Lire en classe de français
Nouvelles d’expression française dans l’enseignement et l’apprentissage du FLE
Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sur l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- I. La littérature dans l’enseignement de langues
- 1. Pertinence didactique des textes littéraires
- 2. Choix de textes littéraires pour la classe de langue
- 3. Dimension culturelle dans l’enseignement de langues par et avec la littérature
- 4. Activités et exercices pour la classe de langue
- II. La nouvelle dans l’enseignement du FLE
- 1. Nouvelle en classe de français
- 2. Activités de classe liées spécifiquement à la nouvelle
- III. Bibliographie
- IV. Fiches pédagogiques générales 1.a – 1.d
- 1. Fiche générale
- a. Connaître la biographie d’un écrivain
- b. Texte littéraire bref et nouvelle
- c. Fantastique
- d. Policier – Polar
- V. Fiches pédagogiques particulières 2.a – 2.p
- 2. Fiche pédagogique
- a. Isabelle Eberhardt, La Rivale
- b. Guy de Maupassant, Un drame vrai
- c. Guy de Maupassant, Un fou ?
- d. Guy de Maupassant, Le loup
- e. Guy de Maupassant, Magnétisme
- f. Jules Renard, La Chenille
- g. Jules Renard, La Vache
- h. Jules Renard, Le Crapaud
- i. Auguste Villiers De L’isle-Adam, À s’y méprendre !
- j. Max Waller, Clair de lune (XVIe siècle)
- k. Émile Zola, Les fraises
- l. Émile Zola, Les violettes
- m. Claude Seignolle, Le Meneur de loups
- n. Nicolas Kurtovitch, Au bord de l’eau II
- o. Nicolas Kurtovitch, Au bord de l’eau III
- p. K. Madavane, Un clou sur un tamarinier
- Titres de la collection
I. La littérature dans l’enseignement de langues
1. Pertinence didactique des textes littéraires
La littérature ne saurait être réduite à ses composantes linguistiques, elle est bien plus qu’une simple somme de signes de langue. Son essence esthétique, sans laquelle il n’y aurait pas de distinction entre les textes fonctionnels et littéraires, est indispensable et constitutive de l’être. Néanmoins, la littérature est en même temps une émanation de la langue et de la culture au sein desquelles elle naît et encore, il s’agit d’une émanation exceptionnelle, riche du point de vue du lexique, du style et des thèmes.
L’exploitation des textes littéraires satisfait toutes les exigences que formule la didactique des langues étrangères – la littérature est une source pratiquement inépuisable des supports riches et représentatifs pour la langue-cible et la culture véhiculée ; pour cette raison elle semble prédestinée à occuper une place durable en classe de FLE. Les textes littéraires peuvent se prêter à la réalisation de plusieurs objectifs – linguistiques, culturels, pédagogiques ; aussi leur pertinence didactique ne peut-elle pas être sous-estimée.
Il sera utile de rappeler les traits inhérents – constructifs, sémantiques et formels – qui distinguent les oeuvres littéraires parmi les autres types de textes, en en faisant un matériel hautement fructueux pour l’enseignement de langues.
- Les textes littéraires contiennent un matériel authentique – linguistique et culturel – dont la valeur est plus que considérable ; ils représentent des exemples d’emploi de la langue et, par là-même, de la construction d’un monde fictionnel. Ils fournissent aussi maintes informations civilisationnelles spécifiques et importantes.
- Ils réflètent une réalité subjective, perçue du point de vue individuel, ce qui est important pour le nombre et la variété des expressions. Leurs lecture et étude contribuent de cette manière à former une compétence culturelle et interculturelle. Pour les époques reculées, c’est la seule possibilité de connaître les modes de penser, de sentir de nos prédécesseurs et ancêtres.
- Les textes littéraires en langue étrangère assurent des possibilités inépuisables pour faire des comparaisons enrichissantes (des différences et similitudes prises en compte) avec la littérature natale des apprenants.
- Ils présentent le lexique dans un contexte large et une diversité de situations ce qui permet aux apprenants de se familiariser avec la langue étrangère de différents registres. À un niveau plus avancé, il sera possible de chercher et ← 7 | 8 → soumettre aux apprenants des textes présentant non seulement une variété de registres et de tons, mais également des régionalismes : cette possibilité est particulièrement prometteuse pour le français, vu la richesse linguistique régionale de la France et la présence de la langue sur tous les continents du globe.
