Morales et politiques postmodernes
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Table Of Contents
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sur l’auteur/l’éditeur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Tables des matières
- Avant-propos
- Culture, morale et politique
- Morale postmoderne
- Politique postmoderne
- Que faire de la culture ? Le point de vue de l’ethanalyse
- L’inhumaine condition. Sur l’idée d’humanité dans la pensée de Lyotard
- Déconstruire l’humanisme
- Rejouer la notion d’humanité
- Anamnèse
- Le sujet postmoderne: philosophie et psychanalyse
- 1. Le sujet moderne acclimatant la psychanalyse
- 2. Le sujet mortifié
- 3. D’une émancipation néo-postmoderne
- Légitimation, justice et méthodologie grammaticale
- Méthodologie langagière
- Le dire et le dit, l’il y a, une nouvelle forme de légitimation indicible
- Figure concrète de l’indicible
- Politique et postmodernité : entre micrologies et logiques hégémoniques. Lyotard&Laclau
- 1. « Post- »
- 2. Le politique sans modèle ni essence
- 3. Dissensus et antagonismes
- 4. « Juger sans critère » et « décider en terrain indécidable »
- 5. Différends ?
- Conclusions
- Le politique postmoderne et l’exclusion du social
- Pour une éthique et politique de drogue
- 1. Les grands récits
- 2. L’usage de la drogue
- L’universalité : le tiers ou la médiation par le langage ?
- 1. La politique des démons.
- 2. Justice éthique et justice politique.
- 3. Les conditions de possibilitée de la politique humaniste.
- 4. Au delà de la phénoménologie...
- La dimension politique de la pensée de Levinas et la question d’une "autre mondialisation"
- 1. Remarques préliminaires
- 2. L’actualité de la réflexion lévinasienne à l’époque de la « mondialisation »:
- 3. Entre l’égoïsme et la « tyrannie de l’universel ». La politique et l’économie comme domaines du besoin
- 4. La politique et l’économie comme résultats du désir métaphysique
- 5. Une dialectique lévinasienne de l’universel. La « médiation » du tiers
- 6. L’universel et l’altérité. L’altérité métaphysique et l’altérité empirique
- 7. Une « autre mondialisation » comme enjeu moral et politique
- Répondre de la violence (éléments pour une éthi-cosmo-politique)
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Les textes publiés dans ce recueil ont été rédigés pour ou en suite à une rencontre organisée en mai 2012 à Varsovie sous les auspices de l’Organisation francophone pour la formation et la recherche en sciences sociales (OFFRES), en collaboration avec l’Institut de Philosophie de l’Université de Varsovie, la Faculté d’Histoire et de Sociologie de l’Université de Bialystok et le Centre de Civilisation Française à Varsovie. La rencontre, qui a pris forme d’un séminaire plutôt que d’un colloque, a rassemblé un groupe de philososophes français et polonais autour du thème de la “condition postmoderne” envisagée comme une situation morale et politique du monde en cours.
Les termes “postmoderne”, “postmodernité” et “postmodernisme”, après avoir fait une entrée fulgurante dans la philosophie et dans les sciences humaines dans les années 70, notamment grâce aux écrits de Jean-François Lyotard, après avoir été, ensuite, vivement débattus dans les trois dernières décennies du XXe siècle (avec un certain retard, certes, dans les pays de l’Europe “post-communiste” par rapport aux pays comme la France), peuvent sembler, aujourd’hui, usés, sinon en train de s’éclipser. La raison ou, du moins, une des raisons en est sans doute qu’on n’est pas arrivé à leur donner un sens précis qui ne prête pas à malentendu. A force d’être employés dans des contextes très différents et avec des intentions parfois opposées, ils ont fini par devenir passe-partout, par signifier presque tout ce qu’on veut et n’importe quoi. Mais cela ne veut nullement dire que les problèmes recouverts par ces termes aient cessé d’exister. C’est bien le contraire qui nous semble vrai.
