le XVe siècle, par le biais également des termes déterminer, déterminé et indéterminé, la notion de détermination est employée tantôt dans la définition de l’adverbe, tantôt dans l’analyse du temps verbal, pour distinguer passé simple et passé composé, tantôt encore pour décrire des relations de dépendance morphologique, tantôt enfin dans le cadre de la sémantique nominale et référentielle.
En grammaire, où se croisent acceptions héréditaires et empruntées, la notion renvoie à une opération de spécification dont les agents sont les déterminants. La tradition chaotique du terme les verse tantôt parmi les classes de mots (adjectifs déterminatifs, non qualificatifs, pour la grammaire scolaire, puis déterminants depuis Wagner et Pinchon (1962), à partir du determiner de Bloomfield (1933)), tantôt parmi les fonctions, tantôt un peu dans les deux. Les différentes théories redessinent les territoires et font voyager les items au gré de la place qui leur est réservée dans leur système.
Les contributions de ce volume visent à approcher et à éclairer davantage, parfois d’une lumière nouvelle, la notion de détermination, qui est encore loin d’être parfaitement circonscrite.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Un classement hiérarchisé des déterminants en « de »
  • Co-prédications adjectivantes : Le degré de détermination du lien nominal entre les prédications
  • Ni…ni : des corrélatifs déterminant ?
  • Une analyse de la coordination des noms nus en français en termes de TOUT COORDONNÉ
  • Étude d’expressions référentielles nominales étendues (ERNE) au sein de narrations de séquences imagées
  • Pour une extension du domaine de la lutte. La détermination hors du syntagme nominal
  • Déterminants et noms de propriétés
  • « J’ai rencontré une vraie femme, c’est une femme qui nourrit, qui prend soin, qui réconforte, qui écoute, qui accompagne et qui honore son homme ». Les fonctions sémantico-pragmatiques du déterminant nominal vrai
  • Individuation référentielle de la construction infinitive V-TESSA en finnois : Entre détermination nominale et complémentation verbale
  • Le déterminant et la détermination au cours de français, aujourd’hui. Bilan critique et proposition
  • Acquisition de la détermination nominale en français L3 et en anglais L3 chez des apprenants libanais
  • Pour ø N : absence de déterminant dans la construction N avoir pour N X
  • Les zones grises de la détermination
  • Titres de la collection

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Un classement hiérarchisé des déterminants en « de »

Claude MULLER

Université Montaigne Bordeaux-III

1. Les déterminants en de

Il y a quatre catégories principales à considérer :

1. de dans les articles : l’indéfini des, les partitifs du/de la

2. de relateur, entre déterminant de quantité et NP : beaucoup d’étudiants, nombre d’étudiants

3. de en dislocation : j’en ai vu plusieurs, d’étudiants

4. de partitif isolé : il a goûté de ton gâteau

5. de partitif dans : J’ai vu plusieurs des étudiants de 1er année.

Il est souvent admis depuis les années 1970 que tous ces de, ou plusieurs d’entre eux (3 chez Milner (1978), sur 4, peut-être 4 chez Kupferman (2004)), sont les mêmes, distincts du de génitif, celui des compléments de nom de divers types qui ne sont pas introduits par des noms ou pronoms de quantité. Une propriété basique du de des constructions de quantité est dans Milner (1978) : le terme qui répond aux contraintes de sélection est le NP, pas le terme tête :

J’ai acheté un tablier de soubrette (Milner 1978 : 41) / *J’ai acheté une soubrette

J’ai mangé un kilo de pain / J’ai mangé du pain

Une autre propriété est à prendre en considération pour distinguer parmi les couples liés par de entre ceux qui sont analysables comme des déterminants complexes et ceux qui sont du type « génitif 1 » : la relation sémantique partie-tout construit des ensembles comme : ← 9 | 10 →

Il est indéniable que le premier nom réalise une partie de l’ensemble signifié par le second. Pourtant, on doit distinguer entre ces constructions et les quantitatives, également intégrables dans une relation partie-tout :

Cette seconde relation n’est jamais attributive, si on compare :

On n’inclura donc pas les constructions nominales du premier type dans la catégorie des déterminants. D’autres propriétés sont exposées par Milner (déjà chez Kayne 1977) :

Le pied en est cassé (de la table) / *Plusieurs en sont fatigués (des élèves)

L’analyse de Milner (1978) est reprise et rendue encore plus unitaire par Kupferman (2004).

Cet auteur range en effet également les partitifs dans l’ensemble des constructions « de quantité » et fait de de l’élément quantitatif de base dont le spécifieur donne le contenu prédicatif.

La grammaire n’assimile pas forcément tous ces de. Ainsi Wilmet (2003) distingue-t-il entre article (le partitif, certaines formes disloquées) et préposition (§ 199 en remarque) pour certains de rattachés à des déterminants adverbiaux. ← 10 | 11 →

Une alternative aux thèses concurrentes de l’unicité ou de catégories distinctes est proposée dans Carlier et Melis (2006). Ils expliquent que l’analyse de Foulet (1928) sur laquelle se base Milner (1978) ;

n’est valide ni historiquement, ni en termes de propriétés, mais ils voient dans les différents de des déterminants une famille de formes apparentées.