- Les textes littéraires contiennent une variété des motifs, des problèmes et des histoires qui peuvent être analysés, interprétés et appréciés (soit dépréciés). De nombreux personnages apparaissant dans des œuvres littéraires sont décrits, caractérisés et jugés. Cela permet d’élaborer des portraits des personnages, de prononcer leur critique, le jugement de leur comportement ou bien formuler des comparaisons. Cette diversité des aspects et des thématiques abordées présente le plus souvent un caractère « ouvert » ce qui exige de l’apprenant de prendre une attitude vis-à-vis d’un problème donné ainsi que de construire des énoncés en langue étrangère. Ce phénomène permet d’exercer et de perfectionner la compétence communicative puisque la lecture d’un texte littéraire suscite souvent des émotions, ce qui fait naître le besoin de partager ses opinions, points de vue et impressions avec d’autres. Les élèves développent la motivation à travailler en groupes, en tandems et ils sont encouragés à prendre part à la communication.
- Les textes littéraires se caractérisent par leur capacité de contribuer au développement et perfectionnement de toutes les compétences linguistiques : la compréhension orale et écrite, l’expression orale et écrite. « Dans les activités de classe, l’attention sera focalisée sur les opérations langagières de construction du monde du texte. C’est de cette façon que l’apprenant développera des compétences en compréhension et en production de textes en langue étrangère »1.
- Les textes servent de base pour développer les compétences réceptives. Cela revient à affirmer qu’ils permettent surtout le perfectionnement de la compréhension écrite et, bien souvent, de la compréhension orale. Il n’est pas obligatoire (ni même nécessaire) d’expliquer à fond et immédiatement le lexique ou tout autre difficulté linguistique. Il suffit de commencer par la formulation des hypothèses sémantiques ; procéder ainsi à une construction progressive du sens de l’œuvre. L’explication trop hâtive et détaillée d’un vocabulaire nouveau et de nouvelles structures peut perturber la perception d’une œuvre littéraire en tant qu’une unité linguistique et logique. Elle peut s’effectuer à ← 8 | 9 → une étape ultérieure de l’étude de l’œuvre, au moment où sera travaillée la compréhension détaillée.
- Les textes constituent une impulsion pour construire des énoncés. Ils vont servir alors au développement de compétences productives : le parler (expression orale) et l’écriture (expression écrite). Le texte littéraire est discuté, interprété et analysé en ce qui concerne le contenu ainsi que la langue. Les élèves apprennent à réfléchir et à formuler leurs réflexions en langue étrangère. Ils sont motivés à exprimer leurs opinions, les justifier et défendre ainsi qu’à ne pas craindre de confronter quelques interprétations du même texte. La pluralité interprétative n’aboutit nullement au laxisme puisqu’elle déclenche l’inventivité des apprenants et mobilise toutes leurs compétences : ils sont obligés de construire leurs hypothèses en les formulant de manière claire et s’astreignant à une certaine discipline d’expression.
- Si l’argument du plaisir procuré par la lecture et la connaissance de la littérature n’apparaît pas comme premier, il est néanmoins d’importance. Il joue un rôle considérable au niveau psychologique, mais peut se manifester aussi au niveau social : les connaissances permettent d’acquérir un certain prestige, ce qui n’est pas négligeable, même dans des milieux restreints.
L’exploitation de la littérature dans la didactique des langues étrangères devrait prendre en considération tous ces aspects. Il est néanmoins nécessaire de mettre en garde contre des extrêmes possibles : d’un côté, se pose le danger lié à la concentration pragmatique excessive sur les éléments linguistiques (grammaticaux, lexicaux, etc.) du texte littéraire au détriment des valeurs artistiques et culturelles ; de l’autre, l’approche esthétique, tournée vers la beauté de l’œuvre, est perçue avant tout comme un moyen de briser la monotonie du cours de langue, centrée habituellement sur le manuel (de cette manière les partisans de l’exploitation didactique de la littérature s’exposent au reproche de faire un cours de littérature à la place d’une leçon de langue). Les deux sont à éviter, il serait raisonnable de chercher une troisième voie qui pourrait joindre les points positifs des deux approches. Les activités en classe se focaliseraient sur les contenus linguistiques ainsi que sur l’indication de certains phénomènes artistiques et historiques. L’essentiel serait de sensibiliser les élèves à la possibilité et l’utilité de formuler des opinions personnelles à propos de la littérature : le caractère personnel et individuel de celles-ci, tout maladroite que puisse être leur expression, est d’une importance capitale. L’exploitation didactique de la littérature devient de cette manière un élément d’une stratégie éducative complexe qui se pose comme objectif l’autonomisation de l’apprenant, son épanouissement intellectuel et psychologique. Il est tout aussi important que les concepteurs de ← 9 | 10 → démarches didactiques et didacticiens eux-mêmes n’oublient pas que les résultats de l’enseignement de la littérature sont difficilement vérifiables ; il devient donc nécessaire d’adopter une attitude de sagacité pour élaborer des outils d’évaluation intelligents qui ne découragent pas les apprenants et servent d’indication aux enseignants.