L’intention du séminaire n’a pas été de passer en revue les sens qu’on a pu donner aux termes, d’en faire le tri, d’établir “le seul bon” ou d’en chercher de nouveaux, même si le “postmoderne” laisse au moins entendre que le “moderne” connaît un autre rival que le “classique”. Ce qui a intéressé les particpants – et les auteurs de ce recueil des textes – ce sont bien nos difficultés à cerner ce qui se présente à nous comme notre situation historique, notre “condition”, qu’on l’appelle postmoderne, moderne tardive ou hyper-moderne. Autrement dit, ce qui importait, c’était de réfléchir sur “l’heure qu’il est” et, surtout, d’essayer de dégager les enjeux éthiques et politiques de cet “au-delà”, ou, pour le moins, de cette mutation de la modernité.
Mais on voulait aussi qu’une telle réflexion se déroule dans l’horizon de la pensée des “classiques du postmodernisme”, Jean-François Lyotard en tête, ou dans l’horizon des questions qui y sont, explicitement ou implicitement, posées. ← 7 | 8 → Avec, en premier lieu, celle-ci: qu’en est-il de la possibilité même de l’action politique et du jugement moral dans un monde qui apparaît, à la fois, “sans alternative” et déboussolé ? Qu’en est-il désormais du sujet de l’action et du jugement ? Ou, plus simplememnt mais plus pathétiquement aussi, qu’en est-il de l’humain ? Qu’est-ce qu’il devient ou est déjà devenu et comment peut-on encore le penser ?
Des questions plus détaillées s’ensuivent, qui sont nombreuses. On pourrait les organiser autour de plusieurs foyers. Le premier serait celui du sujet et de son autonomie : l’idée d’émancipation garde-t-elle encore un sens ? Comment déterminer les rapports qui, à la lumière de notre expérience et du savoir contemporain, relient le sujet humain d’une part à la technique, d’autre part à la nature et, plus spécialement, à l’animal ? Le deuxième serait la moralité : celle-ci peut-elle encore faire fond sur le caractère exceptionnel de l’humain ? Quel statut donner aux droits de l’homme ? Le concept de loi morale a-t-il encore un sens pour nous ? Ou bien est-ce la sensibilité seule qui nous reste pour discerner le bien du mal ? En troisième lieu, on peut se demander comment définir une politique juste: quel statut et quelle valeur donner aux différences et aux différends ainsi qu’au consensus s’il devait y en avoir un ? Qu’est-ce qu’est et pourrait/devrait être la politique aujourd’hui ? Serait-elle condamnée à n’être plus qu’une “gouvernance”, une administration, un règlement à tâtons (même basés sur les connaissances les plus précises possibles) des conflits sociaux ? Et, alors, au nom de quoi ? Celui de la simple survie d’un peuple, d’une nation, de l’humanité en tant que telle ? Celui de la “croissance”, d’un succès dans la compétition universelle, d’une “victoire sur la nature” et sur les autres prétendants au succès ? Ou bien est-il encore possible ou, pour le moins, souhaitable de fonder la politique sur le “désir métaphysique” de justice ? Et d’établir un horizon d’universalité qui ne soit pas opprimant, qui ne mène pas à l’impérialisme ou à la totalité ?
Ce n’est pas par hasard que, dans le thème de ce séminaire, les termes de “morale” et de “politique” ont été mis au pluriel. Nous suggérions par là d’emblée que, à notre “époque postmoderne”, ni l’un ni l’autre n’ont, pour nous-mêmes qui voulons y réfléchir, un seul sens. Ni de fait, ni, peut-être, en droit. C’est donc aussi, sinon surtout, sur cette pluralité des morales et des politiques possibles qu’on voulait s’interroger.