Dans ce qui suit, on va s’intéresser aux constructions de déterminants en de, qui partagent quand même toutes une autre propriété fondamentale : le de n’affecte pas la valence verbale3, et s’il est régi, c’est pour se rattacher de près ou de loin à un élément nominal ou pronominal introducteur, analysable comme déterminant. À défaut, il peut se construire seul, de préférence dans la complémentation directe du verbe, comme le partitif défini :

Ce peintre, j’ai pu admirer de ses oeuvres à la biennale d’automne

Notre but est de montrer : 1) que ces constructions diffèrent entre elles et ne sont pas toutes quantitatives ; 2) qu’elles obéissent à un classement hiérarchisé qui fait émerger de façon régulière une valeur du de qu’elles contiennent. Cela admis, on peut ensuite essayer de comprendre comment l’ensemble de propriétés diverses de ces différents de sont à mettre en relation.

2. Les différents de des déterminants

2.1 DES /DU articles

L’article est à distinguer du partitif défini, qui signifie une quantité partielle d’un ensemble. Même dans les conditions les plus favorables, comme ci-dessous : verbe « fragmentatif » (Englebert), position objet direct, spécification par un complément, le sens partitif défini n’est pas évident ni unique :

J’ai mangé des gâteaux qu’on m’a apportés hier

Le sens partitif serait « quelques-uns parmi », mais on remarque que la phrase peut aussi bien signifier : tous les gâteaux apportés hier. Dans ce cas, c’est avec l’article indéfini. L’analyse classique de celui-ci fait du les incorporé dans l’article un « article générique » sur lequel de opère ← 11 | 12 → une partition, ce qui est plutôt absurde ici : l’ensemble générique serait « gâteaux qu’on m’a apportés hier ». La valeur de base de des est plutôt, indépendante de toute idée de partition ensembliste, celle de l’introduction d’objets nombrables. On soutiendra que ce n’est qu’indirectement, par le contexte, que des peut alors être interprété comme une variante de quantifieur comme quelques.

De nombreux cas illustrent l’absence d’intention quantifiante dans certains emplois de l’article des :

a) Luc a des cheveux blancs, Marie a des yeux bleus

Le des peut s’appliquer à la totalité des cheveux (et normalement aux deux yeux !). Dans le 1er cas, la phrase peut aussi quantifier : « quelques cheveux blancs ». L’emploi non quantitatif est le seul dans :

Il faut distinguer ici entre un emploi non quantitatif de des, introducteur basique d’un nom de première mention, non défini donc, abordé comme nombrable non quantifié (donc pluriel), comme dans Il a de beaux cheveux qui n’implique nullement que quelques-uns ne le sont pas ! L’autre sens est quantitatif (pas partitif !), avec le sens de quelques et c’est le seul qui, semble-t-il, peut être repris naturellement par en :

b) On ne laisse entrer que des étudiants (Furukawa 1986)

C’est la qualification nominale qui compte ici, il n’y a pas de quantification. La phrase serait synonyme de on ne laisse entrer que les étudiants.

c) Les professeurs avaient mis des cravates (cf. Muller 2001)

Le des est l’accord de mettre (une) cravate avec un sujet pluriel. Il n’y a probablement pas de quantification, en tout cas pas de quantification indépendante, des n’est pas remplaçable par quelques, plusieurs, ou un cardinal.

d) Max a écrit des poèmes pendant deux heures ; Harvey a continué à tuer des lapins (Dobrovie-Sorin et Beyssade 2004 : 39)

L’emploi est distinct de celui des quantifieurs : on peut utiliser des pour décrire une activité et non un accomplissement. ← 12 | 13 →

Il y a donc divers emplois de des. On en distinguera trois :

La distinction entre l’emploi quantitatif et l’emploi indéfini pourrait se prolonger dans les deux emplois génériques qui ont été proposés pour l’article des :

2.2 DE dans les dislocations

Les formes des/du peuvent apparaître en dislocation :

C’est la forme préférentielle en début d’énoncé :

Mais on trouve aussi de antéposé :

La position postposée liée à un terme recteur favorise de :

L’emploi de de seul n’est possible que dans la complémentation plus ou moins proche d’un terme recteur :

On tiendra cette particularité comme définitoire du de disloqué. La contrainte d’ordre (qui n’exclut pas une antéposition du de N postposé dans quelques cas) traduit une relation syntaxique. Le recteur de de NP ← 13 | 14 → disloqué peut être un terme sans possibilité de complémentation avec de dans les formes liées :

Résumé des informations

Pages
256
Année de publication
2016
ISBN (PDF)
9783035266030
ISBN (MOBI)
9783035297423
ISBN (ePUB)
9783035297430
ISBN (Broché)
9782875743268
DOI
10.3726/978-3-0352-6603-0
Langue
français
Date de parution
2016 (Avril)
Mots clés
Semantic Bloomfield Wagner
Publié
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 256 p., 43 ill., 1 tabl.
Sécurité des produits
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Notes biographiques

Antoine Gautier (Éditeur de volume) Eva Havu (Éditeur de volume) Dan Van Raemdonck (Éditeur de volume)

Antoine Gautier est maitre de conférence en linguistique française à l’Université Paris-Sorbonne. Ses recherches portent sur le français écrit et l’histoire de la linguistique moderne. Eva Havu est enseignante-chercheuse en linguistique française à l’Université de Helsinki. Ses recherches portent sur la syntaxe du français, sur des questions sociolinguistiques et sur l’apprentissage du français langue étrangère et présentent souvent un point de vue contrastif (français-finnois). Dan Van Raemdonck, docteur en philosophie et lettres de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), est professeur de linguistique française (langue maternelle et langue étrangère) à l’ULB et à la VUB (Vrije Universiteit Brussel). Ses recherches portent sur la syntaxe de la phrase française et visent à développer une linguistique applicable.

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