Un aspect supplémentaire devrait encore être mis en pratique pour que le texte littéraire en langue étrangère soit compris et, dans une perspective plus éloignée, approprié. La réalité socio-culturelle présentée dans l’œuvre lue et analysée devrait être au moins partiellement connue aux apprenants2. Si cette condition n’est pas satisfaite, ne serait-ce qu’au degré minimal, il peut s’avérer que les apprenants ne sont pas capables d’entrevoir toutes les connotations esthétiques et culturelles de l’œuvre artistique. C’est un élément extralinguistique tout aussi important dans le processus de la perception. Les textes littéraires constituent une aide pour franchir des barrières culturelles ainsi qu’ils nous aident à nous débarrasser des préjugés concernant d’autres nations. Grâce aux textes littéraires, les apprenants peuvent mieux connaître la culture, la vie sociale, les modes de vie, l’histoire, la géographie et les coutumes du pays de la langue-cible.
Cependant l’idée d’exploiter systématiquement la littérature dans le cadre de l’enseignement – apprentissage des langues étrangères n’est pas acceptée à l’unanimité. Elle rencontre même des adversaires. Selon eux, les élèves ne sont pas intéressés par la littérature qui les ennuie ; les textes paraissent trop abstraits et la problématique soit archaïque, soit à l’opposé des intérêts quotidiens. Du point de vue linguistique les textes littéraires semblent trop difficiles, par conséquent les élèves ne les comprennent guère et ne sont pas non plus enclins à travailler plus pour venir à bout de la complexité grammaticale et/ou lexicale. En plus, selon ces détracteurs, la littérature ne faciliterait pas la communication en classe – les apprenants ne seraient pas capables, pour des raisons psychologiques (blocage) et linguistiques (manque de compétences) de prendre la parole pour se prononcer sur la littérature, et ne donnerait pas la possibilité d’introduire des exercices lexicaux ou grammaticaux de manière efficace. Le problème majeur, évoqué d’ailleurs le plus souvent en premier lieu, est celui du manque du temps : les programmes scolaires ne prévoient pas le perfectionnement des connaissances ← 10 | 11 → littéraires, ils ne permettent pas aux enseignants de lire et d’étudier la littérature en langue étrangère pendant le nombre limité de leçons hebdomadaires. L’habitude de travailler uniquement avec une méthode FLE – un manuel de langue, accompagné d’un cahier d’exercices, d’un guide pédagogique et des corrigés – facilite la réalisation des leçons et n’incite pas les enseignants à consacrer un effort et un temps supplémentaires et nécessaires à l’élaboration des activités et exercices. Les enseignants admettent par ailleurs, plus ou moins volontiers, qu’ils ne se sentent pas préparés à exploiter la littérature en classe : ils n’y ont pas été formés et ne disposent guère de supports pertinents.
Résumé des informations
- Pages
- 180
- Année de publication
- 2017
- ISBN (ePUB)
- 9783631704035
- ISBN (MOBI)
- 9783631704042
- ISBN (PDF)
- 9783653062458
- ISBN (Relié)
- 9783631670347
- DOI
- 10.3726/978-3-653-06245-8
- Langue
- français
- Date de parution
- 2018 (Octobre)
- Mots clés
- Langue française Didactique Littérature française Littérature francophone Compétence langagière Compétence culturelle
- Publié
- Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2017. 180 p., 16 ill. n/b, 8 tabl.
- Sécurité des produits
- Peter Lang Group AG