Les textes qui résultent de cette rencontre réflètent la complexité des questions et, sans doute mieux encore, la pluralité des réponses qu’on peut y donner, En effet, les auteurs présents dans ce recueil se sont attaqués de manière parfois bien différente au thème général du débat. Le lecteur y trouvera des analyses approfondies de la pensée de Lyotard, mais aussi de celle de Levinas qui, sans jamais appartenir au courant “postmoderne”, constitue cependant une des références majeures pour penser les morales et les politiques de notre temps. Il y trouvera aussi des références à bien d’autres auteurs, tels que Gilles Deleuze, Chantal ← 8 | 9 → Mouffe et Ernesto Laclau, Hannah Arendt ou Claude Lefort. Mais il y trouvera surtout une réflexion, nourrie de telles ou telles autres lectures, sur le statut du sujet, de la morale et de la politique aujourd’hui. Ces réflexions ne font pas une voix concertée. Sur certains points, elles se contredisent. Mais elles se font écho aussi, entrent en dialogue, même s’il reste implicite. C’est au lecteur de déjouer l’intrigue de ce dialogue. Et, ce faisant, de se poser à lui-même la question de ce qui en est de notre condition postmoderne.
Małgorzata Kowalska
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La philosophie de la culture est, par excellence, ce que le revirement analytique international paraît menacer de nous faire perdre. Les philosophèmes exacts de l’analyse logico-linguistique semblent peu propices à l’évaluation intelligente et intéressante de ces formations qui composent la culture : chacune recouvre des familles innombrables de textes, en telle sorte qu’il est malaisé d’en circonscrire l’essence par le biais de l’étude et de la discussion d’une collection finie de jugements. Déjà la question, pourtant très localisée au cœur du fief rationaliste, du rapport entre logique et mathématiques, ne donne pour ces raisons pas lieu à un traitement satisfaisant par la nouvelle vulgate.
De prime abord, la locution “philosophie de la culture” nous fait à vrai dire penser avant tout à Cassirer d’un côté, à Dilthey de l’autre, du moins il me semble. Cette double référence est à mon sens révélatrice de la pertinence de trois prismes en matière de philosophie de la culture : le prisme kantien, le prisme hégélien et le prisme herméneutique. C’est le second dont l’adaptation à l’objet en cause est la plus évidente : la vue dialectique autorise des parcours à prétention génétique qui mettent en série des facultés de connaître, des disciplines, des époques et des genres (la perception, la science, la Terreur, la religion et l’esthétique par exemple) ; elle semble, de la sorte, nous permettre de ressaisir la culture en portant ses solidarités et ses dispersions apparentes à un plus haut point d’intelligibilité. L’appréhension dialectique, en somme, propose de façon assez immédiate un bénéfice interprétatif à l’égard de la culture. La pensée herméneutique n’a pas directement les mêmes vertus, mais, d’un autre côté, elle paraît engagée de façon radicale dans une hypothèse culturaliste : ne postule-t-elle pas que la compréhension s’élance toujours à partir de la situation, cette dernière se déterminant de manière essentiellement culturelle ? En telle sorte que le travail de l’herméneutique serait toujours un travail dans la culture, célébrant et élucidant les modes de reprise suivant lesquels le tissu littéraire de la compréhension se complique, se ramifie et se labyrinthise. La différence de l’herméneutique par rapport à l’hégélianisme – vis-à-vis du traitement de “l’esprit objectif” – serait simplement que son approche est plus locale et renvoie plus à la saisine du sujet par les conditions de la culture. La mention de Cassirer, cela dit, indique aussi que ces deux traditions tirent sans doute le bénéfice de la mise en perspective kantienne. Montrant que la difficulté soulevée par nous tout à l’heure est à vrai dire surmontable, Kant invente une vision fondée sur l’examen de la condition de validité des jugements ← 11 | 12 → dans chaque région de la culture. La division de la philosophie en théorétique, pratique, et esthétique/téléologique apparaît, à cet égard, comme un premier acte de “philosophie de la culture”.
Details
- Pages
- 173
- Publication Year
- 2014
- ISBN (PDF)
- 9783653030389
- ISBN (MOBI)
- 9783653996234
- ISBN (ePUB)
- 9783653996241
- ISBN (Softcover)
- 9783631642665
- DOI
- 10.3726/978-3-653-03038-9
- Language
- French
- Publication date
- 2014 (July)
- Keywords
- Postmoderne Globalisierung Universalismus Legitimation
- Published
- Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2014. 173 p.